Hubert de Givenchy se dévoile à la cité de la dentelle et de la mode
loading...
Avec Lagerfeld et Cardin, il fait parti du triumvirat des géants qui ont fait la mode du XXème siècle. La Cité de la mode et de la dentelle dévoilera, dans le cadre de sa programmation culturelle 2017, la carrière d’Hubert de Givenchy à travers 80 tenues et accessoires. 80 chefs d’oeuvres issus de garde-robes privées, des archives de la maison Givenchy, de collections de musées, mais aussi de l’important fonds Givenchy du musée calaisien.
L’exposition sera placée sur la direction artistique de M. Hubert de Givenchy lui-même. Elle s’intègre dans une série d’expositions européennes (le musée Thyssen-Bornemisza à Madrid, le Geementemuseum à La Haye, la Fondation Bolle à Morges en Suisse ) Le grand couturier, né en 1927 à Beauvais dans une famille aristocrate (il est comte Hubert Taffin de Givenchy) jettera un regard rétrospectif sur sa prodigieuse carrière, depuis le coup d’éclat de sa première collection lance dans une maison à son nom en 1952 – collection mythique au cours de laquelle le couturier lança les «separates», pièces individuelles pouvant être mélangées, dont la fameuse «blouse Bettina» - jusqu’aux dernières vitrines consacrées aux fastueuses robes de mariée.
Pour les précédentes expositions qui lui étaient consacrées, le couturier s’était personnellement impliqué, précis et cohérent en tout point. Il s’entourera à Calais d’une poignée de collaborateurs fidèles. Autant de regards savants portés sur des pièces d’exception, nimbées de souvenirs, de rencontres et d’amitiés.
Un parcours thématique entre tissu d’exception, muses et inspirations
Pas de vitres pour une plus grande proximité, un décor sobre, des ecrins noirs, blancs ou gris, un revêtement de sol feutré, des miroirs pour multiplier les perspectives, voilà à quoi peuvent s’attendre les visiteurs de l’exposition qui se tiendra du 15 juin au 31 décembre à Calais. Plusieurs espaces développeront des thématiques particulières. Un premier espace sera consacré aux échantillons de tissu haute couture. La passion du couturier pour les textiles d’exception sera illustrée par ses collaborations avec les plus grands artisans de la mode dont les brodeurs Lesage et Vermont, les fabricants de tissu Abraham ou Beuclère. La création ne sera évidemment pas en reste dans une vitrine entièrement consacrée à trois robes du soir.
Un deuxième lieu sera dédié aux liens tissés entre Hubert de Givenchy et Audrey Hepburn à travers une projection d’images. Le visiteur pourra découvrir les robes portées par l’actrice dans deux de ses plus grands rôles cinématographiques: Breakfast at Tiffany's (1961) et How to steal a million (1966), connus en France sous les titres Diamants sur canapé et Comment voler un million de dollars. Ensuite, deux alcôves présenteront les parfums Givenchy, dont la célèbre fragrance «L’ Interdit » lancée en 1957. Les sources d’inspirations du couturier - Joan Miró, Nicolas de Staël, Robert et Sonia Delaunay, Mark Rothko, la nature dans la luxuriance de ses coloris, l’éclat fastueux des bronzes dorés de l’ébénisterie du XVIIIe siècle – seront également évoquées.
« Il est difficile pour nous aujourd’hui de comprendre l’aspect novateur et iconoclaste des propositions du jeune couturier de l’époque, explique Shazia Boucher, conservatrice du patrimoine et directrice adjointe des musées de la ville de Calais. En effet, au début des années 1950, quand Hubert de Givenchy lance sa maison, la mode est régie par des règles de savoir-vivre strictes qui déterminent les types de vêtements qui conviennent selon les heures du jour, le calendrier social et l’âge de l’élégante. Ni le confort, ni l’accessibilité financière n’entrent dans les considérations premières des couturiers. Or, Hubert de Givenchy propose des vêtements confortables, dans des tissus simples aux imprimés et broderies gaies et ludiques, dans des prix beaucoup plus accessibles que ceux pratiqués en haute couture. En cela, il est en harmonie avec l’esprit sportswear qui se répand aux Etats-Unis, et en avance sur l’avènement du prêt-à-porter en France qui ne sera pas véritablement développé à une échelle industrielle avant la fin des années 1950 ».
Crédit photo : Cite de la dentelle et de la mode de Calais. DR. Luc Chatel