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Économie circulaire: quand l'industrie textile rencontre celle du recyclage plastique

Par AFP

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Un conteneur de Greenpeace au Ghana. Image illustrative. Crédits: KEVIN MCELVANEY / GREENPEACE

Clermont-Ferrand - Jusqu'à présent, nos vêtements en polyester finissaient incinérés ou en décharge. Depuis deux ans toutefois, une start-up de Clermont-Ferrand installée sur une friche de Michelin se présente comme la seule au monde à pouvoir recycler biologiquement les fibres synthétiques, afin qu'elles puissent servir à tisser de nouveaux fils.

C'est sur un terrain libéré par Michelin qu'on visite le démonstrateur industriel de Carbios, en cours de finalisation. La jeune société s'apprête à recevoir sa première tonne de vêtements en polyester à recycler, collectés par une start-up parisienne, Weturn.

"Jusqu'à présent, il n'existait pas en France de solutions de recyclage enzymatique; tous les polyester qu'on collectait étaient détruits. Il n'y avait pas d'autres solutions. C'était valorisé en énergie", c'est-à-dire brûlé, explique Sophie Pignères, fondatrice de Weturn, présente vendredi dernier lors d'une visite en présence du ministre de l'Économie Bruno Le Maire.

L'objectif est de remplacer les textiles techniques venant d'Asie, faits bien souvent à partir de bouteilles en plastique. L'idée de pouvoir véritablement recycler les vêtements fascine l'industrie du textile.

"On est le secteur qui a été le premier à être mondialisé, on est le secteur considéré comme le plus pourri de la planète, on va montrer que c'est possible de faire des textiles en économie circulaire, accessibles et vertueux. On va montrer l'exemple!" s'exclame Éric Boël.

Il dirige Nouvelles Fibres Textiles, une usine basée à Amplepuis (Rhône). Son but: tisser les maillons d'une chaîne de recyclage du textile synthétique, le célèbre polyester qui s'entasse dans les décharges. Sa molécule de base est identique à celle des bouteilles d'eau minérale, le polythéréphtalate d'éthylène ou PET.

"La boucle est bouclée"

Depuis deux ans, l'usine de tri automatisé de textile en fin de vie de M. Boël alimente en polyester usagé le démonstrateur de Carbios, où des enzymes vont décomposer les molécules complexes de PET.

Actuellement, moins de 1% des tissus qui composent nos vêtements sont recyclés pour en faire de nouveaux, selon la Commission européenne. Seuls 22% sont collectés pour être réutilisés ou recyclés - essentiellement en chiffons, rembourrages ou isolants, mais quasi jamais en nouvelles fibres permettant de refaire des vêtements en polyester.

Weturn s'est spécialisée dans le sauvetage de la destruction des textiles inutilisés, des stocks dormants et de "tout ce qui était autrefois incinéré pendant des décennies partout dans le monde" souligne Sophie Pignères.

Depuis la loi AGEC sur l'économie circulaire adoptée début 2020, Weturn collecte les invendus du secteur du luxe ou du milieu de gamme, aidant les marques à se mettre en conformité avec la loi anti-gaspillage qui interdit la destruction des invendus.

Les textiles sont récupérés, triés puis envoyés vers les filières de recyclage, selon la matière. Jusqu'à présent, l'entreprise refusait le polyester, parce qu'"on ne savait pas le traiter".

Son rapprochement avec Carbios devrait permettre de combler le fossé. "On peut collecter 20 tonnes de polyester par an" dit-elle.

En bout de chaîne, les textiles deviendront de nouveaux fils pour développer de nouvelles collections de textile, à usage technique, extérieur ou bagagerie. Puis elle les vendra à leurs clients d'origine, ceux dont sont issues les matières recyclées: "la boucle est bouclée" souffle Sophie Pignères.

"On franchise des enzymes"

Fin 2025, Carbios lancera sa première usine grandeur nature, à Longlaville, en Meurthe-et-Moselle avec le géant mondial du PET Indorama. D'ici 2027, l'entreprise espère traiter 50.000 tonnes de déchets par an.

Ensuite, "au lieu d'acheter de la matière première pétrosourcée, les entreprises vont acheter de la matière première de Carbios. Notre première usine va être rapidement saturée en termes de production, il va falloir qu'on en monte rapidement d'autres", prévoit Emmanuel Ladent, directeur général de Carbios.

"On a prévu de licencier la technologie. Des gens vont acheter la technologie pour monter eux-mêmes des usines, on a pas mal de discussions en cours pour ces licences avec des partenaires du plastique et du déchet, français et mondiaux": "Le modèle Carbios, c'est un peu Mc Donald's, sauf que nous, on franchise des enzymes et une technologie". (AFP)

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