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Calais organise la première rétrospective consacrée à Lecoanet Hemant

Par Herve Dewintre

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Culture

Les amoureux de la Couture parisienne connaissent bien la griffe Lecoanet Hemant qui a connu en France son apogée dans les années 80 et 90. Chacun s’accordait alors pour vanter l’inventivité et admirer l’exubérance luxueuse de cette maison fondée en 1981 par le créateur Didier Lecoanet, ancien élève de l’Académie Roeder ayant fait ses premières armes chez Lanvin, et Hemant Sagar, né à New Delhi et formé en Allemagne où il étudia le management appliqué à la mode.

Dès sa fondation, la griffe fut unanimement reconnue pour son travail autour du sari indien et de ses drapés, pour ses pièces réalisées à partir de matières végétales, minérales et animales – rafia, bois, coquillage, papier de riz. Une reconnaissance partagée, à la fois par les institutions (la maison rejoignit officiellement la Chambre syndicale de la haute couture parisienne dès 1984) mais aussi par le public constitué d’une large clientèle internationale. Ce succès commercial permit au créateur français et au manager indo-germanique d’ériger une boutique somptueuse rue du Faubourg-Saint-Honoré, en face de l’Elysée. Cette boutique accueillait le prêt à porter de luxe des deux associés, sous la marque « l’ECHO », abréviation de Lecoanet Hemant. La Haute Couture de la grille disposait quant à elle de vastes salons tout d’abord rue Lamennais, près de chez Taillevent, puis dans un hôtel particulier du Maris. En 1994, l’attribution du prestigieux Dé d’or couronna la suprématie créative de la Maison.

Ces deux décennies de gloire furent interrompues brutalement en mars 2000 lorsque la société fit l’objet d’une procédure collective. Didier Lecoanet et Hemant Sagar quittèrent alors Paris et s’installèrent définitivement à New-Dehli. Ils abandonnèrent la Haute Couture pour se consacrer exclusivement au prêt à porter. Depuis près de vingt ans, ils réalisent avec bonheur des créations de mode, pour homme et pour femme, qui concilient avec panache l’esprit de la couture française et le raffinement des savoir-faire indiens, notamment par le biais de leur ligne de vêtements baptisée « Ayurganic ». Cette ligne faisant une large place l’artisanat local, utilise des textiles organiques qui selon les deux associés, apportent le bienfait des plantes médicinales.

Lecoanet Hemant : les orientalistes de la Haute Couture

Du 20 juin 2020 au 3 janvier 2021, la Cité de la dentelle et de la mode de Calais présentera une exposition entièrement articulée autour des 40 ans de créations de Lecoanet Hemant. C’est la première fois qu’une rétrospective est consacrée aux deux associés. L’exposition dévoilera plus de quatre-vingt silhouettes. La mise en scène, indique le communiqué du musée, sera graphique et colorée afin de mettre en lumière le metissage de textiles et de cultures qui constitue l’essence de la griffe. La direction artistique de l’exposition sera assurée par Didier Lecoanet et Hemant Sagar eux-mêmes.

« L’exposition invitera au voyage dans un foisonnement de formes, motifs et textures aux couleurs de l’Orient. Robes du soir somptueuses, manteaux opulents ou tailleurs structurés sont immergés dans l’univers esthétique de la maison, grâce à une scénographie qui s’inspire des thématiques chères aux créateurs, associant sons, images, vidéos et textes » indique le communique qui insiste également sur le tournant écologique pris par Lecoanet Hemant depuis les années 2000. Cette mode écoresponsable s’exprime par une démarche valorisant la ramie, une plante textile très ancienne, issue de la famille des orties, produite en Inde. A noter : l’exposition présentera également une sélection d’objets créés par des designers indiens à partir de cette fibre naturelle.

Crédit photo : Dhruv Kakoti et Miki Alcade

Cité de la Dentelle et de la Mode
Lecoanet Hemant