A Paris, la Haute Joaillerie célèbre la joie de vivre
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Les maisons de haute joaillerie seraient-elles douées d’un sixième sens qui les rend aptes avant tout le monde de saisir l’air du temps? Alors que la capitale française baigne depuis quelques jours dans l’euphorie, comment ne pas penser rétrospectivement aux présentations qui se sont déroulées début juillet durant la semaine consacrée aux défilés de haute couture.
Des présentations qui mettaient en lumière des collections réjouissantes : la plupart des maisons de la place Vendôme et de la rue de la Paix firent en effet à cette occasion la part belle aux valeurs de fête, de partage. Cette allégresse se caractérisait par une riche palette - Cartier parlait volontiers de métissage des couleurs - qui elle même faisait écho à la variété des continents et des horizons. Toutes les maisons, Cartier, Chaumet, Bulgari, Mellerio, Dior semblaient s’être données le mot pour interroger la diversité créative du monde.
Les tons saccadés de l’Afrique vibraient chez Chaumet où Claire Deve-Rakoff a conçu une collection enivrante qui s’inspirait des créations de l’artiste kenyan Evans Mbugua, les coloris puissants des nuits électriques italiennes explosaient chez Bulgari, les teintes fraiches des îles Borromées veloutaient les bijoux de Mellerio dits Mellers. Et tandis que Piaget ciselait avec générosité la lumière arctique, que Degrisogono sous la houlette de Fawaz Gruosi entrelaçait avec un plaisir évident les bleus méditerranéen et les verts chlorophylle aux reflets magnétiques, que Caroline Scheufele, chez Chopard, imaginait, en collaboration avec Nelly Saunier, un étonnant collier de plumes, inspiré des costumes et des savoir-faire traditionnels des populations des plaines de Mongolie, Cartier adressait de son coté une ode vibrante - et exhaustive - aux couleurs du globe, en conjuguant d’une parure à l’autre, ici, les camaïeux subtils du Japon, là les contrastes affirmées de l’Asie ou de l’Orient. Partout, cette même volonté d’exalter la joie de vivre.
Il n’est pas anodin d’ailleurs de signaler qu’au même moment, le musée d’Art moderne de la ville de Paris célébrait à l’occasion de l’exposition « Dior, Dior, Dior » les 20 années de fulgurance créative impulsée par Victoire de Castellane au cœur de la haute joaillerie de la célèbre maison de l’avenue Montaigne. Vingt années durant lesquelles la directrice artistique de Dior Joaillerie a, plus qu’aucune autre, libéré avec enthousiasme les joyaux de leurs carcans séculaires pour les orienter sur les voies inexplorées de la félicité.
Les pierres fines, nouvelles stars de la Haute Joaillerie
Un mot sur les pierres. Techniquement, l’allégresse générale qui s’est manifestée sur l’ensemble des collection s’est exprimée avant tout par des combinaisons chromatiques inédites. Une manière habile de renforcer le prestige des pierres fines – tourmalines, morganites, grenats - aux cotés des plus traditionnelles pierres précieuses que sont le rubis, le saphir, l’émeraude et le diamant. Habile et d’une certaine manière nécessaire. Chez un grand joaillier de la place Vendôme, l’explication à ce nouveau feu d’artifice chromatique est la suivante : « il faut constater d’une part, que les réserves de pierres précieuses ne sont pas inépuisables alors que la demande pour les produits d’exception reste soutenue. D’autre part, lorsque vous vendez des diamants de qualité parfaite, c’est à dire Internaly Flawless, la marge des maisons est plus faible que lorsque vous proposez des pierres fines comme le grenat par exemple, des pierres sur lesquelles la demande reste à inventer et qui permettent de merveilleuses propositions créatives. »
On est loin du temps où la société élégante parisienne jetait un regard de dédain sur les premiers tutti-frutti
Credit photo: Chopard, Cartier, Chaumet, dr