Richemont confie les rênes de Cartier au patron de Vacheron Constantin
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Zurich - Le géant du luxe Richemont organise la succession à la tête de la maison de joaillerie Cartier en confiant les rênes aux Français Louis Ferla, qui s'est illustré à travers le succès de la marque horlogère Vacheron Constantin.
Il succédera à partir du 1er septembre à Cyrille Vigneron qui prend sa retraite après huit années aux commandes de Cartier, la marque phare de Richemont. Il prendra alors la présidence de la fondation philanthropique de Cartier et travaillera aux côtés de M. Ferla pour assurer "une transition en douceur", précise le communiqué de Richemont.
Johann Rupert, le président et fondateur du groupe, a mis en avant "son expérience", soulignant que M. Ferla a porté "Vacheron Constantin au sommet de la Haute Horlogerie".
Dans un communiqué séparé, Richemont annonce que la Française Catherine Rénier, qui dirige actuellement la marque horlogère Jaeger-LeCoultre, se verra confier la direction de la maison de joaillerie Van Cleef & Arpels le 1er septembre pour remplacer Nicolas Bos, qui va assumer la direction générale du groupe.
Vers 11H10 GMT, l'action grimpait de 0,39% 141,10 francs suisses, à contre-tendance du SMI, l'indice de référence de la Bourse suisse, en baisse de 0,92%. La semaine passée, le titre avait gagné près 3% lorsque l'agence Bloomberg avait révélé que le Bernard Arnault, le président et fondateur de LVMH, avait pris une "petite" participation dans Richemont.
M. Ferla rejoint Richemont en 2001, débutant au sein de la marque Alfred Dunhill. Il avait ensuite rejoint Cartier en 2006 d'abord au Moyen Orient, en Inde et en Afrique avant d'en prendre la direction en Chine. En 2015, il est promu au comité de direction de Cartier en tant que directeur international de la clientèle. En 2017, il est nommé à la tête des montres Vacheron Constantin.
"Louis Ferla est un successeur idéal", a réagi Patrik Schwendimann, analyste à la banque cantonale de Zurich, dans un commentaire de marché, au vu notamment du "grand succès" de Vacheron Constantin ces dernières années.
Jon Cox, analyste chez Kepler Cheuvreux, prévient toutefois que M. Ferla a "de grands souliers à chausser compte tenu de l'excellent travail réalisé par M. Vigneron", a-t-il indiqué à l'AFP.
Toutefois M. Ferla a fait une grande partie de sa carrière chez Cartier et a "un bon bilan chez Vacheron Constantin", juge l'analyste.
Pied dans la porte
Richemont ne dévoile pas ses ventes par marques, mais selon les estimations de la banque américaine Morgan Stanley et du cabinet suisse LuxeConsult, les ventes de Vacheron Constantin avoisinaient 1,09 milliards de francs suisses (1,1 milliard d'euros) en 2023, en hausse de 18%, dépassant pour la première fois la barre du milliard de chiffre d'affaires.
D'après leurs calculs, le prix moyen des montres de cette marque se situe aux environs de 38.700 francs. Selon eux, son essor ces dernières années s'explique notamment par le recentrage géographique lancé par M. Ferla qui a permis à la marque d'être davantage vendue aux Etats-Unis et de moins dépendre de la demande en Chine.
Ces changements chez Cartier et Van Cleef & Arpels interviennent alors que les interrogations fusent quant aux intentions de Bernard Arnault, qui avait par le passé constitué une participation dans la maison Hermès, à la surprise des actionnaires familiaux.
Selon l'agence Bloomberg, le montant de sa participation dans Richemont est incertain et d'après une source proche du dossier, qui n'a pas été nommée, M. Arnault ne l'a acquise qu'à des fins "d'investissement".
"Le pied de Bernard Arnault dans la porte de Richemont" intervient à un moment "propice aux acquisitions", a souligné le journal Le Temps, même si un rachat semble "improbable" selon un analyste interrogé par le quotidien suisse.
Le milliardaire Sud-Africain Johann Rupert, 74 ans, détient 51% des droits de vote et dément régulièrement des rumeurs de rachat, affirmant que le groupe souhaite rester indépendant.
Mais lors des résultats annuels de LVMH, M. Arnault avait évoqué Richemont et dit que si M. Rupert "a besoin de soutien pour maintenir son indépendance, (il sera) là".
Les questions restent pour l'instant sans réponse, mais "quand Bernard Arnault entre en scène, l'intrigue devient shakespearienne", estime le journal Le Temps.(AFP)
Note de la rédaction : Le titre et le texte de cet article ont été mis à jour après sa publication avec les dernières informations de l'AFP.