Yohann Petiot (Alliance du Commerce) : « Notre secteur est loin d’avoir retrouvé son niveau d’avant crise »
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Le chiffre d’affaires global des enseignes de l’habillement a diminué de 5 pour cent au premier semestre 2022 par rapport à la même période en 2019. L’Alliance du Commerce et Retail Int. dressent le bilan amer du marché sur les six premiers mois de l’année et se penchent sur les soldes, débutées le 22 juin.
La situation est loin d’être au beau fixe pour les commerces de l’habillement, et en particulier pour le textile Femme et la Chaussure, précise l’Alliance du commerce. Car, au premier semestre 2022, ce sont essentiellement les lignes Homme et Enfant qui ont tiré le marché de l’habillement.
Globalement, les 60 enseignes (et 10 000 magasins) de l’habillement du panel Retail Int. ont vu leur vente en boutique reculer au premier semestre de -9 pourcent par rapport au premier semestre 2019. Tout comme la fréquentation en magasin qui enregistre une très forte baisse : -21 pour cent comparé à 2019. Cette diminution est toutefois partiellement compensée par une hausse du taux de transformation (+5 pour cent) et du panier moyen (+9 pour cent).
L’Alliance du commerce explique cette baisse par des performances décevantes sur les deux mois les plus importants de la période à cause des contraintes sanitaires en janvier ainsi que « des préoccupations liées au pouvoir d’achat », dans une actualité marquée par une forte inflation, et « un très mauvais démarrage des soldes » en juin. Dans ce contexte, l’organisation observe « le passage d’un “shopping loisir” à un “shopping efficace” davantage préparé en amont de la venue en magasin ».
Les outlets sont les seuls à tirer « leur épingle du jeu »
Sans surprise, l’inflation et le pouvoir d’achat en berne amènent les clients à se tourner davantage vers des points de ventes outlet, les seuls à « tirent leur épingle du jeu avec une hausse de leur chiffre d’affaires de +8 pour cent » au premier semestre 2022. Hormis ces lieux d'achats dégriffés, tous les autres points de ventes sont en difficulté : les centre-villes affichent un recul de -10 pour cent, et centres commerciaux de périphérie -11 pour cent et les gares -18 pour cent.
À Paris, bien que la météo ait apporté le soleil, avec un mois de juin aux airs de juillet ou d'août, cela n’a pas suffi à déclencher beaucoup d’achat comme l’avaient espéré les commerçants interrogés dans une étude du Crocis (centre d’observation du commerce, de l'industrie et des services d'Ile-de-France). Ces derniers estimaient que les fortes chaleurs devraient pousser les consommateurs à acheter des sandales et autres chaussures ouvertes, ainsi que des tee-shirts légers, des shorts, etc.
Les quartiers les plus dynamiques sont impactés
Les changements de mode de vie opérés ces dernières années (le télétravail) et l’absence de touristes asiatiques, impactent l’activité des magasins, même des quartiers les plus dynamiques. On note ainsi 28 pour cent de baisse d’activités pour Opéra/Haussmann/Madeleine et -23 pour cent pour Les 4 temps, le principal centre commercial du quartier de La Défense.
Quant aux soldes, le résultat est tout aussi amer pour les commerces physiques : -19 pour cent de ventes sur les 11 premiers jours. Tandis que le trafic en magasin pour la période des soldes a connu « une spectaculaire chute » de -28 pour cent, selon les termes d'Emmanuel De Courcel, fondateur et CEO de Retail Int.
Enfin, du côté du e-commerce, les ventes du marché de la mode poursuivent leur croissance par rapport à 2019 avec une hausse de 68 pour cent. Elles fléchissent toutefois par rapport à 2021.
En conclusion, Yohann Petiot, directeur général de l’Alliance du Commerce, déclare : « Notre secteur est loin d’avoir retrouvé son niveau d’avant crise. Tous les territoires sont impactés mais plus encore les grandes agglomérations. »