Dior revisite le New Look dans l'esprit british et féministe
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Comment porter le New Look, l'essence du style Dior en 2019? La créatrice italienne de la maison Maria Grazia Chiuri lui a donné un twist féministe en s'inspirant des Teddy Girls, la contre-culture chic anglaise des années 1950.
Des hauts moulants à col lavallière portés avec de larges jupes grises en tissus de costume masculin, chaussures à talon kitten heel à bout pointu enfilées sur des chaussettes et chapeaux bucket, imprimés à carreaux: la collection présentée à Paris est irrésistiblement rétro et british.
Les murs du pavillon au musée Rodin, qui accueille au premier rang l'actrice Jennifer Lawrence, les mannequins Karlie Kloss, Natalia Vodianova, Cara Delevingne et la militante des droits de l'homme nicaraguayenne Bianca Jagger, sont couverts de lettres composées de corps de femmes nues.
L'auteure de cet alphabet est Bianca Menna, 87 ans, l'artiste italienne qui a pris un pseudonyme masculin Tomaso Binga pour mieux se faire entendre dans le monde de l'art, donne le coup d'envoi en déclarant en italien: "En tant que femmes et féministes nous devons nous gérer nous-mêmes et cette révolte sera notre victoire silencieuse".
Solidarité féminine
Elle est flanquée de deux mannequins en T-shirt sérigraphiés sur lesquels il est écrit "Sisterhood global" et "Sisterhood is Powerful" en hommage aux oeuvres de la féministes américaine Robin Morgan qui célèbrent le concept de sororité.
"La mode a cette idée de soutenir la femme dans toutes les situations, il faut faire des collaborations avec d'autres femmes artistes pour produire un effet au niveau international", explique à l'AFP Maria Grazia Chiuri qui avait déjà fait des collaborations avec une troupe d'acrobates féminine et une chorégraphe.
"Aujourd'hui la mode est un acte politique. Les gens veulent qu'il y ait des valeurs auxquelles ils croient derrière les vêtements, sacs et chaussures qu'ils achètent. Les miennes c'est de donner une plus grande visibilité aux artistes, il est plus facile pour elles de se faire entendre par la mode, cet univers pop, que par les canaux institutionnels", ajoute-t-elle.
La collection rend hommage aux liens qui unissaient Christian Dior avec la Grande-Bretagne. Sa fameuse cliente, la princesse Margaret, avait porté en 1951 une robe Dior pour le portrait officiel à l'occasion de son 21e anniversaire.
Pour réinterpréter les années 50 et le New Look, Maria Grazia Chiuri s'est inspirée du mouvement de Teddy Girls "qui a vécu ces années totalement différemment" en mélangeant des vêtements édouardiens avec des jeans et des blousons de cuir.
Silhouettes "moins bourgeoises"
Elle a allégé les silhouettes pour les rendre "moins bourgeoises" et remplacer les tissus lourds par des matières "techniques" pour une touche sportswear.
"Les femmes modernes doivent pouvoir mettre ces vêtements dans une valise et voyager", explique-t-elle.
Certaines longues jupes en toile de jouy aux motifs tropicaux sont ouvertes, d'autres plissées sont en dénim ou en résille ou transparentes et brodées. La taille est bien marquée avec des ceinture ou une sorte de corsets qui se portent le jour avec des T-shirt pour dédramatiser le look.
Le sportswear est très présent dans la collection comme des blousons noirs de motards réalisés avec des tissus innovants qui font référence à ceux faits par Yves Saint Laurent pour Dior, en crocodile, et qui ont révolutionné la mode.
La pièce forte est l'interprétation des capes dessinées par Christian Dior qui se portaient avec des robes du soir.
"Mettre une cape de satin serait impensable, ce n'est pas dans mon attitude de femme et ce serait difficile pour qui que ce soit, cela me paraissait intéressant de relever le défi", a souligné Maria Grazia Chiuri.
Transformé en manteau de tous les jours, frangé à carreaux rouge-noir ou vert-noir ou matelassé, il se porte aussi bien avec un jean que sur une robe du soir. (AFP)
Fotos: Christian Dior