Le MAD va consacrer une grande exposition au magazine Harper’s Bazaar
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À l’occasion de la réouverture des galeries de la mode, entièrement rénovées grâce au mécénat de Stephen et Christine Schwarzman, le Musée des Arts Décoratifs dévoilera du 28 février au 14 juillet 2020 une grande exposition consacrée à une revue mythique, lancée en 1867 à New York par Harpers & Brothers : le magazine de mode Harper’s Bazaar. Le musée présentera pour l’occasion soixante créations de couture et de prêt-à-porter, issues essentiellement de ses collections. Ces pièces seront mises en regard avec leur parution d’époque dans le célèbre magazine.
Relativement peu connue des français (une édition française, pilotée par le groupe Marie Claire et Hearst Magazines International, avait failli voir le jour en 2013 avant d’être rangée dans le placard), Harper’s Bazaar, propriété de l’éditeur américain Hearst Magazines qui publie le titre dans 44 pays, est une institution qui a traversé et raconté quinze décennies de mode. La publication est restée très fidèle à sa vocation d’origine : cette vocation dès 1867 consistait à s’adresser aux femmes afin de les instruire en matière de mode, de société, d’art et de littérature. Elle s’inspirait pour une large part des gazettes de mode européennes et notamment françaises.
Son originalité véritable reposait fortement sur l’engagement de la revue pour la cause féminine : Sa première rédactrice, Mary Louise Booth est suffragiste, abolitionniste et partisane de l’Union lors de la guerre civile américaine. La francophilie de cette femme de lettre rejaillit par ailleurs dans toute l’histoire du magazine qui accueillit parmi ses collaborateurs, au cours du XXe siècle des artistes de premier plan comme Picasso, Matisse et Cocteau.
Autre singularité de la revue : la grande place accordée à la litterature. Les écrits de Colette, de Simone de Beauvoir, Françoise Sagan, Jean Genet, André Malraux étaient relayés et les écrivains de langue anglaise – notamment Charles Dickens, Virginia Woolf, Patricia Highsmith, Truman Capote, Carson McCullers - étaient l’objet de toutes les attentions. Mais ce riche contenu ne doit pas faire oublier que la plus grande force du magazine reposa surtout sur sa puissance graphique qui a été faconnée par trois personnalités centrales : la rédactrice en chef Carmel Snow, la chroniqueuse de mode Diana Vreeland et surtout Alexey Brodovitch, directeur artistique de génie dont la signature et l’enseignement, prodigué à partir des années 30, continue de faire école.
« Le magazine de mode est un acteur fondamental du système de la mode »
La scénographie, tout comme la rénovation et l’aménagement des galeries, a été confiée à l’architecte et designer Adrien Gardère. Déployée sur les deux niveaux des galeries de la mode, l’exposition chronologique et thématique propose une immersion dans le magazine en plaçant des robes face à leur publication originale très agrandie. Le cheminement souligne la contribution de Harper’s Bazaar à l’évolution de la silhouette depuis 150 ans et raconte comment ces images de magazine se sont construites. L’exposition intègre, en effet, croquis, photos et patrons qui ont précédé l’image de mode et nourri son inspiration.
« Cette exposition est la première consacrée à un magazine de mode qui ne se limite pas à la simple présentation de photographies, indique le communiqué. Elle se penche autant sur la question de la direction artistique que sur l’impact du graphisme et de la photographie, sur le rôle des femmes et des hommes qui, autant que ceux qui la créent et la portent, défendent une certaine idée de la mode. Dans un musée qui a fait de la mode l’un de ses piliers, il n’est pas inutile de rappeler que le magazine de mode est très souvent le premier matériau qui permet d’en écrire l’histoire comme il est aussi le premier véhicule de la diffusion et de la connaissance de la mode, un élément de définition de son identité, un acteur fondamental du système de la mode remis ici dans sa juste perspective. »
Crédit photo : 1. Hiro — Octobre 1963 2. Harper’s Bazaar Mars 1896, Illustration de William H. Broadley, 3. Harper’s Bazaar — Juin 1964, Photographie de Hiro, 4. Gleb Derujinsky — Juillet 1958