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Ecoles de mode: comment améliorer l'enseignement de la mode en France?

Par Herve Dewintre

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Mode

Dans son rapport « La mode : industrie de créativité et moteur de croissance » remis et présenté à Emmanuel Macron et Fleur Pellerin le 15 décembre dernier lors de la tenue du comité stratégique de filière (CSF) Mode et luxe du conseil national de l’industrie, Lyne Cohen-Solal a balayé l’évolution récente du secteur et a organisé son analyse autour de trois problématiques majeures : 1/ la formation aux métiers de la mode, 2/ l’écosystème de la mode et 3/ le financement des entreprises de mode, et notamment celles des créateurs indépendants improprement nommés « jeunes créateurs ».

Pour chacune de ces problématiques, Lyne Cohen-Sohal a établi non seulement un diagnostic (parfois sévère, voir notre article « Quels sont les grands problèmes qui paralysent le secteur de la mode française ? » ) mais a également énuméré des propositions d’actions, des procédures . Actions et procédures dont il faut noter qu’elles ne devraient pas engendrer de « dépenses supplémentaires sensibles » pour le budget de l’Etat grâce notamment à une nouvelle orientation des fonds rassemblés par le DEFI vers le financement de certains actions et initiatives jugées prioritaire. Voici la première partie des actions et procédures suggérées par le rapport concernent l’enseignement de la mode.

Créer une « plateforme des écoles de mode françaises publiques et privées »

Une partie importante du rapport concerne les problèmes liés à l’enseignement. Lyne Cohen-Solal, n’a pas seulement énuméré ces problématiques mais a aussi dressé une liste de propositions pour améliorer ce secteur. Première proposition : la création d’une plate-forme des écoles de mode françaises publiques et privées : Lyne Cohen-Solal cite l’exemple du projet de plateforme élaborée par une quinzaine d’écoles italiennes autour de ces trois principaux objectifs : la participation aux concours, l’organisation d’une semaine de la mode avec toutes les écoles (en juin, pendant la semaine de l’homme, en partenariat avec la Chambre de la mode italienne), la certification de la qualité des écoles et les relations institutionnelles, pour porter les revendications des écoles d’une seule voix(par exemple concernant le statut des professeurs, les visas des étudiants étrangers...). Un financement professionnel ou public pourrait accélérer et encourager cette mise en synergie.

Deuxième proposition : la clarification (et la simplification) des parcours professionnels, entre BTS, bac pro, DSA, DMA souvent illisibles, même pour les candidats les plus motivés. En ce sens, le ministère de l’Éducation Nationale a chargé Madame Brigitte Flamand, inspectrice générale, de faire des propositions de simplification à court terme pour des parcours plus « rectilignes » dans ces secteurs. Troisième proposition : l’ajustement des formation techniques aux besoins des sous-traitants et industriels par bassins d’emploi à l’image du système Trans’faire dans le Choletais et le grand Ouest qui a révélé son efficacité pour favoriser le retour à l’emploi de plus de 500 personnes. L’extension de ce dispositif, dans le cadre d’une campagne nationale élargie, à d’autres bassins d’emplois, doit se réaliser sous la houlette des régions, compétentes pour la formation professionnelle, en concertation avec les employeurs.

Creation d’un campus mode.

La quatrième et cinquième proposition concernent respectivement le fait d’encourager les marques à financer des chaires de recherche sur la mode à l’université à l’image de celle que vient de signer LVMH avec HEC, ou celle de Première Vision avec IFM (voir notre article correspondant “Premiere Vision et IFM s’associent pour une chaire” ), et la mise en place d’un « Campus Mode » (avec toutes les ressources de formation, lieux d’apprentissage, bourses de données, résidences, incubateurs) pour le Grand Paris sous la responsabilité d’une commission formation du DEFI en liaison avec l’APUR, l’IAURIF, l’association des écoles, l’éducation nationale et les écoles d’art.

Création de plusieurs masters de création de mode.

Enfin, dernière proposition et non des moindres: la mise en place, à court terme, d’un ou plusieurs masters de création de mode en France. En effet, ce niveau de Bac + 5 n’est actuellement envisagé que pour les matières managériales, de gestion ou de business mode. Une révolution dans notre pays « que de voir officiellement la Mode reconnue comme matière d’enseignement, de diplôme, de recherche par et dans notre enseignement supérieur » puisque, actuellement par exemple, « certains étudiants ont du accomplir un parcours du combattant pour faire accepter leur travail sur de grands artistes de mode, comme Yves Saint Laurent, reconnus par tous sauf par l’Université ».

Trois parcours seraient envisageables. Deux seraient entièrement publics : l’un autour de l’ENSAD qui permettrait de construire un premier cercle avec l’Ecole des Mines et l’Université de Dauphine. Ce serait la préfiguration d’une grande école de mode publique qui pourrait accueillir des candidats au Master dès septembre 2016 ; l’autre s’appuierait sur la formation donnée par l’école Duperré pour passer ensuite l’examen de Master à Paris 3-Sorbonne Nouvelle. Les préparatifs de ce parcours, largement entamés, pourraient déboucher sur trois spécialisations dès la rentrée 2016. Concernant le privé, il faudrait une habilitation (donnée par une Commission sur le type de celle qui existe pour les écoles de commerce) par l’Enseignement Supérieure, de quelques écoles privées volontaires à conférer le grade de master à Bac + 5.

Enfin, dernière réflexion apportée par Lyne Cohen-Solal sur la problématique de l’enseignement , cette fois-ci dans le cadre de la création d’entreprise. Le rapport note: “pour construire leur projet d’entreprise, les créateurs ont besoin d’avoir des connaissances, notamment en management, qu’ils n’ont pas forcément acquises au cours de leurs études techniques. A défaut, ils auraient besoin de rencontrer un spécialiste dans la gestion d’une entreprise créative pour créer un « binôme » efficace, voire un futur associé ». Il faut noter que ce genre de rencontre est parfois organisée au sein des écoles : c’est le cas notamment du groupe Esmod International qui à Paris, met en place de nombreux liens entre ses deux entités Esmod pour la création, et Isem pour le business. De cette manière les étudiants du programme « Styliste Designer Mode », quelque soit la spécialité (mode femme, accessoire, enfant, maille, luxe etc) sont régulièrement associés aux étudiants Fashion Business qui suivent le programme de stratégie commerciale et de communication mode, et cela jusqu'aux jurys de fin de cycle durant lequel les étudiants présentent leur projet en binôme: un étudiant de troisième année du cursus création pour un étudiant de post graduate Isem pour le cursus business. Un exemple à suivre pour ancrer le créateur de mode dans la réalité commerciale de l'entreprise et le préparer aux multiples impératifs (faisabilité, commercialisation, financement) qu'il aura à affronter lors de la création de sa marque.

Photos: Jury Esmod durant lequel les étudiants présentent leur projet en binôme: un étudiant "Création" pour un étudiant "Business". Photo Herve Dewintre.

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