Pacte de la mode : plusieurs marques se retirent tandis que H&M joue un rôle de premier plan

Le Pacte de la mode, une initiative lancée il y a quatre ans dans le but d'encourager les changements environnementaux dans l'industrie de la mode, est aujourd'hui confronté au départ de plusieurs membres influents, coïncidant avec l'ascension de H&M à une position de premier plan au sein de la coalition.

Les célèbres détaillants de luxe Hermès et Selfridges se sont récemment retirés de la coalition, rejoignant ainsi Stella McCartney dans son départ discret. On pense que les progrès limités de la coalition sont la principale raison de leur départ. Selon le journal britannique, Business of Fashion (BoF), le Pacte de la mode n'a réussi jusqu'à présent qu'à mettre en œuvre un projet pilote et des programmes d'analyse préliminaires. En revanche, de nouveaux membres tels qu'Asics, Chloé et J. Crew Group continuent d'adhérer à ce mouvement. L'organisation a récemment annoncé la nomination d'Helena Helmersson, PDG de H&M, en tant que coprésidente, en remplacement de François-Henri Pinault, de Kering, dont le mandat de trois ans a pris fin.

Le Pacte de la mode, qui regroupe actuellement plus de 200 marques, vise à atteindre des objectifs de durabilité tels que la restauration de la biodiversité, la préservation des océans et l'élimination des émissions de gaz à effet de serre d'ici à 2050.

Le chemin vers ces objectifs s'est avéré plus ardu que prévu, surtout si l'on considère que les entreprises mondiales de la mode produisent plus de 100 milliards de vêtements par an. H&M, par exemple, fabrique 3 milliards de vêtements par an, ce qui représente environ 3 pour cent de la production mondiale. En outre, des rapports indiquent que H&M dispose d'un stock de 4,3 milliards de dollars de vêtements invendus.

Une grande partie des membres du pacte n'ont pas respecté leurs engagements, selon le rapport de BoF, et près de 40 pour cent d'entre eux ont négligé de fixer des objectifs de réduction des émissions fondés sur des données scientifiques. Dans sa mission, le Pacte de la mode vise à atteindre l'autosuffisance en énergies renouvelables d'ici 2030 et la neutralité carbone d'ici 2050. Il a également mis en place un accord collectif virtuel d'achat d'énergie pour encourager l'utilisation des énergies renouvelables et développe actuellement un référentiel de biodiversité pour évaluer l'impact des entreprises sur la faune et la flore.

Ralentissement de la croissance ou réduction des émissions

De nombreux écologistes continuent de critiquer la croissance incessante de l'industrie de la mode et le rythme de production des vêtements. Avec l'essor des classes moyennes en Inde, en Chine et en Afrique, la consommation de fast fashion devrait monter en flèche. Les détaillants tels que H&M hésitent à adopter des mesures susceptibles de réduire la production ou d'avoir un impact sur la rentabilité, préférant investir dans la circularité, la neutralité carbone, les tissus durables et les modèles de recyclage.

Les marques doivent réévaluer leurs activités pour dissocier la croissance du volume et reconnaître les véritables conséquences environnementales de leurs opérations, au-delà des simples implications financières. Si l'on considère la quantité stupéfiante de 253 tonnes de déchets textiles déposés chaque jour dans les décharges, ainsi que la consommation de 2 700 à 7 000 litres d'eau nécessaire à la production d'un seul t-shirt ou d'une seule paire de jeans, il devient évident que les entreprises mondiales alignées sur le Pacte de la mode engrangent des profits considérables tout en s'efforçant d'assurer une rotation élevée des produits. Il n'est donc pas surprenant qu'aucun PDG n'ait envie d'assister à une baisse de ses résultats.

Cet article a initialement été publié sur FashionUnited.com. Il a été traduit et édité en français par Anne-Sophie Castro.