Maurizio Galante et Tal Lancman revisitent le musée Carnavalet
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« Je ne suis pas fashion designer, je suis un designer, tissus, matières, c’est la même démarche créative ». Maurizio Galante, qui présentera le 8 juillet sa nouvelle collection Haute Couture sous format digital, est pour l’heure occupé ailleurs. Avec le designer Tal Lancman, son binôme en création, il est au Musée Carnavalet, qui vient de réouvrir après plusieurs années de travaux. Entre les créateurs et le plus vieux musée parisien, tourné sur l’histoire de la Capitale, c’est une longue… histoire. En 2014, le musée avait déjà confié aux deux créateurs le relooking de sa boutique-librairie.
Avec la rénovation totale du musée, ils ont repris leurs crayons pour retoucher encore les lieux. Intégrés au projet global, ils se sont inspirés de l’architecture des lieux, des œuvres, maquettes, enseignes forgées d’échoppes parisiennes, peintures, pour rénover la boutique, un petit espace pensé au centimètre près. « C’est un rêve de travailler pour un musée qui conserve la déclaration des Droits de l’Homme », s’enthousiasme Maurizio Galante. « Une boutique de musée est une passerelle entre le musée et l’extérieur, c’est un lieu généreux qui transmet les émotions de la visite, bien plus qu’un lieu de vente, un espace de partage, où la fonction éducative et pédagogique est très importante », renchérit Tal Lancman.
Les visiteurs redécouvriront ainsi « le ciel de Paris », une installation vibrante de la Ville fixée au plafond. Le fleuve, La Tour Eiffel, Notre-Dame et l’Arc de Triomphe scandent ce plan si symbolique de Paris, constitué et texturé de 8000 lamelles d’or, d’arent de cuivre, frémissant au gré d’un ventilateur et offrant ses milles nuances selon la lumière de la journée. Un travail d’orfèvre.
Retour au sol, avec le mobilier, qui a été repensé et se veut un hommage à Eiffel. Des feuilles de métal grège, un coloris inspiré des pierres de Paris réalisé avec Pantone, sont assemblées sans aucune soudure et créent des tables d’expositions et des étagères aériennes. Devant les fenêtres, même procédé pour des « casiers » carrés et réguliers remplis de livres revisitant les fenêtres « à la française ». Et puis, les produits dérivés du musée, comme ces cahiers en noir et blanc à la couverture parsemée de crayonnés des objets emblématiques de l’histoire de Paris.
« Notre inspiration s’est globalement développée autour de trois axes : les collections de maquettes, les plans et les enseignes de Paris. Avec ces points précis en ligne de mire, nous avons proposé une interprétation personnelle et engagée. Nous avons créé une continuité entre la visite du Musée et l’entrée dans la librairie boutique. Notre objectif était de proposer au public un instant privilégié « de plus », de prolonger l’émerveillement de la visite et de laisser libre cours aux rêves nés de la visite du musée », expliquent Maurizio Galante et Tal Lancman. Le duo travaille, pour la couture comme pour les projets de design, en toute complémentarité. « C’est comme du ping-pong », s’amuse Tal. On se parle de notre idée, il faut la « vendre » à l’autre, et ensuite c’est parti, il y a une émulation qui se crée.
Les deux « activistes » du design, hyper actifs, reprendront leurs projets en cours après la semaine de la couture. En ligne de mire, une exposition à Florence autour de la céramique de Montelupo, fief du style « grotesque » de la Renaissance, où ils réinterpréteront les vases et jarres du genre avec des artisans d’art. Dans les cartons également, un projet de longue haleine avec en Arabie Saoudite, avec l’association d’Herfa, qui œuvre pour l’autonomie des femmes. Avec des artisanes, ils retravaillent des tissus traditionnels.
La transversalité comme credo, la matière comme outil, le vêtement où les objets « vivants » comme vecteur d’expression.