Le créateur d'"Hamilton" célèbre ses racines latino-américaines dans "D'où l'on vient"
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Los Angeles - Bien avant de devenir une star mondiale avec “Hamilton”, Lin-Manuel Miranda avait déjà séduit Broadway grâce à “In the Heights”, comédie musicale baignée de pop latino et de salsa rendant hommage au quartier de New York où l’artiste avait grandi.
L’adaptation de ce spectacle au grand écran, qui sort jeudi aux Etats-Unis et le 23 juin en France sous le titre “D’où l’on vient”, est l’une des rares œuvres d’un grand studio hollywoodien (Warner Bros en l’occurrence) à mettre à l’affiche des histoires et des stars latino-américaines. “Ça veut dire beaucoup et je pense que c’est le début d’une vague latino qui, je l’espère, ouvrira la voie à d’autres films de ce genre”, déclare à l’AFP l’actrice mexicaine Melissa Barrera.
“Dès qu’ils ont commencé le recrutement pour ce film, je me suis dit ‘bon sang, il n’y a pas beaucoup de films qui nous offrent ce tremplin, alors tout le monde va vouloir auditionner’”, se souvient-elle.
Devenue célèbre grâce à ses rôles dans les telenovelas mexicaines, Melissa Barrera a décroché le rôle de Vanessa, styliste en devenir qui aspire à quitter le “barrio” de Washington Heights, à la pointe nord de Manhattan, pour le monde chic de la mode new-yorkaise.
L’homme qu’elle aime est Usnavi (Anthony Ramos), propriétaire d’une boutique de quartier qui rêve de reconstruire le bar de plage de son père en République dominicaine, tandis que leur amie portoricaine Nina (Leslie Grace) a réussi à entrer dans la prestigieuse université californienne de Stanford mais se languit de son quartier.
Lin-Manuel Miranda, qui est d’origine portoricaine et fait depuis longtemps la promotion de sa communauté dans le monde du divertissement, avait écrit la première version de “In The Heights” lorsqu’il était encore étudiant. La comédie musicale avait été montée à Broadway en 2008, faisant un tabac avec treize nominations pour les Tony Awards et ouvrant la voie au succès d’”Hamilton”, consacrée à Alexander Hamilton, l’un des pères fondateurs des Etats-Unis.
Dans “D’où l’on vient”, Lin-Manuel Miranda joue lui-même un petit rôle, celui d’un vendeur de glaces traditionnelles, et a confié la réalisation du film à Jon M. Chu (“Crazy Rich Asians”).
Melissa Barrera confie avoir été intimidée par cette collaboration avec le créateur d’un succès mondial comme Hamilton. “La pression était là. Je veux faire ça bien, je veux faire du mieux possible pour Jon et Lin… et toute la communauté” latino, a-t-elle expliqué.
Si 18,5 pour cent de la population des Etats-Unis est considérée comme “hispanique”, les acteurs d’origine latino-américaine n’ont représenté que 5,4 pour cent des rôles principaux l’an dernier, d’après une étude sur la diversité à Hollywood réalisée chaque année par l’université UCLA.
“Combat”
L’adaptation cinématographique de la comédie musicale est essentiellement filmée dans les rues colorées de Washington Heights, à quelques pâtés de maison seulement de l’endroit où Lin-Manuel Miranda a grandi. Mais les lieux ont changé depuis son enfance et les experts chargés du repérage ont dû composer avec les nombreuses chaînes de restauration ou de supermarchés, redécorant parfois des immeubles à l’aide d’enseignes artisanales et d’auvents pour donner une atmosphère plus authentique au quartier.
“D’où l’on vient” ne se contente pas de célébrer la nourriture, la musique et les traditions qui ont bercé la jeunesse de Miranda. Contrairement à la comédie musicale, le film suit aussi Nina dans des manifestations de soutien aux “rêveurs”, ces nombreux migrants arrivés clandestinement aux Etats-Unis alors qu’ils n’étaient encore que des enfants. Le film devait initialement sortir sous la présidence de Donald Trump, dont la politique migratoire visait notamment ces “rêveurs”, mais la pandémie a bouleversé le calendrier.
“C’est une histoire qu’on dit rarement, un combat qu’on raconte rarement”, estime Leslie Grace, dont le personnage de Nina peine elle-même à s’adapter à son université d’élite de la côte Ouest. Douter de soi est “un sentiment universel qu’on ressent tous, qu’il s’agisse de la représentation (des minorités) ou des ‘rêveurs’”, assure-t-elle. (AFP)