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Pénurie de masques : l'industrie du textile vient en renfort

Par AFP

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Paris - Les masques chirurgicaux, l'un des premier équipement de protection de base contre le coronavirus vient à manquer. Cette pénurie, en pleine pandémie de Covid-19, a alerté la filière textile française qui se mobilisent actuellement pour en fabriquer en tissu.

Alors que les soignants font état de leurs difficultés à être approvisionnés, le gouvernement a indiqué jeudi que 30 millions de masques ont été livrés depuis trois jours aux pharmacies ou établissements de soins, mentionnant avoir des stocks de 100 millions de masques.

Est-ce que ce sera suffisant, notamment pour approvisionner les personnels non soignants? La question est cruciale, selon Frédéric Collet, le président du Leem, la fédération des entreprises du médicament. "Si nous n'avons pas ces masques, nous risquons de fragiliser notre capacité de produire" dans les usines de médicaments où ils sont nécessaires, indiquait M. Collet en milieu de semaine à l'AFP, précisant que le Leem cherche des solutions, potentiellement avec des producteurs de masques en tissu.

Face à ce manque criant, rencontré dans plusieurs secteurs industriels, diverses stratégies se sont développées. L'entreprise CMA CGM a fait un don de 100 000 masques de type FFP2 à l'État français. Des industriels du tissu ont décidé de mettre la main à l'ouvrage, même si leurs masques ne répondent pas aux normes des masques chirurgicaux.

"Un masque même imparfait sera de toute façon mieux que pas de masque", écrit ainsi le professeur Jean-Yves Blay, responsable d'un centre hospitalier de Lyon, dans un courrier que l'AFP a pu consulter.

Destinatrice de cette lettre, l'entreprise de textile pour l'habillement et l'industrie Les Tissages de Charlieu, basée dans la Loire, a déjà livré ses premiers exemplaires.

"Nos 80 métiers à tisser Jacquard fabriquent depuis hier uniquement cet article dont nous venons d'effectuer les premières livraisons au profit d'un établissement hospitalier de la région lyonnaise", a ainsi indiqué Eric Boël, le dirigeant de la société, qui a provisoirement arrêté toutes ses autres productions.

"C'est un masque réutilisable, en tissu lavable, qui ne prétend pas se substituer aux masques normalisés", précise-t-il. "Notre volonté est de dépanner au plus vite ceux qui en ont besoin, que ce soient des structures de soin ou des entreprises", explique M. Boël, qui a constaté que "certains hôpitaux demandaient à leur personnel de fabriquer leurs propres masques à l'aide de patrons de couture".

Afin d'approvisionner le plus vite possible ses clients, Les Tissages de Charlieu, qui veulent fabriquer 100 000 masques par jour, les livrent par rouleau de 200 à 300 masques, qu'il suffit de découper, de passer au fer vapeur et de laver à 30° avant utilisation.

Dans l'usine de Bellegarde-sur-Valserine, les 50 salariés français de la société Boldoduc attendent eux l'homologation de leur masque par la Direction générale de l'armement.

Cette initiative montre l'importance de travailler de manière collective pendant cette crise sanitaire.

Le pôle Alsace Textile s'associe à BioValley France

Le pôle Alsace Textile participe également à l'effort et s'est associé a BioValley France, pôle de compétitivité français en santé de la région Grand Est.

"Dès que nous avons pris connaissance de ses besoins, nous avons activité notre réseau pour recenser les cahiers des charges et les experts qui proposent l’accompagnement technique et le soutien nécessaire à la fabrication des masques", explique Julie Fend de Responsable Communication de BioValley France, dans un mail adressé à FashionUnited. "Cette initiative montre l'importance de travailler de manière collective pendant cette crise sanitaire. Tous les savoir-faire de notre territoire doivent être mis à contribution pour aider notre pays et les régions les plus touchées par le COVID-19", ajoute-elle.

200 000 masques par semaine

"Nous visons une production de 150 000 à 200 000 masques par semaine", précise son PDG, Jean-Charles Potelle, qui indique que même sans homologation, il fournira des masques aux industriels français demandeurs, dans l'industrie agro-alimentaire ou pharmaceutique, qui n'ont pas d'alternative face à la pénurie actuelle.

En plus de ses salariés, l'entreprise a trouvé quelque 500 personnes prêtes à coudre après un appel aux bonnes volontés. Les masques seront vendus à prix coûtant et les volontaires seront payés 40 centimes pièce. "Mais 95 pour cent d'entre eux préfèrent que l'argent soit reversé à une association caritative", indique M. Potelle.

Désormais, Boldoduc cherche comment livrer le tissu à ceux qui cousent, à mesure que les entreprises de livraison cessent leur activité. "On pense faire appel à la solidarité des taxis".

L'initiative s'étend. Le normand Saint James va réorganiser ses ateliers de confection, après des "échanges avec les centres hospitaliers locaux", pour produire des masques de protection en textile lavable à leur fournir.

Après avoir reçu des appels de médecins et d'ambulanciers, Thomas Huriez, le PDG de 1083, une PME qui fabrique des jeans made in France dans la Drôme, a lui aussi décidé d'adapter son atelier.

"L'enjeu principal est le tissu et la coupe, on est en train de les industrialiser. On va proposer aux habitants de la ville qui savent coudre et qui ont du temps en cette période de confinement de participer à l'effort en livrant des masques prêts-à-coudre", raconte M. Huriez.

Un effort qui "durera le temps qu'il faudra", dit-il. "Si on peut aider, il faut aider !" (AFP)

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Crédit : Thommy Weiss / pixelio.de

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