Qui va reprendre les slips Eminence?
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Pas de panique: le leader des sous-vêtements masculins se porte bien; enfin disons plutôt qu’il se porte mieux. L’entreprise base en Camargue, à Aimargues plus précisément, a certes connu un trou d’air ces dernières années. Mais les ventes sont reparties à la hausse depuis 2016 grâce notamment aux marchés publics (l’entreprise fournit des polos high tech : anti-feu et anti-moustique à la police française, des chemises tactiques à porter sous des gilets pare-balles pour l’armée) et à la fabrication en sous-traitance (pour Celio, Monoprix, Carrefour mais aussi pour le Slip Français) : résultat, le groupe est parfaitement relancé. La société recrute, le chiffre d’affaire augmente : il devrait atteindre 129 millions d’euros sur l’exercice en cours, soit 3 pour cent de plus que l’an passé. L’entreprise est en passe de revenir à son haut historique de 130 millions d’euros sur un marché en recul.
Malgré ces bonnes nouvelles, le groupe français pourrait changer d’actionnaires. C’est le Figaro qui dévoile l’info. En effet, le fonds d’investissement LB0 France contrôle Eminence depuis 2011. Six ans pour un fond d’investissement, c’est suffisant. Ce fonds qui est également actionnaire de The Kooples, IKKS et Bexley n’a donc “pas vocation à rester davantage au capital de l’entreprise”. D’apres le quotidien, plusieurs industriels et fonds se sont d’ores et déjà penchés sur le dossier. Aucun scenario n’est pour l’instant privilégié.
Une histoire française
Présidé par Dominique Seau, le groupe Eminence est le résultat d’une vieille histoire française. Sa création remonte à 1944, quand un technicien cévenol protestant sauve la vie d'un représentant de commerce juif. Georges Jonathan et Gilbert Sivel créent ainsi la marque en hommage au cardinal de Richelieu. Trois ans plus tard, au cours d'un voyage en Argentine, Georges Jonathan découvre que les gauchos de la pampa portent un slip fendu. La société reprend l'idée et crée un « siip à poche : le modèle 100 en « petit point noué », puis fin des années 1950 le célèbre modèle 108 en côtes fines. Grâce à ce nouveau modèle, la société Éminence devient spécialiste du sous-vêtement masculin. Quelques années plus tard, les familles fondatrices fondent en 1962 la marque Athena pour répondre aux besoins des grandes surfaces qui viennent de naître.
Le groupe rassemble plusieurs marques : la marque éponyme tout d’abord (Eminence, 23 millions d'euros de chiffre d'affaires) la marque Athena (70 millions d'euros de chiffre d'affaires) surtout présente dans la grande distribution. La marque Liabel, en Italie, fait également partie du groupe. Chaque marque développe sa propre stratégie. Accessible et sportive, fabriquée en Asie, la marque Athena par exemple se diversifie dans la femme et croit beaucoup au coton bio. Eminence mise pour sa part sur l’innovation (notamment en ce qui concerne la fabrication en sous-traitance) et sur la “french touch” qui plait beaucoup à l’étranger où la marque réalise déjà 25 pour cent de son chiffre d’affaires. Le groupe travaille actuellement dans un projet avec plusieurs partenaires, soutenu par le gouvernement, pour la mise au point d'un vêtement du futur. Destiné par exemple aux militaires ou encore aux pompiers, il permettra de travailler en milieu hostile, avec des transferts de données pour alerter sur le niveau de température ou le stress cardiaque.
Dominique Seau savoure ces bons résultats : Eminence a une visibilité sur les trois ans à venir en termes de volumes assurés pour ses usines d'Aimargues et de Sauve dans le Gard. « Ce qui nous permet d'investir en termes de machines et de recruter en contrats à durée indéterminée (CDI) pour des postes de brodeuse ", indique le dirigeant. La société emploie 900 personnes en Europe dont 500 en France. Dans le Gard, le fabricant de sous-vêtements emploie 85 salariés chargés de coudre les produits. Il vient d'embaucher dix personnes pour faire face à la hausse de la demande, et prévoit d'en recruter une dizaine d'autres dans les prochains mois. Car, dans cinq ans, 20 pour cent de l'équipe partira à la retraite. Mais, faute de formations suffisantes aux métiers de la maille en France, le groupe a décidé d'intégrer des gens d'horizons divers et de les former avec l'aide de Pôle emploi.
Crédit photo : Eminence, dr