MetaBirkins : l'artiste Rothschild demande le réexamen de l’affaire qui l’oppose à Hermès
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L'affaire MetaBirkins entre dans une nouvelle bataille juridique entre la marque de luxe Hermès et l'artiste Mason Rothschild. En effet, ce dernier a déposé deux requêtes en justice pour tenter de reprendre le contrôle de la situation.
Pour mémo : Mason Rothschild commence à travailler sur MetaBirkins peu après le succès de Baby Birkin, un NFT unique représentant un bébé qui grandit dans le sac Hermès dénommé Birkin et se veut un clin d’œil au sac à main. Puis, l’artiste californien créé MetaBirkins, une collection de cent NFT uniques, dans une exécution graphique et gamme de couleurs contemporaines et un semblant de fausse fourrure. Sauf que la marque de luxe française ne l’entend pas de cette oreille et intente un procès pour contrefaçon.
Début février 2023, un tribunal new-yorkais composé de neuf jurys se prononce en faveur d'Hermès, accordant à la maison 133 000 dollars de dommages et intérêts compensatoires (près de 125 000 euros à ce jour), concluant que Mason Rothschild a profité de la marque en créant des actifs numériques.
Mason Rothschild espère renverser la vapeur avec deux nouvelles demandes
Hermès ne s’en tient pas là et dépose une requête d'injonction permanente (ordre non discutable, qui doit être obligatoirement exécuté et qui est souvent accompagné de menaces de sanctions) qui oblige l'artiste à remettre à Hermès tous les documents relatifs aux œuvres d'art MetaBirkins, y compris le domaine du site web et les noms de domaine des médias sociaux, au motif que M. Rothschild continue de tirer profit des NFT.
Ce dernier désire que la demande soit rejetée dans son intégralité, son équipe juridique qualifiant l'injonction d'Hermès de « grossièrement excessive » et le comportement de la marque « malhonnête », compte tenu qu'Hermès aurait engagé des experts aux « déclarations fausses et trompeuses » lors de leur témoignage initial au procès.
Si le tribunal ne refuse pas l'injonction sur cette base, M. Rothschild souhaite déclencher la clause de non-responsabilité (qui lui permettrait de se décharger d’une responsabilité contractuelle), à afficher à côté de la promotion et des ventes de MetaBirkins « pour protéger son droit au premier amendement des États-Unis » (comprenez être couvert par les garanties de liberté d'expression du premier amendement) et les droits des propriétaires des NFT. Cette clause de non-responsabilité indiquerait que les actifs ne sont pas affiliés, approuvés ou sponsorisés par Hermès.
Par ailleurs, M. Rothschild demande une révision de la décision de justice, qui pourrait conduire à un nouveau procès. L'artiste souligne les erreurs commises, selon lui, par le tribunal lorsqu'il a renvoyé l'affaire devant un jury, ainsi que sa décision d'exclure le témoignage d'expert du critique d'art Blake Gopnik. Dans une tribune sur le Washington Post, Blake Gopnik s’est en effet étonné que « le juge ait décidé que l'histoire de l'art n'était pas une discipline suffisamment rigoureuse pour avoir son mot à dire dans son tribunal. »
« Je ne voyais pas de différence réelle entre Rothschild et les nombreux artistes, bons ou mauvais, qui ont fait de l'art sur le commerce de notre culture, souvent en incluant des produits de marque : Il y a Warhol et ses soupes Campbell, Coca-Cola et boîtes Brillo, bien sûr, mais aussi le grand artiste politique Hans Haacke, qui a réalisé des œuvres autour des marques Marlboro et Mobil - elles ont fait l'objet d'une grande exposition au New Museum en 2019. »
Mason Rothschild s’inscrit-il dans la tradition warholienne du « business art » qui veut que la création artistique se confonde avec le commerce ?
Toujours selon Blake Gopnik, les sacs de type Birkin représentés par Rothschild n'ont pu exister que dans son imagination : « il les a représentés recouverts de la fausse fourrure la plus voyante, telle qu'il est presque impossible de l'imaginer sur un véritable sac Birkin ». Si la requête de M. Rothschild est suivie d'effet, elle pourrait aboutir à un jugement en faveur de Rothschild, nonobstant le verdict du jury, ou à un tout nouveau procès, avant que l'affaire ne fasse l'objet d'un éventuel appel.
« Ces dernières semaines, j'ai enfilé mon pantalon de grand garçon. Les choses ne se sont pas déroulées comme je le souhaitais, mais le combat est loin d'être terminé écrit M. Rothschild sur un post de son profil Instagram. Je suis fier d'être en avance sur les choses, y compris sur le web3, et parfois cela s'accompagne de douleurs de croissance comme celles-ci. Il est tôt. La plupart des gens ne comprennent pas ce que c'est, mais cela ne veut pas dire qu'ils ne le comprendront jamais. Il est de mon devoir et de celui des autres créateurs de cet espace de leur montrer. Nous continuons à faire avancer les choses. Merci à mon équipe de Lex Lumina PLLC et Harris St. Laurent & Wechsler LLP d'avoir partagé les tranchées avec moi. Abattu. Pas mort ».
Cet article a initialement été publié sur FashionUnited.com. Il a été traduit, optimisé et édité en français par Florence Julienne.