Selon un rapport, les certifications éco-responsables de la mode peuvent mener au greenwashing
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Les programmes de certification, les labels et autres diverses initiatives du secteur la mode visant à la rendre plus écologique ne serviraient finalement qu’à guider l'industrie vers plus de greenwashing. C’est le triste constat que vient de livrer un rapport mené par Changing Markets Foundation.
Publié par EU Textile Strategy, le rapport informe que même les plus sérieux programmes d’éco-responsabilité, tel que The Sustainable Apparel Coalition, « contribuent à renforcer la dépendance de l'industrie de la mode aux combustibles fossiles ». Ces programmes demeurent par ailleurs muets quant à la question de la fast fashion.
Parmi les dix programmes et initiatives de l’industrie analysés dans l’enquête – dont la fondation Ellen MacArthur –, aucun ne propose de critères assez élevés pour avoir un impact véritablement écologique. Le rapport pointe notamment du doigt le manque d’ambition et de responsabilité des acteurs.
Parmi les failles de ces programmes, l’étude mentionne notamment le fait que la The Higg Index de the Sustainable Apparel Coalition (SAC) n’ait pas indiqué d’impact mesurable depuis une décennie.
« Ces programmes ne sont pas ambitieux, ils ne sont pas responsables, ils sont compromis... »
Ainsi, bien que le nombre d'initiatives en faveur d’une mode plus responsable se soit multiplié au cours des cinq dernières années, l’étude souligne que l'industrie ne répond pas aux préoccupations concernant la durabilité. La situation se serait même dégradée au cours des vingt dernières années puisque « l'utilisation de la fibre de polyester a plus que doublé, entraînant la dépendance de l'industrie à l'extraction continue des combustibles fossiles et alimentant la surproduction et les montagnes de déchets », peut-on lire dans le communiqué.
George Harding-Rolls, responsable de campagne à la Changing Markets Foundation, a déclaré : « Alors que les marques de mode doublent la production et la destruction de l'environnement, elles utilisent des programmes de certification de durabilité et des initiatives volontaires comme écran de fumée. Ces programmes ne sont pas ambitieux, ils ne sont pas responsables, ils sont compromis et servent de leurre à l'ensemble de l'industrie pour des pratiques non durables, permettant ainsi un greenwashing sophistiqué à grande échelle ».
Selon George Harding-Rolls, la solution se trouve dans une législation complète. L’enquête précède d’ailleurs la publication d’un rapport de l’EU strategy for sustainable textiles, qui doit être publié le 30 mars et qui s'attaquera à la surconsommation et aux déchets produits par l'industrie de la mode, pointant du doigt la fast fashion.
Pour se faire une idée plus précise de ce que l'organisation Changing Market entend par greenwashing, le consommateur est invité à se rendre sur le nouveau site web Greenwash.com. La plateforme s’intéresse aux fiches produits des articles issus de la fast fashion et explique pourquoi un vêtement indiqué « fabriqué de façon durable », n’a, en fin de compte, rien de durable.