Cap sur Paris pour la mode masculine, agitée par des soupçons de harcèlement sexuel
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Après Milan, les défilés de mode masculine débutent mardi soir à Paris, au moment où l'industrie est ébranlée par la mise en cause de deux photographes vedettes, accusés de harcèlement sexuel par des mannequins hommes.
Ces accusations visant Mario Testino et Bruce Weber, parues samedi dans le New York Times, ont conduit le groupe de presse Condé Nast, qui publie notamment Vogue, à suspendre ses liens avec les deux photographes. Le groupe de presse et des grandes marques de mode avaient annoncé en octobre qu'ils ne travailleraient plus avec un autre photographe star, Terry Richardson, soupçonné depuis des années de harceler sexuellement ses mannequins.
Le mannequin Christopher Cates, qui sur Instagram a raconté avoir été enjoint à se dénuder par Bruce Weber pour des exercices respiratoires lors d'une séance photo, a appelé dans le Women's Wear Daily (WWD), publication de référence dans la mode, ses confrères victimes de harcèlement sexuel à parler. "Nous ne pouvons plus prétendre être épargnés par les abus sexuels", a-t-il écrit, en concluant: #MENTOO (les hommes aussi), reprenant le désormais célèbre #Metoo né dans la foulée de l'affaire Weinstein.
Une initiative qui pourrait délier des langues chez les mannequins hommes, alors que nombre d'entre eux s'apprêtent à fouler les podiums parisiens à partir de mardi soir. Au total, 55 défilés et 30 présentations sont prévus en différents endroits de la capitale française jusqu'à dimanche inclus, pour ces collections automne-hiver 2018-2019 de mode masculine, même si de nombreux shows sont mixtes et incluent aussi des collections femme.
Palomo Spain en ouverture
A côté des grands noms du calendrier (Dior, Vuitton, Valentino, Hermès, etc.), une série de jeunes marques font leur apparition cette saison dans le programme officiel, dont la griffe espagnole Palomo Spain, qui ouvre le bal mardi.
Le show est particulièrement attendu. Lancée en 2015 par le créateur Alejandro Gomez Palomo, la marque s'est fait connaître avec son style théâtral et chargé d'érotisme, qui brise les frontières entre les vestiaires masculin et féminin en introduisant volants, robes et fleurs dans la garde-robe de l'homme, et évoque l'univers de Pedro Almodovar.
Le créateur, qui a auparavant défilé à Madrid et New York, avait bénéficié d'un gros coup de projecteur quand Beyoncé avait porté l'une de ses robes pour présenter ses jumeaux nouveaux-nés à ses quelque 110 millions d'abonnés sur Instagram, en juillet 2017. Au total, des créateurs et marques de 16 nationalités se côtoient dans le programme officiel organisé sous la houlette de la Fédération de la haute couture et de la mode.
La mode masculine cédera ensuite la place aux défilés de haute couture, du 22 au 25 janvier. La dernière journée des défilés homme, dimanche, sera marquée aussi par l'inauguration d'une exposition dédiée à Azzedine Alaïa, dont la disparition le 18 novembre a bouleversé le monde de la mode. Intitulée "Je suis couturier", l'exposition se tiendra jusqu'au 10 juin au 18 rue de la Verrerie à Paris, l'adresse où vivait et travaillait Azzedine Alaïa. Elle se compose de 35 pièces choisies par l'historien Olivier Saillard, qui avait signé la première rétrospective sur le travail du couturier en 2013 au Palais Galliera à Paris.
Une autre exposition sera par ailleurs consacrée au couturier à Londres, au Musée du design, du 10 mai au 7 octobre. (AFP)