SoftBank Group, "la poule aux oeufs d'or", est de retour, claironne son PDG
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Tokyo - “Nous sommes une poule aux oeufs d’or”, s’est vanté lundi le PDG du géant japonais des investissements dans les nouvelles technologies SoftBank Group, qui a de nouveau dévoilé de très bons résultats trimestriels grâce à la forme des marchés financiers.
Le bénéfice net du groupe a atteint 1 172 milliards de yens (9,2 milliards d’euros) sur son troisième trimestre 2020/21, un chiffre multiplié par 21 sur un an. Ses fonds Vision Fund 1 et 2 ont enregistré entre octobre et décembre de nouveaux gains sur investissements record, effaçant leurs précédents sommets du trimestre précédent.
Le Vision Fund 1 a notamment profité en décembre du succès tonitruant de l’introduction à Wall Street de DoorDash, géant des livraisons à domicile de repas et de courses, et de l’envolée du titre du géant américain des VTC Uber. Le contraste est total avec la situation de SoftBank Group il y a près d’un an, avec sa perte record de 961,6 milliards de yens (8,3 milliards d’euros) accusée en 2019/20, victime de la débâcle des marchés financiers au début de la pandémie et d’investissements ayant viré au désastre, comme WeWork. Aussi le fondateur et PDG du groupe, Masayoshi Son, n’a pas boudé lundi son plaisir de prendre sa revanche sur les critiques.
“Nous sommes une poule aux oeufs d’or (…) mais beaucoup de grands médias affirmaient que nous avions seulement des oeufs pourris”, a jubilé l’emblématique patron lors de sa traditionnelle conférence fleuve post-résultats.
Tournant réglementaire “sain” en Chine
M. Son a assuré n’avoir “jamais douté” du bien-fondé de sa stratégie, et exprimé son souhait d’intensifier les investissements dans les biotechs et des sociétés d’intelligence artificielle pour dénicher de nouveaux “oeufs d’or”. Mais son groupe peut aussi remercier les politiques monétaires ultra-accommodantes des grandes banques centrales face à la pandémie, abreuvant de liquidités les marchés financiers depuis le printemps 2020. Et les valeurs technologiques ont le vent en poupe, favorisées par l’accélération de la transition numérique mondiale avec la crise sanitaire. Le total des gains sur investissements de SoftBank Group s’est élevé à 1 766,1 milliards de yens (13,9 milliards d’euros) sur le trimestre écoulé, contre une perte de 84,2 milliards de yens un an plus tôt.
SoftBank Group a toutefois été freiné par les vents contraires qui ont affecté ces derniers mois le titre Alibaba, dont il est le premier actionnaire. Le mastodonte chinois du commerce en ligne a été malmené en Bourse dès novembre avec le report sine die de l’introduction en Bourse d’Ant Group, géant des paiements en ligne dont il est proche. Puis en décembre, Alibaba lui-même est tombé dans le viseur des autorités chinoises de la concurrence. M. Son a préféré lundi juger “sain” le durcissement réglementaire de la Chine vis-à-vis de ses géants de l’internet. “Cette évolution a déjà eu lieu aux Etats-Unis, en Europe et au Japon (…), cela va aider à la croissance future” de ces groupes, a-t-il affirmé.
Pas de prévisions
SoftBank Group détient aussi des titres dans le gratin de la tech américaine (la maison mère de Google Alphabet, Amazon, Facebook, Microsoft, Netflix…) et dans de nombreuses start-up du monde entier. Il n’a toujours pas livré de prévisions de résultats 2020/21, soulignant les “nombreuses incertitudes” entourant ses futures performances. De fait, ses résultats deviennent de plus en plus dépendants de l’évolution des marchés financiers.
En mars, SoftBank Group avait lancé un colossal programme de cessions d’actifs de 4 500 milliards de yens (41 milliards de dollars). Initialement prévu sur un an, cet objectif a été largement dépassé en seulement six mois, avec 5 600 milliards de yens d’actifs vendus fin septembre 2020. Le groupe a utilisé une partie de cet argent pour réduire son endettement et financer des rachats de ses propres actions, mais dispose d’un épais surplus dont il n’a pas encore déterminé l’usage à ce jour. SoftBank Group a aussi enclenché mi-septembre la vente de Arm, fabricant britannique de microprocesseurs, à l’américain Nvidia pour 40 milliards de dollars.
Cette transaction, susceptible de faire tiquer plus d’une autorité de la concurrence dans le monde, ne devrait pas être finalisée avant 2022 selon le calendrier actuel. M. Son s’est dit lundi confiant sur la réussite de l’opération.
Crédit : Flickr, by leighklotz