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Per Anders Pettersson, un nouveau regard sur l'Afrique

Par Anne-Sophie Castro

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Culture

En 25 ans de carrière, le photographe suédois Per-Anders Pettersson a couvert un large éventail d'événements de presse internationale: la famine en Ethiopie, les guerres civiles au Congo et l'épidémie du Sida au Botswana et en Afrique du Sud. Ses photos ont été primées d’éloges et de récompenses. Cet avide de sensations fortes et d’aventure se tourne aujourd’hui vers l’industrie de la mode en Afrique où il est installé, et nous dévoile ses derniers projets en exclusivité pour FashionUnited.

Ces quatre dernières années, Pettersson a photographié plus de 30 évènements mode en Afrique. Ce photojournaliste, qui a couvert les élections de Nelson Mandela en 1994, explique son nouveau challenge : “Je suis arrivé dans la mode un peu par hasard. On me l’a proposé puisque je suis installé à Cape Town depuis longtemps et que je connais bien le continent. Les histoires africaines me fascinent. »

Changer le regard des occidentaux sur la mode africaine

Les images de Pettersson véhiculent une esthétique et un message particulier. Elles défient en toutes règles les stéréotypes de la mode africaine -qui comprennent des empreintes d'animaux et des imprimés ethniques typiques des boubous traditionnels- et visent à « confronter le regard occidental", une perception erronée de l’Afrique dans les médias où le continent apparaît le plus souvent déchiré par la guerre, victime de la pauvreté, des maladies et des conflits ethniques.

En 2009, Per Anders Pettersson avait initialement prévu de réaliser un reportage sur la nouvelle classe moyenne et supérieure de l'Afrique, une population qui a rapidement augmenté au cours des dernières années et a peu attiré l'attention des média. Finalement, on lui a demandé de photographier un défilé de mode à Johannesburg où il pensait pouvoir trouver des éléments intéressants pour « Rainbow Transit », un livre de photos qu’il a publié sur la vie quotidienne en Afrique du Sud au lendemain de la démocratisation de la nation.

La nouvelle croissance de l’Afrique

Pettersson a été immédiatement attiré par la mode : des mannequins glamour habillés dans des tissus très colorés, des podiums élégants, des after-parties où se côtoie la jet set africaine… Ce tremplin lui a servi à documenter le boom de l'industrie de la mode Afrique. « L’histoire n’est pas seulement celle de la mode. Il s’agit de la nouvelle croissance de l’Afrique d’un point de vue socio-économique », dit-il.

Le photographe, qui publiera son prochain livre chez un éditeur allemand dédié aux fashion weeks africaines courant mai 2016, explique : «En Afrique les fashion weeks sont généralement accueillies de façon grandiose. Les ponts, les musées, les rues et bien sûr le buzz en backstage se parent de nouveauté et d’une ambiance vraiment incroyable. On sent un vrai engouement pour ce qu’ils font, une belle énergie, non seulement sur les défilés mais aussi –et c’est ce qui m’intéresse le plus pour mon travail- les coups de théâtre et les cancans des participants (rire). On dirait que rien ne va jamais comme ils veulent…»

“Je me souviens pendant la Lagos Design & Fashion week, l’organisation était des plus chaotiques. Rien n’allait, les créateurs, coiffeurs, maquilleurs et mannequins étaient tous rassemblés dans une chambre minuscule, entassés les uns sur les autres. Un vrai bazar ! On était très loin du glamour et des paillettes, mais à ma grande surprise, le show s’est déroulé à la perfection ».

« Il y a quelques mois, à Dakar, des milliers de personnes étaient venues assister à la fashion week qui avait lieu en plein air », raconte Pettersson. « La plupart des créateurs ne savaient pas quoi inventer pour paraître professionnels et dignes des grandes capitales de la mode et satisfaire leur clientèle. Ils habillaient des mannequins très maigres -à l’image des podiums européens- dans des vêtements amples et colorés. La foule, composée essentiellement de femmes locales aux courbes généreuses, huait les organisateurs du début à la fin, en pensant que les mannequins elles étaient malades. »

La Semaine de la Mode de Dakar, qui vient d’entrer dans sa 12ème année, présente les collections de créateurs internationaux pour célébrer la mode africaine. Plus que la capitale du Sénégal, Dakar –ex colonie française- est perçue comme un pont franco-africain de la mode.

« La plupart des créateurs africains ne sont pas connus à l'échelle internationale », explique-t-il, « mais certains, comme le célèbre nigérien Alphadi, arrivent à défiler dans le monde entier et à proposer différentes lignes -une locale et une internationale- pour répondre aux besoins d’une large clientèle. « La robe africaine a souvent inspiré la haute-couture. Elle n’a jamais été la reine des couvertures de magazines de mode mais cela pourrait bientôt changer », ajoute-t-il.

Bien que l'Afrique du Sud soit aujourd’hui la capitale de la mode en Afrique –elle organise six fashion weeks par an-, Per Anders Pettersson assure que de plus en plus d’évènements surgissent dans le continent. Un signe que l'économie africaine est en bonne santé et que le pouvoir d’achat du peuple est en pleine croissance. La présence des marques de luxe en est la preuve. Après la Chine, c’est là-bas qu’elles vont désormais chercher leur nouvelle clientèle.

Photos: Per Anders Pettersson/Accra-Ghana/Lagos-Nigeria/Tunisie

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per anders pettersson