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Quelles sont les filières en tension dans les métiers de la mode et du cuir ?

Par FashionUnited

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La campagne nationale « Savoir pour faire » lancée par le Conseil stratégique de filière (CSF) en vue de revaloriser les métiers techniques de la filière mode & Luxe a été lancée le 15 octobre sur les réseaux sociaux. Trois semaines plus tard, ses principaux artisans Guillaume de Seynes, Président du Comité Stratégique de Filière Mode et Luxe et membre du Comité exécutif d’Hermès, Marc Pradal, Président de l'Union Française des Industries Mode et Habillement (Ufimh) et Pascal Morand, Président exécutif de la Fédération de la Haute Couture et de la Mode sont revenus lors d’une conférence sur les besoins en recrutement des secteurs du CSF : soit les arts de la table, la bijouterie-joaillerie-orfèvrerie, la chaussure, le cuir, l’horlogerie, la maroquinerie et le textile, la couture et l’habillement.

On le sait, 10 000 postes sont à pourvoir, par an, pendant au moins cinq ans, dans les métiers techniques. D’abord parce que l’effet pyramide des âges joue à plein actuellement, déjà depuis plusieurs années, et que les départ à la retraite sont nombreux dans ses filières. Ensuite, parce que le luxe, qui surfe sur une croissance d’environ 5 pour cent par ans tire vers le haut les sous-traitants français de ces secteurs, qui peuvent enfin après des années de crise se projeter dans l’avenir pour assurer la pérennité de leur savoir-faire. « La filière Mode et luxe française détient le leadership mondial, un quart des ventes mondiales est réalisé par des entreprises françaises. Tandis que 72 pour cent des dirigeants de Pme de nos filières connaissent des difficultés de recrutement », a rappelé Guillaume de Seynes.

72 pour cent des dirigeants de Pme dans la filière mode & luxe connaissent des difficultés de recrutement

Un paradoxe, qui tient notamment au fait que l’industrie, en général d’ailleurs, n’a pas bonne presse. Les licenciements massifs très médiatisés de ces dernières années, n’ont pas contribué à redorer son blason. Et plus spécifiquement dans les secteurs de l’habillement et du cuir, les métiers techniques « souffrent d’un déficit d’image auprès des jeunes », comme l’a rappelé Marc Pradal. Alors même qu’aujourd’hui de plus en plus jeunes entrepreneurs se lancent avec succès dans l’aventure du made in France et contribuent à l’activité des ateliers français.

Or, si les jeunes férus de mode se précipitent dans les écoles de stylisme, où ils misent sur une carrière très aléatoire tant les places sont chères, les besoins de recrutement sont bien réels, et ailleurs. Selon Pascal Morand, on chiffre à 3000 le besoin de techniciens dans l’habillement autant dans le cuir ou encore dans la joaillerie. Quels sont les métiers en tension ? Dans l’habillement, on manque aujourd’hui de prototypistes, de couturières, de coupeurs, de mécaniciens régleurs, de conducteurs d’équipements…

Les métiers de la maroquinerie, qui tirent la filière cuir, sont également très en demande de coupeurs, piqueurs-monteurs, de monteurs. Le seul groupe Hermès, a rappelé Guillaume de Seynes, qui monte trois nouveaux ateliers en France (280 salariés par site), va recruter plusieurs centaines d’artisans.

Et les jeunes ne sont pas les seuls à être dans le viseur de la filière mode & Luxe. Une population en reconversion vient aussi grossir les rangs des métiers techniques. Autant de besoins qui posent la question de la formation, tant initiale que continue. Alors que la réforme de la formation professionnelle en France complexifie encore les enjeux. Le site www.savoirpourfaire.fr a dressé une cartographie des formations, publiques comme privées, sur le territoire français. Mais surtout, comme l’a souligné Marc Pradal, « les entreprises vont de plus en plus devoir prendre en charge en interne la formation du salarié ». C’est déjà bien souvent le cas, via le système du tutorat chez les Pme, ou dans les ateliers de luxe, comme ceux d’Hermès, qui travaillent avec des artisans d’art formés aux rites, secrets de fabrications et techniques de la vénérable maison. Mais le phénomène va s’intensifier. « Nous allons devoir monter des centres en interne » a ainsi souligné Marc Pradal. Les Pme vont devoir prendre en charge en interne de plus en plus la formation de leurs salariés.

Reste la question, cruciale, du salaire, les difficultés de recrutement dans la sous-traitance de l’habillement, notamment, étant aussi liées aux faibles niveaux de salaires pratiqués. « Il est vrai que cette revalorisation de nos métiers doit s’accompagner d’évolution salariale. Nous souhaitons remonter, en collaboration avec les syndicats, le niveau de base des salaires de nos professions ».

Recrutement dans les métiers manuels et techniques de jeunes et de moins jeunes en reconversion après des accidents professionnels, revalorisation de ces métiers techniques portés par le prestige du luxe et du made in France… autant de changements d’angles de vue qui révèlent aussi de profondes évolutions socio-économiques.

photo : Savoir pour Faire

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