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Adaptive wear, la nouvelle mode active, un marché encore inexploité

Par Jackie Mallon

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Au cours du Sommet sur l'éducation à la mode du CFDA de cet été, un panel intitulé « Inclusivité + Diversité - Taille x Capacité » a mis en lumière les groupes minoritaires encore en marge de l'industrie de la mode et ce qui doit être fait à ce sujet.

Les statistiques montrent une augmentation de 20 pour cent du nombre de personnes handicapées parmi les millennials, qui devrait augmenter avec chaque nouvelle génération, et selon le Council for Disability Awareness, plus d'un jeune de 20 ans sur quatre d'aujourd'hui deviendra handicapé avant sa retraite. Certains rapports suggèrent même que les Jeux paralympiques remplaceront les Jeux olympiques simplement en raison de l’augmentation du nombre d'athlètes potentiels.

En réalité, il est beaucoup plus facile de trouver des vêtements pour votre chien que pour les personnes handicapées et cela doit changer

Mindy Scheier, Runway of Dreams

En 2014, Scheier a fondé la Runway of Dreams Organization, déterminée à rendre l'industrie de la mode plus inclusive pour les personnes handicapées. Créatrice de mode de métier et mère d'un enfant atteint de dystrophie musculaire, elle a vu son organisation lancer sa toute première collection de vêtements adaptés avec Tommy Hilfiger en 2016, et est maintenant encouragée par le fait que Target, Kohls, Zappos, œuvrent pour s'adapter.

« C'est tellement plus qu'une question de vêtements, c'est une question de confiance en soi, c'est un sentiment de bien-être », dit Scheier, dont le fils, Oliver, va à l'université et peut jouer au basket mais doit lutter pour s'habiller et fermer le bouton d'une chemise.

Lucy Jones, fondatrice de Ffora, était encore étudiante à Parsons lorsqu'elle a reçu un mandat pour concevoir une solution qui changerait un jour le monde. Elle s'est tournée vers un membre de sa famille atteint de paralysie cérébrale qui, lorsqu'il lui a révélé tous les défis quotidiens avec lesquels il vivait, l'a aidé à réaliser qu'il y avait tout un tas de gens que la mode ne représentait même pas. Ironiquement, sa proposition ne correspondait pas tout à fait au programme de l'école, mais heureusement, ses professeurs l'ont encouragée à continuer malgré tout. Elle a en effet continué sa collection de fin d'études « Seated Design » et maintenant, quatre ans plus tard, elle se prépare à lancer l'une des premières entreprises à offrir des sacs et accessoires qui se fixent aux fauteuils roulants.

La forme suit la fonction ; le design s’adapte au corps

L'acceptation grandit et le progrès se fait, mais c'est souvent grâce à ceux qui ont fait le travail de fond en raison de leur investissement personnel dans la cause. Le premier petit mannequin au monde, dont les mensurations reprennent la silhouette de l'infatigable Sinéad Burke, est actuellement présent dans l'exposition « Body Beautiful : Diversity on the Catwalk » du National Museum of Scotland, dans une tenue signée Christopher Kane. Le mannequin, conçu à partir de moulages de son corps, sera bientôt disponible à la vente chez les détaillants.

Mais tous les designers et créateurs issus du panel ne souffrent pas nécessairement d'handicaps et ne sont donc pas membres de la communauté pour laquelle ils œuvrent, un fait en soi qui peut créer des conflits. « Ça m'empêche de dormir la nuit » , confie Lucy Jones. « Je ne veux pas prendre la voix de quelqu'un qui a besoin d'être entendu. Qui suis-je pour en parler ? Mais il s'agit de collaboration, de s'assurer que l'on sait comment on se positionne, d'élever ceux avec qui l'on travaille. » Son but est de créer des postes de leader. Elle réprimande gentiment un ami tétraplégique qui croit que parce qu'il ne peut pas dessiner, ne peut pas designer : « À notre époque, nous pouvons communiquer des idées de différentes manières. Il s'agit de mettre en pratique ce que vous prêchez afin que cette représentation se reflète dans tous les aspects. »

Selon Scheier, il est essentiel de comprendre le marché cible. « Je ne connais ce monde qu'à travers Oliver et de manière intime. Mais je crée en tant qu'humain pour d'autres humains. Il n'y a pas un designer sur la planète qui puisse concevoir pour une personne handicapée sans écouter et apprendre de cette communauté. »

Dès le début, Jones a travaillé avec des groupes de discussion à Brooklyn et à Manhattan, à United Cerebral Palsy et à la Cerebral Palsy Foundation, tout en prenant conscience de la nature physique de la terminologie que nous utilisons pour décrire les accessoires : sac à main , sac à dos.

En développant un vocabulaire autour de sa gamme d'accessoires accessibles en fauteuil roulant, elle était consciente de la nécessité d'être plus sensible. « Certaines personnes préfèrent qu'on les appelle "handicapés", c'est une identité dont ils sont fiers, d'autres préfèrent que l'on dise "personnes handicapées" ou "personnes ayant une déficience différente". En tant que marque, nous ne voulons pas dicter le langage, mais continuer à écouter en tant que personnes qui s'identifient. » Mais, en interne, l'un des dictons préférés qu'elle et son équipe reprennent est « Vous ne pouvez pas utiliser les accessoires si vous n’y avez pas accès » .

Pourquoi ce retard dans l'exploitation de ce marché ?

Tanya Taylor, conceptrice éponyme d'une gamme de robes séduisantes disponibles dans des tailles inclusives, estime que les écoles n'ont toujours pas assez de mannequins en dehors des figures traditionnelles, ni les usines. Et si, comme elle l'a découvert, les concepteurs techniques n'ont que peu ou pas d'expérience en matière de modélisme pour les grandes tailles, il va sans dire que la conception technique pour les utilisateurs de fauteuil roulant est pratiquement inexistante.

Jillian Mercado, mannequin atteint de dystrophie musculaire, est un rare exemple de représentation du fauteuil roulant dans la mode, et selon elle, si les marques tournent le dos à ce problème, c'est par peur. « C'est naturel, les marques ne veulent pas faire ou dire la mauvaise chose, ou insulter. Mais il s'agit de s'intéresser d'abord aux gens. »

Quand elle a commencé, elle confie que la plupart des gens dans le secteur de l'éducation ne connaissaient pas l'expression « vêtements adaptés », tandis que ceux de l'industrie de la mode croyaient que les personnes handicapées constituaient un trop petit marché de niche et qu'elles n'avaient pas d'argent à dépenser ou ne se souciaient pas des vêtements. Elle s'est employée à dissiper les mythes et souligne maintenant que les personnes handicapées représentent le groupe minoritaire le plus important et aussi la seule minorité dont chacun d'entre nous fera partie à un moment donné de notre vie. C'est donc un produit au service de tous. « Un jour, l'adaptabilité ne sera plus qu'une simple adaptation au marché, dit-elle, pas différente des grandes tailles ou des petites tailles. »

L'éducation est la clé de l'avenir de l'habillement adapté

Compte tenu de la nature de l'événement, les conférenciers encouragent les établissements d'enseignement à se joindre à eux afin de planifier des programmes d'adaptation et de favoriser la compréhension en organisant des rencontres et des collaborations entre personnes handicapées et étudiants valides.

Jackie Mallon, journaliste mode, est également éducatrice et auteure de Silk for the Feed Dogs, un roman qui se déroule dans l'industrie internationale de la mode.

Cet article a été traduit et édité en français par Sharon Camara.

Photo : LucyJonesDesign.com; Kent State University collection de Kaycee Marshall par FashionUnited

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