Les silhouettes aux noirs multiples du couturier Balenciaga au Musée Bourdelle
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Ne pas être distrait par la couleur. L'exposition "Balenciaga, l'oeuvre au noir", qui ouvre mercredi au Musée Bourdelle à Paris, présente les silhouettes aux noirs multiples, élégantes et épurées du couturier espagnol.
Il s'agit "d'un jeu très subtil sur l'élégance en noir et la séduction qui n'est pas une séduction facile, qui est quelque chose de très espagnol", selon la commissaire d'exposition Véronique Belloir.
Une soixantaine de robes et tailleurs de Cristóbal Balenciaga (1895-1972) retracent, à l'occasion du 100e anniversaire de la maison, le travail du créateur voulant renoncer à la couleur. Une exposition lui sera également consacré au Victoria and Albert Museum de Londres en mai.
De cette dualité de l'ombre et de la lumière se dégage des tailleurs et des robes "loin du corps", créées par celui que Christian Dior qualifiait de "maître à tous".
Des cols en un seul morceau plié en deux, pour mieux souligner le cou et le port de tête, se prolongent par des manches légèrement plus courtes qui dégagent les poignets.
Il s'agit "d'un travail sur l'effacement d'une certaine morphologie féminine", explique la commissaire en référence aux formes des seins et aux creux des hanches. Les décolletés sont la plupart du temps à l'arrière.
Avec les robes le créateur joue sur les oppositions des matières pour créer les volumes et les reflets du noir brillant et du noir mat pour structurer la silhouette.
"Il travaille en fonction des matières qui réagissent de façon très différentes à la lumière", explique Véronique Belloir.
Boléro noir
Des tissus soutiennent les autres pour que de l'extérieur une impression de légèreté et de mouvement se dégage.
Soie, satins, taffetas, gazar... se superposent aussi pour donner au noir la diversité de ses nuances dans la lumière.
Les modèles, de 1938 à 1968, présentées dans des boîtes noires, soulignent cette volonté "de ne pas être distrait par la couleur", explique Véronique Belloir.
Un drapé qui emboîte les épaules et se reprend dans le dos en velours noir: le boléro de Balenciaga est fait de la matière la plus "graphique par excellence, celle qui rend le noir le plus profond", ajoute Véronique Belloir.
Cols en fourrures blanches d'hermines, de visons et de renards polaires viennent à partir de 1957 donner encore plus de profondeur aux noirs des manteaux et tailleurs.
Une opposition du noir et du "blanc immaculé, de la pureté", explique la commissaire.
La dernière sale est consacré au rose qui vient côtoyer le noir. Ce sont des roses variés suivant les modèles, pour la plupart proche de la couleur chair, celle du corps deviné.
Un ruban de rose pâle vient enserrer une robe en crêpe de Chine tenue par des bretelles en organza, tissu créé en 1932 par la manufacture de soierie lyonnaise Bianchini-Férier.
"Mais c'est toujours le noir qui l'emporte", remarque la commissaire. Balenciaga a aujourd'hui pour directeur artistique Demna Gvasalia qui a créé la sensation en faisant cohabiter l'univers automobile avec des robes de couture, dimanche lors de la Fashion Week parisienne. (AFP)
Photos:'BALENCIAGA, L'OEUVRE AU NOIR. ©Pierre Antoine