Richemont anticipe une chute de 45 pour cent de son bénéfice opérationnel semestriel

Le groupe suisse Richemont, le numéro deux mondial du luxe, s'attend à voir son bénéfice fondre de 45 pour cent au premier semestre après un début d'exercice difficile entre les attentats en France et les revers de fortune de l'horlogerie suisse à Hong Kong.

Sur les cinq premiers de son exercice 2016/2017 décalé, le groupe propriétaire de la maison de joaillerie Cartier a accusé une baisse de ses ventes de 14 pour cent une fois converties en euros, le repli le plus marqué venant de ses activités en Europe, où elles ont chuté de 20 pour cent.

Le groupe genevois, qui fournissait un aperçu général de la marche des affaires à l'occasion de son assemblée générale, a attribué cette contraction en particulier à ses activités en France, minées par la baisse significative de la fréquentation touristique. Richemont a toutefois mis en lumière le cas du Royaume-Uni, où les ventes ont renoué avec la croissance depuis que la livre sterling s'est affaiblie dans le sillage du référendum de juin en faveur de la sortie de l'Union européenne.

La baisse des achats touristiques ne s'est toutefois pas cantonné au Vieux Continent, les ventes au Japon plongeant également de 15% face à la force du yen qui a elle aussi contribué à freiner les dépenses. L'an passé, l'Europe et le Japon avaient fourni un filet de sécurité aux horlogers suisses, où les touristes chinois étaient allés faire leurs emplettes pour profiter notamment de taux de change plus favorables, plutôt qu'à Hong Kong, leur destination traditionnelle pour les achats de produits de luxe, boudée depuis la "Révolution des parapluies" en 2014.

Reprise de stocks à Hong Kong

La baisse persistante des ventes à Hong Kong a poussé Richemont, qui rivalise avec le français LVMH, le numéro mondial du secteur, à proposer aux détaillants à Hong Kong et Macao de reprendre une partie des stocks sur les modèles qu'ils peinent à écouler.

Pour l'ensemble de la région Asie Pacifique, les ventes ont chuté de 12 pour cent, malgré une reprise de la croissance en Chine Continentale, un de ses marchés clés pour les montres, qui avait souffert depuis l'introduction en 2013 de mesures de lutte contre la corruption interdisant les cadeaux extravagants. Dans la zone Amériques, l'érosion des ventes s'est quant à elle limitée à 8 pour cent, grâce à une dynamique positive sur les ventes de bijoux et d'accessoires qui a toutefois été contrebalancée par un déclin de l'horlogerie, a précisé le groupe dont le portefeuille de marques inclut notamment les montres Piaget et IWC.

Pour l'ensemble du premier semestre, qui sera bouclé au 30 septembre, Richemont table sur un recul de son bénéfice opérationnel d'environ 45 pour cent, qu'il a imputé à la fois aux rachats de stocks ainsi qu'à des charges de restructurations uniques d'environ 65 millions d'euros. Le groupe, qui s'attend à ce que ces conditions difficiles persistent durant le mois de septembre, a précisé que son bénéfice net devrait être affecté dans les mêmes proportions, tout en notant que s'y ajoutera également les effets de changes qui ne peuvent pas encore être complétement quantifié.

A 10H08 GMT, le titre perdait 2,84 pour cent à 58,10 francs suisses alors que le SMI, l'indice des valeurs phares de la Bourse suisse, gagne 0,25 pour cent. Ce repli ne constitue pas une surprise, a toutefois nuancé Rene Weber, analyste chez Vontobel dans une note, rappelant que les exportations de montres suisses pour l'ensemble du secteur avaient baissé de 12 pour cent pour la période allant d'avril à juillet.

Les exportations de montres suisses ont fondu de 3,3 pour cent en 2015, reculant pour la première fois depuis 2009, et ont depuis continué de dégringoler, accusant une baisse de 10,6 pour cent au premier semestre, selon les statistiques de la Fédération horlogère suisse.

Le groupe français Hermès, qui publiait pour sa part ses résultats du premier semestre, a quant à lui indiqué que ses ventes en horlogerie, la plus petite de ses activités, étaient restées stables, affichant une hausse de 1 pour cent. (AFP)