Alphadi Seidnaly (FIMA) : « La culture et l’art africain commencent à être reconnus à leur juste valeur»
loading...
Pour célébrer ses vingt ans et sa forte contribution dans la reconnaissance des talents africains, le Festival International de la Mode en Afrique (FIMA) a choisi un cadre magique où sera mise en beauté sa prochaine édition du 21 au 24 novembre: la presqu’île de Dakhla, « Perle du Désert », située à l’extrême-sud du Maroc.
Le FIMA, créé en 1998 par Alphadi Seidnaly, faisait à l’époque ses premiers pas au Maroc, sous l’égide du Roi Hassan II, avant de rejoindre le Niger, son pays natal, les années suivantes.
Vingt and plus tard, retour au Maroc pour sa 11 ème édition. Aujourd’hui le Maroc est le plus gros investisseur en Afrique de l’Ouest et le deuxième du continent, mais aussi « l'un des premiers pays africains à avoir compris la portée économique de FIMA et son rôle intégrateur », indique le fondateur de l’évènement. Afin d’en savoir plus sur le rôle de l’art et de la culture comme vecteurs d’intégration africaine, nous avons interviewé Alphadi Seidnaly.
Pourquoi avoir quitté le Niger pour le Maroc ?
Si j’ai rejoint le Maroc, c’est pour montrer la dimension panafricaine du FIMA et les valeurs de paix et d’intégration que cet événement propose. C’est aussi une manière de rendre hommage à Feu Sa Majesté le Roi Hassan II qui était d’un grand appui pour notre évènement, et ce dès sa première édition.
Quel est le rôle du Roi Mohammed VI dans cette 11e édition ?
Le FIMA se déroulera sous le Haut Patronage de Sa Majesté le Roi Mohammed VI, qui soutient le festival et sa mission en faveur du rayonnement de l’Afrique et de ses cultures mais aussi de la paix et de la tolérance. Le Maroc accompagne le FIMA depuis vingt ans et Sa Majesté est très impliquée dans la valorisation de l’Afrique auprès du monde.
Comment décririez-vous la culture et l’art africain aujourd’hui dans un monde global ?
La culture et l’art africain commencent à être reconnus à leur juste valeur. Nos savoir-faire sont ancestraux, ils ont influencé le monde entier et ont été copiés par les plus grands artistes. C’est le cas aussi dans le domaine de la mode. Avec, à chaque fois, la problématique de la reconnaissance qui, il faut bien le dire, est souvent absente dans cette équation. L’art contemporain africain commence aujourd’hui à atteindre des prix très élevés, parfois aussi élevés que ceux de l’art contemporain européen ou d’autres continents. C’est la preuve que l’intérêt porté aux artistes africains est de plus en plus grand, et qu’il doit passer par une prise de conscience générale autour de la manière dont nous devons protéger notre culture.
Plus qu’un festival de mode, il s’agit d’une rencontre « d’intégration, de développement et de paix ». Quelles sont vos attentes à ce sujet sur le long terme ?
Je souhaite que le FIMA soit une rencontre avec le monde, ses créateurs, ses femmes et ses hommes de paix. Car sans paix, le développement ne peut exister. L’Union Africaine a besoin de la culture de son continent et de ses acteurs culturels pour réussir sa mission d’unité.
L’éducation est aussi un des piliers du développement de l’Afrique. C’est pourquoi, ce volet tient une place importante dans les colloques qui sont présentés cette année au FIMA. Nous comptons par ailleurs ouvrir une École Supérieur de Mode et Art (ESMA). Elle permettra aux artistes locaux de s’épanouir grâce à l’éducation et à une formation académique. L’objectif à long terme est de donner toutes leurs chances aux citoyens africains, de révéler leur potentiel et de promouvoir les valeurs que chacun porte en lui.
En quoi l’école « Casa Moda Academy » contribue-t-elle à l’évènement ?
Nous travaillons avec Casa Moda Academy pour apporter un vent de fraîcheur avec un aperçu de ce qu’est la jeunesse créative africaine.
Qui sont les cinq designers étrangers invités à défiler à Dakhla ?
Nous avons invité de très grands noms de la scène internationale : Jean-Paul Gaultier, Jean Doucet, Julien Fournier et Kenzo. Des créateurs africains prestigieux seront aussi présents, parmi lesquels Pathé'O, Collé Sow Ardo, Gilles Touré, et bien d’autres encore.
Photos : FIMA