"Mission mode", une double expo consacrée à l'influence du vestiaire militaire sur la mode
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La saharienne, les épaulettes, les boutons dorés... autant de détails empruntés par les couturiers au vestiaire militaire et présentés jusqu'au 15 janvier 2017 dans la double exposition "Mission mode" au musée Borély à Marseille et au musée de la Légion étrangère à Aubagne.
"L'expression +se mettre sur son 31+ vient de l'armée, elle fait référence à la tenue de gala de l'armée de terre qui est la numéro 31. Les univers de l'armée et de la mode semblent très éloignés, et pourtant ils ne cessent de dialoguer", explique l'adjudant-chef Antonio Correia Estradas, qui appartient à la division patrimoine de la Légion étrangère.
Les deux expositions mettent en valeur les principaux éléments du vestiaire militaire repris par les couturiers depuis la fin du XIXe siècle. Ainsi la saharienne, vêtement militaire fonctionnel par excellence, d'abord conçue pour faire face aux climats chauds de l'Afrique avant d'être popularisée en 1968 par Yves Sant-Laurent, qui en a fait le symbole de la femme urbaine et aventurière.
"Les tendances dans la mode sont toujours liées aux contextes particuliers, on l'a vu par exemple avec un retour du militaire dans les défilés après les attentats du 11-Septembre. Par le passé, jouer avec les codes militaires était subversif, mais aujourd'hui les références sont débarrassées de leur symbolique contestataire", estime Laurence Donnay, conférencière au musée Borély des arts décoratifs et de la mode.
Au fil des silhouettes exposées dans le château Borély, on voit apparaître la couleur kaki chez Sonia Rykiel ou Dior, l'imprimé camouflage chez Jean-Paul Gaultier ou Bensimon, l'utilisation des ornements militaires chez Coco Chanel. A Aubagne, dans le musée d'histoire militaire, l'approche est inversée et les les tenues choisies retracent l'évolution du style des uniformes de la Légion étrangère.
"Les couturiers ont beaucoup puisé dans notre garde-robe, mais l'armée aussi a toujours été à l'affut des innovations de la mode civile, pour rendre nos tenues toujours plus pratiques et confortables", explique M. Correia. On y retrouve par exemple une étonnante malle de Louis Vuitton de 1885, dont surgit un lit de camp dépliable, repris par l'armée pour sa fonctionnalité.
"Les uniformes des troupes coloniales, et notamment de la Légion étrangère, se sont adaptés aux différentes conditions climatiques selon les missions, le désert de l'Afrique subsaharienne, les forêts tropicales d'Indochine... Et ces missions ont exercé une fascination exotique sur l'imaginaire de la mode civile", estime M. Correia. (AFP)