En Turquie, le secteur Bridal et Couture vise l’Europe et les Etats-Unis
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La Turquie, et plus particulièrement ses fabricants textiles, de mode nuptial et de robes du soir, se tournent de plus en plus vers les Etats-Unis et l’Europe. La baisse des cours de l’or noir affectant les valeurs pétrolières, le Moyen-Orient pourrait dans quelques temps être relayé au second plan sur les destinations d’exportation des entreprises turques.
Hormis le marché de niche de la couture, la Turquie, réputée pour son coton et sa polyviscose, reste un centre nevralgique de production pour de nombreuses entreprises européennes, servant de pont entre l’Asie et l’Europe.
À Istanbul, le CNR Fashionist a organisé, du 4 au 6 décembre au CNR Expo Yesilkoy, un salon dédié aux robes de mariées et robes du soir. Une centaine d’entreprises ont exposé leurs collections, la majorité turques, mais aussi de pays de l’Est comme l’Ukraine, la Russie ou Azerbaïdjan. Dès les premières heures, les allées du salon se sont remplies avec l’arrivée d’acheteurs nationaux et internationaux, puis les étudiants d’écoles de mode de la région, malgré une ambiance très différente à celle des salons européens. Là-bas, l’espace d’exposition est basique, voire austère. Les stands sont tous cloisonnés par de hautes paroies blanches « pour éviter que les passants ne photographient nos modèles », explique un exposant avec quelques mots d’anglais. La barrière de la langue mettant en exergue la difficulté d’acheter pour les visiteurs internationaux.
20 milliards de dollars de produits textiles exportés chaque année
Pourtant, la Turquie reste l’un des principaux pays exprtateurs de textile vers l’Europe. Isko, par exemple, est l’un des fabricants de denim les plus renommés au monde, utilisant les dernières technologies en matière d’innovation éco-responsables et fournisseur de Diesel, Replay ou Liu-Jo, entre autres.
«L'industrie du textile et du vêtement représente environ 7 pour cent du PIB de la Turquie, soit environ 80 milliards de dollars. Chaque année, les exportations turques de textiles représentent environ 20 milliards de dollars. 60 pour cent de sa production est exportée en Europe, puis en Russie, au Moyen-Orient et en Afrique. Nous importons aussi beaucoup de produits d’Asie et les reexportons vers ces régions. », explique Ali Bulut, Directeur Général de CNR Holding, l’organisateur du salon, à FashionUnited.
« Dans cette édition nous avons invité 15 acheteurs américains, les Etats-Unis devenant pour nous un marché cible pour le secteur de mode nuptial, Evening et Couture. Et malgré la situation pétrolière instable dans les pays du Golfe, notre clientèle continue à nous acheter des robes. Nous ne le voyons donc pas comme un obstacle. D’ailleurs pour 2018, la Turquie a exporté pour près de 2 milliards de dollars dans ce secteur », poursuit-il.
Pourtant, les plus grandes marques rencontrées à l’occasion, comme Kanaveci, Dori Dorca, Dressing Room ou Dilek Hanif, commencent à redessiner certaines de leurs collections en les adaptants aux goûts des européennes, avec des robes généralement plus sobres, moins volumineuses et moins chargées d’éléments décoratifs.
«Pour notre prochaine édition, notre salon accueillera davantage d’entreprises de mode nuptiale», précise Ali Bulut. Azerbaïdjan a d’ailleurs prévu d’installer un pavillon avec plusieurs marques.
Pour le manufacturier textile, Tamer Pala, propriétaire de l’enseigne Yunisan spécialisée dans le prêt-à-porter et membre de l’OTIAD (Textile Manufacturers and Businesspeople Association), la Turquie exporte 45 pour cent de sa production en Espagne et au Royaume Uni principalement dans des chaines de fast fashion, amis aussi en Allemagne et aux Pays-Bas, la Turquie étant surtout réputée pour son coton et sa polyviscose.
« Tous les ans, la Turquie organise plusieurs évènements mode ou dédiés à la couture, surtout à Istanbul et Izmir, dans le sud du pays. Cette offre diffuse confond les acheteurs internationaux, il faudrait donc pouvoir réunir ces évènements en un seul format, au moment de la Semaine du Design par exemple ».
L’Afrique aussi en ligne de mire
D’après Ceyda Erem, présidente du conseil d'administration de CNR Holding, 700 acheteurs ont été invités à l’évènement : 350 d'entre eux ont été conviés par l'Association des exportateurs de textile et de vêtement d'Istanbul (ITKIB), et les 350 autres par CNR Holding.
Concernant les marchés cibles, elle a attiré l'attention sur les pays africains, soulignant qu'ils présentaient un excellent potentiel pour la Turquie. « Il existe des régions où trois robes de mariée sont portées lors d'un même mariage. Nous nous intéressons également aux marchés de l'Extrême-Orient, de l'Asie et de l'Europe. »
Dilek Hanif, une des plus internationales
Dilek Hanif a présenté une collection sur le thème de la botanique française et japonaise. La créatrice turque, qui conçoit quatre collections par an, exporte ses robes de luxe au Moyen-Orient à travers Al Tayer, le plus grand groupe de distribution de produits de luxe dans la région et Abuissia Holding, basé au Qatar ; ces deux groupes rassemblant un total de 400 magasins. Dilek Hanif qui présentait en 2013 sa collection printemps-été à Paris dans un salon de l’hôtel Crillon, exporte aujourd’hui ses créations en Europe, notamment en Italie, en Allemagne et en France.
Photos : CNR Fashionist