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Richemont va encore supprimer des emplois

Par Herve Dewintre

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Le mauvais temps continue pour le groupe suisse, numéro deux mondial du luxe. Pourquoi LVMH et Kering affichent ils des résultats satisfaisants cette année - tout spécialement ce 3eme trimestre - alors que Richemont continue d’annoncer des chiffres en recul ? La réponse tient en quelques mots : l’horlogerie est en crise. L’horlogerie haut de gamme bien entendu.

Contrairement à LVMH et Kering, le groupe Richemont, propriétaire du magnat Johann Rupert, est pour une très large part, composée de maisons horlogères et joaillières. Toutes sont confrontées à la baisse de la demande pour les garde-temps de haute facture un peu partout dans le monde, en Asie-Pacifique et en Europe plus précisément. Grosso modo, les ventes de montres du groupe Richemont ont chuté d’un quart cette année.

Cette demande en baisse n’est à priori pas liée à de mauvaises décisions marketing ni à un manque de désirabilité des produits proposées mais à des facteurs exogènes tels que : la mise en place d’une politique anti-corruption en Asie qui interdit désormais les cadeaux luxueux liés à des petits arrangements entre amis ; ou encore les attentats en Europe.

Privées de cet eldorado asiatique, les manufactures ont des problèmes de « surproduction ». Ces problèmes, on le devine, seront réglés aisément par des suppressions d’emplois. Richemont a déjà supprimé 350 postes en début d’année. Richard Lepeu, directeur général de Richemont déclarait récemment qu’il n’y aurait pas d’autres suppressions. Seulement voilà, Johann Rupert ne l’entend pas de cette oreille. Le propriétaire revient dans l’arène et compte bien imputer cette baisse de la demande aux hommes en place. Plusieurs séismes internes sont donc à prévoir.

Premier choc, un nouveau duo a été promu à la tête de Richemont. Exit donc Richard Lepeu et Gary Saage, directeurs général et financier du groupe qui laissent leur place à Georges Kern et Jérôme Lambert, respectivement patrons d’IWC et de Montblanc. Georges Kern occupera le poste nouvellement créé de « chef de l’horlogerie, du marketing et du numérique » tandis que Jérôme Lambert deviendra responsable des « services centraux et régionaux des marques autres que celles de joaillerie et d’horlogerie ». Seuls Cyrille Vigneron et Nicolas Bos, respectivement patrons de Cartier et de Van Cleef & Arpels garderont une certaine indépendance ; il faut dire que les ventes joaillières résistent bien. Pour les autres patrons, par contre, le compte à rebours commence.

Deuxième choc : il y aura de nouvelles suppressions d’emplois. Richard lepeu était contre, mais la nouvelle équipe n’aura pas d’autres choix que de dégraisser. Selon une source proche du dossier, on parlera de 200 à 250 suppressions supplémentaires en l’absence d’un rebond notable de la demande pour les montres de prestige. Le groupe engagerait en novembre un processus de consultation avec les partenaires sociaux et les représentants du personnel.

« Moins de cheveux blancs »

Toutes les marques ne seront pas touchées de la même façon. IWC et Montblanc n’ont à priori rien à craindre : les chiffres sont les meilleurs du groupe, comme le prouve la nomination de leurs patrons à des postes stratégiques pour le groupe. Les maisons Cartier et van Cleef seraient également épargnées. Van Cleef & Arpels se portent bien grâce à la vision de son patron Nicolas Bos qui fait des prodiges et Cartier a déjà été dégraissé en début d’année. Les marques les plus touchées seront Piaget et Vacheron Constantin. C’est en tout cas ce qu’indique le syndicat Unia : les employés ont été informés vendredi. Les patrons de Panerai, Vacheron Constantin, Piaget et Jaeger Lecoultre seraient également sur la sellette. Enfin, troisième choc : il y aura encore des rachats de stocks auprès des détaillants. Des rachats équivalents avaient déjà eu lieu les mois précédents : ils pèseront lourd dans la balance des prochains résultats semestriels.

Au final, quelles sont les mesures prises par Richemont ? Primo : adapter la production à la demande. C’est le B.a.-ba : cela montre aux actionnaires que des actions fortes sont menées. Deuxio : mettre du sang neuf dans l’entreprise : Johann Rupert a indiqué à des journalistes qu’il voulait « moins de cheveux blancs d’homme français » et « voir plus de femmes, plus de nationalités différentes » dans les équipes dirigeantes. Tertio : il va falloir s’adapter à la nouvelle réalité de l’industrie. C’est là où les mesures annoncées semblent plus floues. Cette réalité passera surement par le e-commerce et le digital ; mais personne, à l’heure actuelle, n’est capable de dessiner le profil type du nouveau consommateur de montres, prêt à mettre des sommes conséquentes pour avoir des montres de belle facture (14500 euros la nouvelle Piaget, chronographe, automatique, en acier) , voire d’excellence (voir les prix d’une Vacheron Constantin) : la nouvelle génération de consommateurs ne collectionne plus les montres d’exception comme autrefois. Quant aux prix, ne sont-ils pas aujourd’hui trop élevés, même auprès des amateurs de beaux objets manufacturés, pour espérer voir se raviver la flamme de l’envie pour les montres de qualité ? Les manufactures vont incontestablement devoir effectuer ce travail de pédagogie auprès de ce nouveau public pour justifier leur prix.

Crédit photos : La nouvelle montre Piaget Polo S, montre Chronographe, automatique, acier, 42 mm. 14500 euros. www.piaget.fr

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