Les horlogers suisses se mettent à l'heure du numérique en Chine
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Les horlogers suisses, réunis cette semaine à Genève pour le salon international de la haute horlogerie (SIHH), sont en train de repenser leur stratégie avec la reprise en Chine, se mettant au diapason du numérique.
Sites marchands, réseaux sociaux, ouverture de nouvelles boutiques dans des villes de taille moyenne: les horlogers suisses développent de nouveaux moyens pour toucher une nouvelle clientèle aisée alors que les signaux sont de nouveaux positifs en Asie.
"La Chine a été la bonne surprise de l'année passée avec une forte progression de nos exportations", a retracé Jean-Daniel Pasche, le président de la fédération horlogère suisse, lors d'un entretien avec l'AFP, estimant que ce marché présentait toujours "un fort potentiel de croissance". Si les statistiques pour l'ensemble de l'année 2017 ne sont pas encore publiées, les exportations de montres suisses en Chine ont retrouvé une croissance à deux chiffres, grimpant de 19,6 pour cent entre janvier et fin novembre.
Les ventes de montres avaient connu une phase de croissance spectaculaire avec l'expansion de l'économie chinoise jusqu'à ce que le gouvernement introduise fin 2013 des mesures de lutte contre la corruption, interdisant les cadeaux extravagants. "Il y a eu un gros creux mais les signaux sont à nouveau très positifs", a expliqué Pablo Mauron, partenaire chez DLG, une société de conseils en communication numérique, en poste à Shanghai, tout en soulignant que le clientèle avait toutefois évolué.
"Longtemps, les Chinois aimaient acheter leurs montres en Europe, dans les boutiques de la Rue du Rhône à Genève ou à Paris. Ils aimaient revenir de leurs voyages avec une expérience à raconter", a-t-il décrypté. Mais les amateurs d'horlogerie sont aujourd'hui plus enclin à acheter directement en Chine, à la fois en raison des taxes qui ont réduit l'intérêt des achats à l'étranger mais aussi d'une plus grande hésitation à voyager depuis la vague d'attentats en Europe.
Achats en ligne
Parmi les évolutions notables, les consommateurs chinois sont également beaucoup plus prompts que par le passé à réaliser leurs achats en ligne, notamment par le biais de WeChat, le premier réseau social en Chine.
"De nombreuses marques se sont positionnées sur cette plateforme pour toucher une nouvelle clientèle", a expliqué M. Mauron, citant en exemple Montblanc, la marque de stylo et de montres, qui a mené une campagne sur les réseaux sociaux en Chine pour y lancer sa montre connectée. Pendant le salon horloger de Genève, la marque suisse H. Moser prévoit elle de dévoiler un partenariat avec JD.com, le géant chinois du commerce en ligne. "Une petite manufacture comme la notre n'a pas forcément les moyens de lancer une grande campagne d'affichage publicitaire dans toute la Chine", a confié son patron, Edouard Meylan, à l'AFP, soulignant que le commerce ligne était un moyen efficace de mettre pied sur ce marché.
La marque prévoit cependant d'ouvrir en parallèle sa première boutique en Chine pour ces produits onéreux, que les acheteurs souhaitent toujours venir voir en boutique avant de passer à l'achat. La maison Hermès prévoit elle aussi d'ouvrir un site marchand en Chine dans le courant de l'année, a indiqué Guillaume de Seynes, un de ses directeurs, lors d'un entretien au SIHH.
Hermès va également ouvrir deux nouvelles boutiques dans le centre du pays, a-t-il précisé, afin de renforcer son réseau au delà des mégalopoles, où est aussi en train d'émerger une classe aisée. La maison du Faubourg Saint-Honoré compte s'implanter à Changsha, dans la province du Hunan, où est né Mao, ainsi à Xi'an, une province du Shaanxi, connue pour son armée de terre cuite. "Ça reste un marché sur lequel nous avons beaucoup d'espoir" a confié Guillaume de Seynes. (AFP)
Photo: Fabrice Coffrini / AFP