Au Nigéria, Naomi Campbell suscite le lancement de Vogue Afrique
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Plus de 5 milliards de dollars chaque année, soit environ 3 pour cent du marché mondial. C’est le poids actuel du secteur du luxe en Afrique qui devrait encore progresser de 30 pour cent d’ici cinq ans, dopé par une population jeune, une classe moyenne en hausse et une élite très connectée. En 2016, le luxe en Afrique du Sud générait déjà 2,3 milliards de dollars, devant le Kenya, le Nigeria et Angola.
Au Nigéria, l'industrie de la mode aurait un potentiel sous-exploité qui pourrait même prendre la relève de l'or noir. « Je la vois comme une alternative au pétrole, à condition que le secteur privé et le gouvernement soutiennent davantage cette industrie à croissance rapide qui peut aider à surmonter le chômage des jeunes », expliquait il y a quelques temps Ronke Ademiluyi, la fondatrice de l'Africa Fashion Week Nigeria (AFWN) au journal Le Point.
Comme dans plusieurs pays d’Afrique, le Nigéria multiplie les évènements mode depuis une dizaine d’années, souvent issus d’organisations privées : l'Africa Fashion Week Nigeria (AFWN), la Heineken Lagos Fashion & Design Week, la Guaranty Trust Bank Fashion Week-end, Arise Fashion Week et même la Men’s Fashion Week Nigeria, entièrement dédiée aux collections pour hommes.
Vogue Afrique, dans les projets de Condé Nast ?
Le dernier évènement en date, Arise Fashion Week (créé à Londres en 2010), qui a eu lieu du 30 mars au 2 avril au Lagos Continental Hotel –après s’être accordé une pause de six ans- a reçu une forte projection internationale. Parmi les 45 créateurs issus de 15 pays dont l’Afrique du Sud, le Botswana, la Tanzanie, l’Uganda, le Kenya, le Ghana, la Côte d’Ivoire, le Sénégal, la France, le Maroc, le Royaume-Uni, les Etats-Unis où les Caraibes, Naomi Campbell a défilé pour trois d’entre eux : Lanre Da Silva Ajayi et Tiffany Amber du Nigéria et KLûK CGDT d’Afrique du Sud.
La top model londonienne a également fait valoir ses racines en lançant un appel d’urgence à Condé Nast, la maison d’édition de Vogue. «Vogue Arabia a été lancé dans le Golfe Persique l’an dernier. Vogue Afrique devrait être la prochaine étape. », a-t-elle déclaré à Reuters. « L’Afrique n’a jamais eu l’opportunité d’avoir un magazine international implanté dans le continent, alors que ses créations et son artisanat ont déjà fait le tour du monde. Il faut faire changer les choses. »
Si aujourd’hui le Nigéria tire encore 75 pour cent de ses revenus du pétrole, l’écosystème de la mode commence à voir des retombées économiques prometteuses, notamment sur le taux de chômage. Malgré tout, si celui-ci atteint les 9,9 pour cent, il monte à 45 pour cent parmi les diplômés. « Beaucoup de stylistes qui défilent à l’AFWN sont diplômés en médecine, en droit, en ingénierie ou en architecture mais ne trouvent pas de travail dans leur domaine. Il se convertissent en créateurs de mode pour s’assurer un avenir meilleur », poursuivait Ronke Ademiluyi.
La Tanzanie et le Botswana, nouveaux foyers à millionnaires
Pour Coralie Omgba, fondatrice du site Magnates Place et spécialiste du marché du luxe en Afrique, Le luxe ne concerne pas seulement la mode et les accessoires mais aussi la joaillerie, l’art de vivre, avec la fréquentation en hausse des palaces, ou encore l’acquisition de jets privés. Si Le Maroc et l’Egypte constituent les marchés les plus stables, « la Tanzanie et le Bostwana sont également des foyers à millionnaires dont on entend très peu parler », indiquait-elle à Jeune Afrique.
Parmi les marques à avoir récemment ouvert leurs boutiques sur le continent, on retrouve Gucci, Hugo Boss, Prada, Jimmy Choo ou Dolce & Gabbana. D’autres marques plus frileuses comme Christian Louboutin, Rolex, Ulysse Nardin, Chopard ou Balenciaga ont choisi d’ouvrir un corner dans les nouveaux mall d’Accra, de Lagos ou Abidjan ou au sein de grands magasins.
Pour sa campagne Printemps/Eté 2017, Kenzo faisait escale au Nigéria pour réaliser un court-métrage. À cette occasion, la maison avait convié Akinola Davies Jr, la photographe Ruth Ossai et le styliste Ibrahim Kamara à participer. Les artistes ont contribué à la production du court-métrage Gidi gidi bu ugwu eze (L’union fait la force) mettant en avant les créations de Kenzo en harmonie avec la culture et les traditions igbo.
Photo : Jean-Baptiste Lacroix / AFP / Vidéo : Kenzo SS2017.