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Rana Plaza : un non-lieu pour Auchan, les ONG font appel

Par Sharon Camara

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Photo Credits: Clean Clothes Campaign.

Sept ans après l’ouverture de l’enquête sur les pratiques commerciales trompeuses du groupe Auchan suite à l’effondrement de l’immeuble Rana Plaza, le verdict est tombé et la justice a annoncé un non-lieu. Les ONG impliquées ont décidé de faire appel de la décision.

L'effondrement du bâtiment Rana Plaza s’est produit il y a plus de neuf ans mais le drame continue de hanter l’industrie de la mode. À la suite de cette catastrophe qui a fait plus de 1000 morts, des ONG et associations de défense des droits de l’homme se sont lancées dans une bataille contre les grands groupes qui sous-traitent auprès d’entreprises locales. Parmi elles, beaucoup d’acteurs de la fast fashion comme H&M, Zara, Primark et Mango.

Auchan, groupe spécialisé dans la grande distribution figure aussi sur le banc des accusés. L’entreprise française, qui communique beaucoup sur son engagement RSE notamment en ce qui concerne les conditions de travail de ses collaborateurs, est accusée d’avoir collaboré avec les sous-traitants du Rana Plaza, dont l’attitude envers les travailleurs est remise en cause. Derrière la plainte déposée le 24 avril 2014, il y a l’association Sherpa, ActionAid et le Collectif Ethique sur l’étiquette. L’entreprise française est poursuivie car l’image qu’elle donne dans sa communication semble être loin de la réalité : « des étiquettes de la marque du distributeur In Extenso avaient été retrouvées dans les décombres lors de l’effondrement du Rana Plaza en 2013 au Bangladesh. (...) Au vu des conditions de travail régnant au Rana Plaza, les engagements éthiques d’Auchan, par lesquels elle se targuait de faire respecter les droits des travailleurs et travailleuses sur l’intégralité de sa chaîne de valeur, constituaient des pratiques commerciales trompeuses », ont fait savoir les ONG dans un communiqué.

Une première plainte classée sans suite

Un an après l’ouverture de l’enquête, en 2014, la plainte des ONG a été classée sans suite. Par la suite, les organisations se sont constituées partie civile. Une mission d’enquête sur place a permis de récolter des éléments sur les conditions de travail et de salaires dans plusieurs autres usines des sous-traitants d’Auchan. Sept ans plus tard, la justice a prononcé un non-lieu, le 27 avril dernier, en pointant du doigt, une insuffisance de preuves. « Au cours de l’instruction, une commission rogatoire internationale a été transmise par le juge d’instruction français aux autorités bangladaises. Alors qu’aucune enquête n’a pu être effectuée au Bangladesh, faute d’aboutissement de cette commission rogatoire internationale et notre demande d’enquête complémentaire en France restée sans succès », ont fait savoir les associations qui annoncent vouloir faire appel de cette décision.

« Nous alertons sur la défaillance du système d’entraide judiciaire internationale, qui n’a pas permis d’approfondir l’enquête. Au-delà, nos organisations estiment que les éléments récoltés lors de leur enquête sur le terrain devraient permettre la poursuite de l'affaire », ont-elles ajouté. Les ONG regrettent également le manque de coopération judiciaire internationale et militent pour une répression efficace des pratiques de blanchiment d’image : « Face aux effets d'affichage dont usent et abusent les multinationales concernant leurs engagements éthiques, face à la difficulté d’accès aux preuves, la réalité des conditions de travail des ouvrières de l'industrie textile, reste grave », dénonce Salma Lamqaddam, chargée de campagne droits des femmes à ActionAid.

À la suite de l'effondrement du Rana Plaza, qui a fait 1 135 morts, Auchan a fait une promesse de don d’un montant de 1,5 million de dollars au fonds de solidarité destiné aux blessés. Malgré ce geste, l’entreprise n’a pas reconnu son implication dans le drame.

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