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Neuf enseignements nous éclairent sur le poids des métiers d’art et des savoir-faire en France

Par Florence Julienne

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Présentation de l'étude "Les Eclaireurs" Credits: F. Julienne

Quel est le poids économique des entreprises françaises des métiers d’art et des savoir-faire d’exception ? C’est la question à laquelle l’Institut pour les Savoir-Faire Français et le Xerfi (société spécialisée dans la production d’études économiques) ont répondu à travers une étude signée « Les Éclaireurs ».

En introduction de cet article, il faut indiquer que la cartographie des métiers d’art et des savoir-faire, réalisée par l’Institut pour les Savoir-Faire Français et Xerfi, en collaboration avec le Ministère de la Culture, le Comité Colbert, la Fondation Bettencourt Schueller et le Fonds de dotation Terre & Fils, n’est pas spécifiquement dédiée à la mode ou aux accessoires de mode (bijoux, maroquinerie). Elle ne contient du reste aucune information sur la chaussure, secteur d’activité qui ne bénéficie plus de formations dédiées. Ni sur la ganterie qui survit.

L’identification des entreprises a été rendue possible via le NAFA (Nomenclature des Activités de la Filière Artisanale). Dans ce cadre, 198 métiers d’art ont été identifiés, auxquels s’ajoutent des entreprises réalisant cent pour cent de leur chiffre d’affaires sur des gestes ou possédant un savoir-faire et un patrimoine à valoriser.

Le nombre de 234 000 entreprises reflète la diversité des entreprises concernées par l’étude

Néanmoins, « l’étude apporte des informations qui manquaient, souligne Luc Lesénécal, président de l’Institut pour les Savoir-Faire Français. Nous faisions face à l’absence de données chiffrées pour mesurer l’impact réel des métiers d’art et des savoir-faire. Cette cartographie peut devenir un outil pour accompagner les stratégies publiques et privées. Les données seront mises à jour régulièrement. »

Si l'essentiel des entreprises déclare exercer une activité artistique (89 %), c'est le cas de quasiment tous les travailleurs de métaux et de pierres précieuses, verriers et céramistes (95 %). La production en séries limitées est quasiment la norme quel que soit le matériau de spécialité. Le modèle dominant oscille entre la création propre (98 % des céramistes, 91 % des verriers, 84 % des travailleurs du cuir, par exemple) et le sur-mesure/sur commande.

« Toutes ces entreprises sont centrées sur la fabrication d’objets durables qui s’inscrivent dans un temps long, explique Xavier Long, directeur général adjoint de l’Institut. Nous avions besoin de faire comprendre ce que sont ces métiers, pour pouvoir les accompagner et valoriser leur dimension immatérielle (culturelle par exemple). »

Les Éclaireurs ont tiré neuf principaux enseignements de cette étude

  • Enseignement 1 : Le poids économique de ce secteur est de 68 milliards d’euros de chiffres d’affaires. À titre de comparaison, les présentateurs de l'étude évoquent le fait que l’industrie du médicament équivaut à 62 milliards, l’expertise comptable à trente milliards. 500 000 professionnels sont actifs, dont 280 000 salariés.
  • Enseignement 2 : Le taux de valeur ajoutée (indicateur économique qui mesure la part de la valeur ajoutée générée) est de 34 %. En comparaison, la moyenne nationale est de 28,5 %. Ce qui revient à considérer leur contribution à la richesse nationale. Ce secteur d’activité réalise un chiffre d’affaires de neuf milliards à l’export, principalement porté par les grands groupes.

    L'Europe est la principale zone d'exportation des entreprises françaises de métiers d'art, quelle que soit leur spécialité. Les fabricants d'articles en cuir sont les plus actifs hors d'Europe : ils génèrent 20 % des ventes à l'export en Amérique du Nord et 15 % en zone Asie Pacifique.

  • Enseignement 3 : Les PME ont un rôle de chefs de file. Elles concentrent 56,2 % du chiffre d’affaires total. Elles interviennent plus régulièrement en sous-traitance : cela concerne environ un quart des entreprises du cuir, du métal précieux/pierres précieuses ou de pierre/marbre.

    Celles du patrimoine vivant sont particulièrement réactives aux donneurs d’ordre, d’où la nécessité d’accompagner ces entreprises qui créent de la richesse à l’export, mais n’exportent pas en direct. À ce stade, il convient de préciser que le poids du luxe – secteur qui draine l’artisanat en France – n’est pas considéré en tant que tel. De fait, quid du marché potentiel s’il n’y avait pas le luxe pour offrir des débouchés commerciaux à ces métiers ?

  • Enseignement 4 : Le bassin industriel (si on peut dire vu qu’il s’agit d’artisanat) est ancré dans le territoire national. Ainsi, l’Île-de-France et l’Auvergne-Rhône-Alpes sont les régions dominantes pour les spécialistes des métaux précieux/pierres précieuses avec respectivement 27 % et 20 % des sièges sociaux. La Nouvelle-Aquitaine excelle dans le secteur du cuir, en accueillant 18 % des sociétés spécialisées, juste derrière l’Île-de-France (23 %).
  • Enseignement numéro 5 : Un artisan sur deux travaille dans le bâtiment.
  • Enseignement 6 : Quatre dirigeants sur dix ont commencé par un autre métier. 55 % sont des femmes. Près de 40 % des salariés ont moins de 35 ans. Contrairement aux idées reçues, les métiers d’art attirent les plus jeunes.
  • Enseignement 7 : Seulement 9 % des salariés sont issus de la reconversion professionnelle, un résultat hétérogène selon les entreprises. Ainsi, chez Longchamp, 95 % des employés le sont. Malgré le rapprochement entre L'Union des Industries textiles (UIT) et France Travail pour promouvoir l’emploi dans l’industrie textile, les offres de formation sont encore restreintes, l’image de ces métiers est encore peu favorable. Le sujet des rémunérations n’est pas abordé dans l’étude. Ceci expliquerait-il cela ?
  • Enseignement 8 : L’enjeu prioritaire est la transmission. 37 % des professionnels ont plus de 55 ans, la moyenne générale est de 42 ans. 56 % des entreprises exercent depuis plus de dix ans, 9 % depuis plus de 50 ans, ces pourcentages montrent leur pérennité.

    Entre 15 et 20 % des dirigeants ont déjà entrepris une démarche de transmission, mais ils ne savent pas si leur entreprise va être reprise. Y aura-t-il assez de cash pour financer cette transmission ? Et, par extension, quid des marchés qui portent les activités mode ?

  • Enseignement 9 : Un salarié sur quatre, qui possède un savoir-faire, métier d’art ou d’exception, a plus de 55 ans. De la nécessité d’activer le dispositif d’apprentissage. 48 % pensent que le secteur ne bénéficie pas de formation suffisante, repartie de façon équilibrée dans les différentes filières.

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