Révélation : Shein aurait contacté des députés français pour influencer la loi anti-fast fashion
5 mars 2025
D'après les informations du média CMCM, le géant de l'ultra-fast fashion Shein aurait contacté directement certains députés, notamment ceux de la Commission du développement durable, chargée du dossier sur la loi anti-fast fashion. Cette nouvelle donnée vient corroborer les rumeurs et les accusations concernant un « lobby Shein ».
La proposition de loi visant à réduire l’impact environnemental de l’industrie textile (dite loi anti-fast fashion) a été examinée puis adoptée à l'Assemblée nationale en mars 2024 et attend depuis son examen par les sénateurs. Cette attente a suscité la colère du secteur de la mode française qui s'interroge sur les raisons de cette pause. C'est dans ce contexte que la révélation de CM-CM.fr a été faite ce mardi 4 mars. Selon un document publié par le média, l’entreprise basée à Singapour aurait contacté en personne certains députés pour les rencontrer « dans le cadre des débats à venir au Sénat ».
Le mail a été expédié quelques jours après l’adoption le 14 mars 2024 de la loi anti-fast fashion à l’Assemblée nationale et a été envoyé par un consultant d’une agence « spécialisée dans le conseil en communication stratégique et sensible ». Le consultant a été missionné par Shein pour proposer à certains députés une rencontre avec le directeur des affaires publiques de l'entreprise, « dans le cadre des débats à venir au Sénat sur la fast fashion ».
Selon le média, le mail serait resté sans réponse, poussant le consultant de Shein a renvoyé un second message quelques jours plus tard.
Fin février, dans l’hémicycle du Sénat, Sylvie Valente-Le Hir, rapporteure du texte de la proposition de loi, avait interrogé le gouvernement sur le sujet.
« Qu’attendons-nous ? a demandé Sylvie Valente-Le Hir. Rapporteur d'une proposition de loi visant à réduire l’impact environnemental de l’industrie textile au Sénat, après que celle-ci fut adoptée il y a bientôt un an à l'Assemblée nationale, il est plus que temps de passer aux actes, Madame la Ministre. (...) Nous sommes prêts au Sénat. » Et d'ajouter : « Ma question est simple, quelle est votre position ? Soutenez-vous cette démarche de préservation et de souveraineté économique ? »
La ministre déléguée au Commerce, Véronique Louwagie, lui a répondu que l'inscription de la loi n'a pas été retirée, mais décalée. Elle précise que le gouvernement espère l'examen de ce texte avant l'été, avec des mesures renforcées. Elle informe par ailleurs travailler sur le texte pour le rendre « plus robuste », faire en sorte qu'il n'y ait pas « d'effet de bord qui pourrait pénaliser nos entreprises ».