Christian Lacroix signe sa première mise en scène
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Paris - Il a été grand couturier, costumier pour des ballets et des opéras et décorateur d’hôtels et de tramways. Éternel touche-à-tout, Christian Lacroix se réinvente en signant sa première mise en scène, pour sortir de sa “zone de confort”.
Monter “La Vie Parisienne”, l’une des plus célèbres oeuvres de compositeur Jacques Offenbach (1819-1880), n’était en aucun cas un rêve pour le créateur. “J’avoue que je me suis retrouvé un peu, beaucoup, désemparé de ne plus avoir de rêve à réaliser dans ma besace”, confie-t-il à l’AFP.
Pour cet opéra bouffe créé en 1866 à Paris, il signe à la fois la mise en scène, les décors et les costumes. La nouvelle production vient d’être présentée à l’Opéra de Rouen, elle arrive à l’Opéra de Tours, avant le Théâtre des Champs-Elysées à Paris (21 décembre au 9 janvier) puis part en tournée en France et à l’étranger.
“Néophyte”
“Il y a dans la vie des occasions inattendues que l’on ne saurait laisser passer. Je n’y avais jamais songé, comme je n’aurais jamais pensé avant l’an 2000 que j’aurais à recréer l’intérieur du TGV ou les tramways de Montpellier”, assure l’Arlésien de 70 ans, retiré de la haute couture depuis plus d’une décennie.
Une “opportunité surprise” l’a emmenée à collaborer avec le Palazzetto Bru Zane, le Centre de musique romantique française qui sort de l’oubli des œuvres et des compositeurs méconnus. “La vie parisienne” est certes très connue, mais les musicologues du Centre ont retrouvé des extraits jamais joués ou supprimés. “On dit qu’il faut, pour avancer, sortir de notre fameuse zone de confort et j’ai senti que c’était le moment”, ajoute le couturier, qui se présente comme “néophyte”.
Le monde de la scène ne lui est pas inconnu, loin de là, puisqu’il a signé des costumes et parfois des décors pour la Comédie-Française, le Ballet de l’Opéra de Paris et plusieurs maisons lyriques. Dans le passé, “lorsque j’allais à l’opéra ou au théâtre et que le spectacle me décevait quelque peu, j’en redessinais décors et costumes à ma manière en rentrant chez moi”, dit-il. Petit garçon, il rêvait déjà d’être costumier et décorateur de cinéma ou de théâtre.
“Le monde m’ennuyait tel qu’il était au quotidien, malgré une enfance heureuse et choyée dans une aussi belle ville qu’Arles. Mais j’éprouvais le besoin de m’imaginer toujours dans des ambiances plus oniriques, des atmosphères baroques, des univers fantasques”, raconte-t-il.
Greniers et Instagram
“J’éprouvais le besoin de transformer, en les redessinant, les maisons, les appartements, les meubles, les vêtements, les objets ; si bien que j’en ai fait mon métier, avec la couture, le design, la décoration d’hôtel et même des abribus”, ajoute-t-il encore.
Pendant 60 ans, il a collectionné des milliers de documents sur les costumes, peintures et décors du XVIIIe au XXe siècle. “Dans les années 50 et 60, je visitais les greniers, les bibliothèques, les puces”, se rappelle l’artiste. Aujourd’hui, il réunit encore “des images chaque jour, ne serait-ce que sur Instagram”.
Spectacle sur les divertissements de la bonne société parisienne au XIXe siècle, “La vie parisienne” est pour Lacroix “le mythe d’un Paris qui n’a jamais existé, sauf peut-être pour quelques privilégiés, mais auquel nous faisons semblant de croire car il est immortalisé et magnifié” par Offenbach. Le compositeur est célèbre pour ses œuvres, notamment “Orphée aux Enfers”, dont le Galop infernal a été repris et arrangé en French Cancan, morceau devenu symbole des cabarets parisiens. Les œuvres d’Offenbach ont incarné les plaisirs de cette époque “avec un génie musical qui me touche” et qui “symbolise Paris pour le monde entier”, relève Christian Lacroix. (AFP)