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Barcelona Fashion Film Festival: Longue vie aux court-métrages de la mode!

Par Anne-Sophie Castro

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Culture

Barcelone, c’est Barcelone. Et peu importe comment on la voit, elle ne cesse de générer des émotions. Ces dernières années, elle a offert un éventail de thèmes avant-gardistes au secteur de la mode avec ses salons, défilés et expositions et à partir de l’automne prochain, elle pourra continuer à inspirer ceux qui, de près ou de loin, la désirent.

Les cinéastes, producteurs, marques et designers émergents pourront profiter d’un nouveau point de rencontre dans la ville. Le 5 octobre inaugurera la première édition du « Movistar Barcelona Fashion Film Festival » (MBFFF), unique festival de fashion films –ou courts métrages- à Barcelone, qui promeut le septième art comme outil de communication 2.0 pour les marques de mode.

Un élément clé pour le secteur?

Le projet a été imaginé par trois élèves d’une école de mode de Barcelone : Eva Font, qui occupe le poste de Directrice et Responsable de Communication du festival, Alba Piris, Directrice Adjointe et Directrice Artistique et Andrea Lopez, Responsable de Production.

“Dans ce travail de fin d’études, au début, personne n’avait confiance en nous. Les gens pensaient que notre projet était trop ambitieux. Mais nous avons réussi à gagner la confiance de nos professeurs et de présenter notre projet au concours Movistar Artsy. Nous avons été sélectionnées et sommes aujourd’hui les organisatrices de ce festival », explique Eva Font.

“Ce festival est une pièce fondamentale qui manquait au secteur. Notre ville ne pouvait être une référence de mode à l’international sans avoir son propre festival. Nous pensons que cela va aider la ville à se hisser au rang des monstres du secteur comme New York, Londres, Paris ou Berlin.... »

Un fashion film est un moyen alternatif de comprendre la publicité. D’une durée généralement comprise entre une et quinze minutes, il est à mis chemin entre l’art et la publicité et prétend créer des liens émotionnels avec le public. D’ailleurs de plus en plus de marques de mode ont choisi d’adopter ce format, que ce soit Chanel, Dior ou Louis Vuitton ou encore des directeurs de cinéma comme Roman Polanski, David Lynch ou Spike Jonze.

“Les fashion films sont l’évolution logique des making-of”, Eduardo de Aysa.

Eduardo de Aysa, l’ancien pilote espagnol et commentariste de Formule 1, devenu homme d’affaires du secteur de la mode et de la beauté, a été témoin des premiers pas des fashion films en Espagne.

Le fondateur de le la célèbre agence de mannequins, Traffic Models, et de la maison de production, Magna Productions, a été un des précurseurs à pouvoir rapprocher la mode internationale de Barcelone. « J’ai pensé qu’on avait pas besoin d’aller à Paris ou New York car ici nous avions tout pour faire du bon travail », explique-t-il a FashionUnited.

“Nous avons comencé à faire des fashion films au sein des campagnes publicitaires de mode et beauté. Après, Internet est devenu un canal de vente puissant au niveau commercial et les premiers fashion films ont été réalisés par Gustavo Lopez Mañas et à cette époque, nous étions les seuls à le faire. »

“Au début, nous avons convaincu nos clients de leur faire gratuitement pour qu’ils puissent découvrir un nouvel outil et voir son résultat. Nous l’avons proposé à la marque de lingerie Andrés Sarda (marque barcelonaise rachetée par le groupe belge Van de Velde) et malgré ses réticences initiales, elle a adoré ! Cette petite oeuvre a apporté du prestige à la marque ! »

Transmettre un message avec des possibilités extras.

