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Christian Dior embrase Venise avec le Bal Tiepolo

Par Herve Dewintre

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Les aficionados de Christian Dior connaissent parfaitement le Palais Labia à Venise. C’est en effet dans ce vaste palais construit en pierre d’Istrie à la fin du XVIIe siècle que le milliardaire Charles de Beisteigni organisa le « bal du siècle » en 1951. Ce collectionneur d’art français, petit-fils de propriétaires de mines d’argent mexicaines avait acquis le lieu trois ans auparavant pour « se souvenir dans un monde où l’amnésie devenait la norme ». Un véritable plan Marshall de l’imaginaire et de la somptuosité. Cocteau s’était intéressé à l’évènement : « Beistegui a refusé huit millions des Américains pour filmer le Bal ». Ce soir-la, l’heureux propriétaire du palais était juché sur de grandes échasses, coiffé d’une perruque, figurant une sorte de procuratie d’Opéra Comique.

Christian Dior dît plus tard : « ce fut la plus belle soirée que je vis et verrai jamais. La splendeur des costumes égalait presque les atours triomphants des personnages de Tiepolo peints à fresque sur les murs. Toute la profondeur de la nuit italienne plaçait ce spectacle nocturne hors du temps». C’est en souvenir de cette soirée que le couturier, au moment d’écrire ses mémoires énonça sa philosophie des fêtes : « Les fêtes de cet ordre sont de véritables oeuvres d’art. Elles sont souhaitables, nécessaires, importantes si elles redonnent le gout et le sens des réjouissances populaires authentiques ». Le couturier prit part à la fête aux cotés de Salvador Dali. Ils conçurent tous deux les costumes blancs et noirs des géants. Leur arrivée chorégraphiée annonçait le début des festivités.

Donnée à l’occasion de l’ouverture de la Biennale de Venise, au profit de la restauration et de la promotion du patrimoine culturel vénitien, Le Bal Tipeolo est un hommage à cette philosophie. Il a été célébré ce 11 mai par la maison Christian Dior, aux cotés de la fondation Venetian Heritage, organisation internationale à but non lucratif située à Venise et à New York, dont le chairman est l’architecte Peter Marino. Cette organisation internationale dirigée par Toto Bergamo Rossi encourage tous les projets culturels de Venise. Elle propose également de parrainer et de promouvoir, pour mieux le préserver, le patrimoine de la ville. Parmi ses projets les plus importants figurent la restauration des façades de l’église des Jésuites et de l’église San Zaccaria (l’un des plus beaux exemples de l’architecture du début de la Renaissance vénitienne), ou encore, plus récemment, la rénovation du splendide retable gothique en argent doré de l’église San Salvador.

Une collaboration avec deux manufactures textiles vénitiennes : Bevilacqua et Rubelli

Ce gala renoue avec l’âge d’or baroque de Venise. Il était dédié à la mémoire des fresques du peintre Giambattista Tiepolo. Prestigieuses collaboratrices de cet événement : Bevilacqua et Rubelli, deux vénérables manufactures textiles vénitiennes. Elles ont collaboré avec la Maison, notamment pour la recherche des tissus, certains d’entre eux provenant d’archives datant du XIXe siècle, ainsi que pour l’élaboration de velours originaux qui ont habillé les créations haute couture de Maria Grazia Chiuri. La Directrice Artistique s’est inspirée, pour l’occasion, des tableaux du peintre vénitien Pietro Longhi.Des robes de bal surmontées de capes, créées exclusivement pour quelques personnalités et amies de la Maison, à l’instar de Karlie Kloss, Sienna Miller et Dasha Zhukova, ont pris vie dans ces tissus raffinés.

Autre merveille de la soirée : les nappes du diner. Elles étaient signées par la maison de textile Fortuny. Ces célèbres tissus sont produits aujourd’hui encore dans son usine historique, fondée il y a un siècle, sur l’île de la Giudecca, à Venise. Ils proviennent de la collection incomparable d’archives, anciennes et contemporaines, de cette institution vénitienne. La Directrice Artistique de Dior Maison, Cordelia de Castellane, a également imaginé une série d’assiettes inédites mettant en scène les thématiques de chaque table. Signalons enfin les performances qui ont émaillé la soirée : des tableaux mouvants orchestrés par des danseurs et des échassiers, le tout sublimé par les costumes lumineux des performeurs conçus par Maria Grzia Chiuri et l’artiste italien Pietro Ruffo. Les fonds recueillis lors de cette soirée financeront la restauration de l’escalier monumental de l’architecte Mauro Codussi dans la Scuola Grande di San Giovanni Evangelista (édifice de la confrérie chrétienne du XIIIe siècle) et de la fresque emblématique Castigo dei Serpenti du peintre Giambattista Tiepolo dans les galeries de l’Académie de Venise.

Crédit photo : Dior, dr

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