Pour Giorgio Armani, hors de question de prendre sa retraite
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Non, Giorgio Armani ne s'est pas fait refaire le nez, non, il ne pense pas à prendre sa retraite et oui, il peut utiliser d'autres couleurs que le beige et le gris: dans son autobiographie, le "Maestro" de 81 ans dit tout.
Présentée à l'issue du défilé de sa ligne de prêt-à-porter féminin pour l'été prochain, cette biographie, écrite avec la papesse de la mode, Suzy Menkes - une vieille amie -, s'intitule sobrement "Giorgio Armani". Elle aurait pu tout aussi bien s'appeler juste "Giorgio" tellement ce prénom italien renvoie immédiatement dans l'imaginaire collectif au plus grand styliste que l'Italie ait fait naître, le 11 juillet 1934, à Plaisance (nord). C'est d'ailleurs une photo de lui bébé qui fait la couverture du livre, paru aux éditions Rizzoli New York et dont tous les bénéfices iront à l'Unicef. Non pas parce qu'on s'attend, en lisant une biographie, à des photos intimes - elles sont 410 en tout, dont la plupart proviennent des archives privées du couturier - mais pour une raison très précise.
"C'est à cause de mon nez, confie-t-il. Beaucoup ont prétendu, de façon d'ailleurs assez impertinente, qu'Armani s'était fait refaire le nez, ce qui lui donnerait cet air si jeune". Or, ajoute-t-il, "vous voyez bien que ce nez, je l'avais déjà quand j'étais petit, c'est le même". Ce détail mis à part, mais qui a son importance pour le styliste, Armani revient dans son livre sur son extraordinaire carrière, commencée comme étalagiste au grand magasin italien, La Rinascente, après avoir abandonné des études de médecine puis de photographie. Après avoir débuté chez Cerruti, il se met à son compte en 1975, en commençant par une ligne masculine, puis féminine l'année suivante.
"mon ego a envie de dire qu'évidemment personne ne peut travailler comme Armani"
La suite, on la connaît: l'Italien est seul à la tête d'un empire du luxe (accessoires, parfums, hôtels, restaurants, ameublement, bijoux etc...), il habille les stars les plus glamour et son style est reconnaissable entre tous: moderne, intemporel, classique et chic à la fois. Avec un choix de matières toujours très pointu, et une palette de couleurs allant du beige au gris, du bleu pâle au vieux rose. Sauf pour son ultime défilé où on a vu beaucoup de rouge qui, par petites touches, a servi de fil conducteur à la collection. Signe d'un changement? A la question de savoir comment il voit son empire dans les 30 ou 40 prochaines années, Armani voit en effet... rouge. "Je ne serai de toutes les façons pas là pour voir ça, rétorque-t-il sèchement, admettant du bout des lèvres que son empire, s'il n'est plus à sa tête, aura du mal à rester indépendant. "Etre indépendant est quelque chose de merveilleux. Vous pouvez tout choisir, du type de lampe que vous mettez dans votre bureau à la mode que vous avez envie de créer", affirme-t-il. Mais, ajoute-t-il, "l'indépendance, c'est aussi avoir les moyens de la conserver. Aussi longtemps que je serais en vie, cette maison sera indépendante".
Interrogé sur un éventuel remplaçant, il ironise: "mon ego a envie de dire qu'évidemment personne ne peut travailler comme Armani", avant de concéder: "il existe des jeunes talents qui en seraient capables". Mais il doute quand même que quelqu'un puisse prendre la tête de son empire et mener de front carrière et affaires, au top, comme il le fait depuis 40 ans. "Les choses ont beaucoup changé. Un styliste, à présent, se doit d'être avant tout créatif, et il délègue à une société le côté commercial. Sinon, c'est trop compliqué". Selon Suzy Menkes, la plus respectée des rédactrices de mode, la question de la retraite d'Armani ne se pose pas. "Il ne prendra jamais sa retraite, estime-t-elle. Il ira jusqu'au bout de ses forces, jusqu'à la fin. Et c'est ce qui est bon pour lui". (AFP)