Une centaine de jeunes marques françaises dénoncent la « prime au vice »
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La tribune a été signée par une centaine de jeunes marques françaises. Des marques de mode indépendantes et écoresponsables, qui évitent de multiplier les collections, qui relocalisent, qui luttent contre la main d’oeuvre à bas coût. Parmi les marques signataires : La Tête dans les Nuages, Maille à part, WeCostore, YCCA, Asphalte, etc. Leur initiative est soutenue par des acteurs du secteur textile : des sociétés ou des groupements tels que France Terre Textile, Entada Textile, Lemahieu, 3D-Tex, AGL Conseil ou encore L’Ecole de la Maille de Paris pour ne citer que quelques noms. Ces marques s’estiment lésées. Elles le font savoir dans un appel qui sera publié ce mercredi 7 juillet.
« Nous sommes des marques textiles françaises et nous essayons de faire notre part dans la lutte contre le changement climatique, mais nous constatons que nos efforts sont sans effet, si toutes les entreprises qui vendent des vêtements en France ne s’impliquent pas à la même hauteur » proclame la tribune. Les chefs d’entreprise estiment en effet que leurs engagements les désavantagent. Ces engagements tirent pourtant leurs sources de préoccupations légitimes : « Nous sommes des chefs et cheffes d’entreprises textiles françaises, et comme tout le monde, nous voyons se matérialiser avec effroi les conséquences du dérèglement climatique : les étés deviennent caniculaires, les inondations et les incendies se font plus fréquents. Pourtant notre industrie émet toujours plus de gaz à effet de serre. En cause, la quantité de vêtements produite qui continue à augmenter chaque année, et la fabrication majoritairement délocalisée à l’autre bout du monde, dans des usines qui tournent au gaz ou au charbon. »
«Aujourd’hui, plus une entreprise pollue et plus elle est compétitive »
Leur constat est sans appel : « Aujourd’hui, plus une entreprise pollue, moins sa production lui coûte cher et plus elle est compétitive. Quand nous relocalisons, nos vêtements deviennent bien plus chers que ceux fabriqués à bas coût à l’autre bout du monde. Quand nous sortons du cycle infernal des soldes et des promotions, les “prix cassés” attirent les clients ailleurs. Quand nous ralentissons le rythme de nos collections, afin de moins pousser à la consommation, d’autres marques renouvellent les leurs toujours plus rapidement, nous prenant ainsi des parts de marché. C’est indéniable : il y a aujourd’hui un avantage économique à produire de manière irresponsable. Une “prime au vice” que nous dénonçons. » L’éthique, d’après ces entreprises, pèsent bien peu face aux géants tels que Primark, Boohoo, Forever 21, H&M ou Zara qui renouvellent toujours plus vite leurs collections vendues à des prix cassés. »
Il n’est pas courant que des entreprises, a fortiori des entreprises de mode, demandent qu’on les régule et que des règles justes s’appliquent à tous. C’est pourtant l’objet de cette tribune qui demandent des modifications très précises dans les critères de calcul et d’attribution de l’éco-contribution des vêtements. Ces critères seront revus d’ici quelques mois. Ces jeunes entreprises demandent l’augmentation de l’éco-contribution afin qu’elle soit vraiment incitative (elle s’élève aujourd’hui à 0,06 euros par vêtement) : « en 2025, il faut qu’elle atteigne 5€ pour les marques ayant les plus mauvaises pratiques » proposent les signataires.
Payer réellement les coûts environnementaux générés
Autre demande : l’indexation prioritaire sur les émissions de gaz à effet de serre, dont 70 pour cent proviennent de la phase industrielle, les matières premières représentant à peine 30 pour cent. Cette mesure, estiment les jeunes labels, favoriserait la relocalisation de l’industrie en France où l’énergie est moins carbonée. Enfin, cette centaine d’entrepreneurs souhaitent la pénalisation des stratégies de forte incitation à la consommation, parmi lesquelles figurent le renouvellement rapide des collections, les promotions systématiques ou le greenwashing avéré. « Pour que notre industrie fasse sa part dans la lutte contre le dérèglement climatique, il faut complètement renverser notre cadre règlementaire. C’est pourquoi nous demandons, nous jeunes marques textiles, que la loi oblige les entreprises de l’habillement, les nôtres y compris, à payer réellement les coûts environnementaux qu’elles génèrent. Nous sommes pour une concurrence non-faussée et vertueuse. »
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Crédit : Tissage de France qui fait partie de 1083