Après Moncler, Fusalp et Rossignol veulent séduire les citadins
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Après Monclerc et ses doudounes de luxe, Fusalp et Rossignol cherchent à s'ancrer sur le marché porteur du sportswear chic urbain, un nouveau défi pour ces marques emblématiques du ski français, partenaires de la mythique équipe olympique des années 1960-70.
Rossignol, basé près de Grenoble, a présenté dimanche, lors de la Fashion Week de Milan, sa première collection conçue par Rossignol Apparel, sa filiale spécialement créée en 2015 pour développer ses activités textile, qui se limitaient jusqu'alors à des vêtements (blousons, gants...) accompagnant la pratique du ski. Rossignol est "une marque qui existe depuis plus de 100 ans", qui "est numéro un mondial" du ski alpin (22 pour cent de parts de marché), souligne dans un entretien à l'AFP le PDG de cette filiale, Alessandro Locatelli, en expliquant vouloir faire vivre "cet ADN" dans la ligne textile. "La marque Rossignol, c'est l'innovation: c'étaient par exemple les premiers skis en fibre de verre. Sur les vêtements, on va appliquer cette soif de recherche", notamment "sur la technicité de la matière et l'attention apportée aux détails", ajoute-t-il.
Alessandro Locatelli, qui a travaillé pour de grands noms du luxe comme Pierre Balmain, a décliné la collection en trois gammes: une destinée au ski, une autre "sport chic" pour "le ski et l'après-ski", et une troisième, destinée à la ville, avec un désir de proposer des vêtements toute l'année, y compris l'été. La collection urbaine joue beaucoup sur le bi-matières, avec le coq de son célèbre logo retravaillé dans un nuancier de fils. Pour appuyer son développement, Rossignol a commencé à ouvrir de nouvelles boutiques dans des stations prestigieuses des Alpes, de Megève à Saint-Moritz.
"Convergence entre mode et sport" pour Fusalp et Rossignol
Une stratégie également adoptée par Fusalp, qui a lancé cet hiver sa première collection prêt-à-porter destinée à un usage urbain et qui a récemment ouvert des boutiques à Séoul et dans le Marais, à Paris, ainsi que trois corners au Japon. "Une convergence très forte est en train de s'opérer entre l'univers du sport et celui de la mode" au profit du consommateur urbain, explique à l'AFP le directeur général de Fusalp, Alexandre Fauvet. "En permanence en mouvement", passant du vélo au métro, le citadin a "besoin plus que jamais d'un vestiaire composé de vêtements à la fois fonctionnels" et élégants, estime-t-il. D'où cette nouvelle ligne, qui met l'accent sur la coupe - un retour au source car "les fondateurs de Fusalp étaient des tailleurs" - avec "l'utilisation des matières techniques et du stretch", qui "permettent l'aisance et le mouvement", ajoute M. Fauvet. Et de rappeler que Fusalp, fondé à Annecy (Alpes françaises) en 1952, a développé les premiers fuseaux en stretch, un produit qui lui a donné son nom.
Reprise fin 2013 par les petits-enfants de René Lacoste, fondateur de la célèbre marque au crocodile, Fusalp a "des ambitions fortes" en termes de développement. Ses ventes ont augmenté de 22 pour cent sur la saison 2014-2015, à quelque 8 millions d'euros, et "sur trois ans, nous espérons doubler le chiffre d'affaires", souligne son directeur général. Tout comme Rossignol, qui fournissait les équipements, et Moncler, les anoraks, Fusalp était partenaire de la mythique équipe de France de ski de 1968, celle de Jean-Claude Killy et Marielle Goitschel. Autres points communs: ces marques, dont le logo arbore toutes un coq tricolore, ont connu un temps de sérieuses difficultés.
Moncler, né lui aussi près de Grenoble, a été le premier à se lancer sur le créneau urbain, ses doudounes de luxe, aux coupes très étudiées, séduisant jusqu'aux stars. Un coup de flair de l'Italien Remo Ruffini, qui a racheté en 2003 la marque au bord de la faillite et lui a fait connaître un développement fulgurant. Ses ventes, alors inférieures à 50 millions d'euros, ont ainsi atteint 694 millions en 2014. La marque s'est diversifiée dans les chaussures, la maille, les accessoires et sa "gamme bleue" crée régulièrement l'événement à la Fashion Week. (AFP)