Avec cet outil, Eduardo de Aysa observe une explosión de créativité. « Les fashion films veulent transmettre l’essence de la marque et se rapprocher de leur clientèle. C’est toujours de la publicité, mais sous une autre forme. Plus aimable, élégante et artistique. »

“Dans une campagne publicitaire, les photos peuvent donner un apperçu de l’ambiance et provoquer quelques émotions, mais elles ne peuvent pas transmettre un message dans son intégralité. Les photos peuvent montrer le produit, le vêtement, mais on ne peut l’apprécier totalement. Comme dirait le réalisateur catalan Victor Claramunt, primé sur de nombreux festivals internationaux : « Dans un fashion film, le vêtement devient un personnage à part entière ». Une ambiance de vacances, un paysage, sont difficiles à exprimer en photo. Avec seulement deux ou trois plans, le fashion film transmet l’essence de la marque, le type de femme ou d’homme pour lesquels il se dirige, il offre un champs d’action plus large si l’on veut accentuer le côté sensuel, sexy, élégant,etc. »

Et même si la photo reste le noyau du travail publicitaire, l’usage d’internet et des réseaux sociaux comme Youtube ont fait que les fashion films se soient multipliés par mille ces dernières années.

Le producteur –qui occupera le poste de président de ce nouveau festival- assure qu’avec un budget compris entre 6.000 à 10 000 euros et beaucoup d’heures de montage, on peut obtenir un film décent.

“Nous avons plus de cent films en candidatures. Je les verré tous. Je suis très exigent et le budget ne doit pas être un obstacle à la créativité. Si un réalisateur a une idée brillante mais n’a pas les moyens financiers pour la mettre en place, je peux l’aider. Les films doivent avant tout avoir une bonne localisation et un bon mannequin. Le reste, c’est –à-dire le scénario, la lumière, la musique et les plans doivent être biens préparés pour que l’ensemble transmette quelque chose de magique. La grande erreur que commettent beaucoup de réalisateurs est le manque de préparation de tous ces éléments avant le tournage. Avec mes équipes, je leur exige que tout soit bien ficelé pour avoir un bon point de départ ».

Autre élément à tenir en compte: la musique. « C’est elle qui va provoquer le consommateur. Si la musique n’accompagne pas bien le produit, le message se dissout ».

“Mon travail est de repérer des talents et de polir ces diamants bruts».

Eduardo de Aysa s’amuse à découvrir de nouveaux talents internationaux et malgré que leurs fiches techniques soient encore à un stade élémentaire, il se charge de « polir ces diamants ». « Je ne regarde pas leur passeport, je me fiche d’où ils viennent car nous sommes dans une ère globale. Cependant je trouve qu’en Espagne nous disposons d’une vraie puissance créative, c’est la raison pour laquelle beaucoup d’écoles de mode et d’audiovisuel ont récemment ouvert. »

“Nos films ont gagné des prix à la Jolla aux Etats-Unis, en Afrique du Sud, à Berlin, dans le monde entier et le talent de directeurs internationaux comme Victor Claramunt ou Manuel Portillo par exemple, mérite d’être reconnu. »

Parmi ses nombreux travaux, De Aysa est fier du relancement mondial de Revlon fin 2014 avec la campagne « Love is on ». Le spot avait été diffusé sur écran géant à Times Square et en deux jours il a obtenu deux millions de visites sur internet.

« Les fashion films doivent rester quelque chose de frais, de léger et de spontané. », Vladimir Marti.

Pour le photographe de mode, Vladimir Marti, né à Buenos Aires (Argentine) et éduqué en Suisse, les fashion films sont la continuité du travail photographique. « C’est une prolongation de la vie des photos avec en plus du mouvement et de la musique. Et grâce à la technique actuelle, on peut réaliser de très bons fashion films d’une façon très spontanée et avec beaucoup moins de budget que dans les campagnes traditionnelles. Ce que j’aime surtout, c’est le côté « fait maison » des fashion films réalisés avec un petit budget, sinon on tombe dans l’annonce publicitaire ».

Si la publicité reste une grosse machine dans l’industrie de la mode, Vladimir Marti pense que les fashion films devraient se maintenir frais, légers, spontanés et surtout très créatifs dans le but de toucher de nouveaux publics comme les amants de l’art en général ou même, pourquoi pas, un public étranger à la mode.

Photos: Pull&Bear 2017 - Collection avec Marc Marquez- de Federico Urdaneta/ Andrés Sarda, cartel de “Unique”, de Victor Claramunt, 2016/ Instyle Germany, “Pool Side”, de Vladimir Martí / Courtoisie: Magna Productions.

Vidéos: “Amen” Hawkers 2015, de Manuel Portillo / « Breaking the Rules », BibiLou SS2015, de Victor Claramunt / Courtoisie: Magna Productions.

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