Very bad fripes ? (France 2) : l'enquête qui révèle les coulisses de la seconde main
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La seconde main est-elle éthique et écolo ? Si les friperies se sont imposées comme des alternatives plus durables à la mode rapide, leur modèle peut être remis en cause à bien des égards. Dans son émission Envoyé spécial, France 2 revient sur la manière dont s’approvisionnent les magasins spécialisés dans la mode d’occasion.
33 milliards d’euros. C’est ce que représente le marché de la seconde main dans le monde. Ces dernières années, la mode d’occasion n’a cessé de séduire de plus en plus d’adeptes, pour des raisons économiques et écologiques. Mieux que la fast-fashion certes, mais le marché de la seconde main est-il aussi éthique qu’il ne semble l’être ? France 2 a mené l’enquête.
La seconde main, un marché internationalisé
Eric Rey, patron de la chaine de vêtements d’occasion Kiloshop, est un acteur majeur du marché français avec 28 magasins sur le territoire. Car le principe même de la seconde main est de ne pas produire, il se fournit auprès de fournisseurs et joue également un rôle de distributeur auprès de friperies du monde entier.
« Par semaine, on reçoit entre 30 et 40 tonnes », explique-t-il. Dans son entrepôt de 20 000 mètres carrés, on retrouve environ 15 millions de vêtements. Chaque année, Eric Rey écoule ainsi 1700 tonnes de vêtements d’occasion.
Mais d’où proviennent toutes ces pièces ? France 2 a tenté d’élucider le mystère du sourcing de la seconde main, qui reste particulièrement complexe. En effet, il est souvent très difficile de tracer la provenance d’un vêtement.
Des conditions de travail difficiles
La friperie fait le tour de la planète avant de rejoindre nos placards, explique le reportage. Ce sont plus de 180 000 tonnes de vêtements d’occasion qui ont été exportées en 2023. Le continent asiatique, et en particulier l’Inde, joue un rôle majeur dans l’économie d’occasion, véritable « plaque tournante » du commerce mondial de la friperie. Le centre de tri US Clothing, spécialisé dans la gestion de vêtements d’occasion, reçoit 400 tonnes d’articles par jour.
Ses employées, des femmes, sont chargées de trier les vêtements de bonne qualité qui repartent en Europe et ceux de moins bonne qualité qui se dirigent vers l’Afrique. Elles travaillent debout, en moyenne huit heures par jour pour un salaire d’environ 80 euros par mois. L’une d’entre elles, interrogée au cours de l’enquête, confie que son corps ne suit plus. Les conditions de travail sont particulièrement éprouvantes : une pause déjeuner limitée à 25 minutes, l'absence totale de congés et des fouilles systématiques pour prévenir les vols.