Les grands magasins Selfridges vendus pour près de 5 milliards d’euros
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Possession de la famille Weston depuis 2003, Selfridges, l'une des chaînes de grands magasins les plus luxueuses au monde, va passer sous pavillon thaïlandais et autrichien.
Le géant thaïlandais de la distribution Central Group a annoncé ce vendredi le rachat de la luxueuse chaîne britannique de grands magasins Selfridges en association avec le groupe d’investissement autrichien Signa (très actif dans le secteur de l’immobilier, mais aussi le retail et les média) fondé en 1999. *La transaction concerne 18 magasins sur les 25 que possède Selfridges dans le monde. Quatre au Royaume-Uni, dont le prestigieux Selfridges d'Oxford street à Londres, ainsi que les enseignes De Bijenkorf aux Pays-Bas, et Brown Thomas et Arnotts en Irlande. La famille Weston conserve ses 7 magasins Holt Renfrew au Canada. Le montant de la transaction n’a pas été dévoilé mais, d’après les journaux britanniques, une source proche du dossier a indiqué que le prix de vente se situait autour de 4 milliards de livres (4,7 milliards d’euros).*
C’est un pan illustre du retail anglais qui change de mains. Fondée au Royaume-Uni par l'entrepreneur américain Harry Gordon Selfridges, en mars 1909, Selfridges appartenait à la famille canadienne Weston qui en avait fait l’acquisition en 2003 pour 598 millions de livres. Cet accord intervient alors que Galen Weston, le patriarche de la famille, est décédé cette année à l’âge de 80 ans. Il laisse une fortune évaluée en 2020 par Forbes à environ 7 milliards de dollars. Ce n’est pas la première fois que la famille Weston initie un partenariat avec l’autrichien Signa, en Europe notamment où le groupe s’était considérablement développé ces dernières années.
« Offrir des expériences exceptionnelles et inclusives en magasin et en ligne »
Dieter Berninghaus, président du conseil exécutif de Signa, déclare dans un communiqué: « Ensemble, nous travaillerons avec les plus grands architectes du monde pour réimaginer avec sensibilité les magasins de chaque site, en transformant ces destinations emblématiques en espaces durables, économes en énergie et modernes, tout en restant fidèles à leur patrimoine architectural et culturel ». Selfridges souffrait de la désaffection des magasins physiques par les clients. Une partie de cette clientèle avait cédé aux sirènes du e-commerce : un changement dans les habitudes de consommation qui s’est mécaniquement renforcé durant la crise sanitaire. Une autre partie de la clientèle s’était tout simplement détournée de la mode et du luxe accusés d’avoir un impact nocif sur l’environnement. Le groupe Selfridges avait ainsi annoncé la suppression de 14 pour cent de ses effectifs (450 emplois) en juillet dernier, date à laquelle la famille Weston avait admis son intention de vendre.
Le géant thaïlandais Central Group, qui possède de nombreux centres commerciaux et magasins en Thailande et au Vietnam mais aussi en Europe – Rinascente en Italie, Illum au Danemark, KaDeWe, Oberpollinger et Alsterhaus en Allemagne - appartient quant à lui à la famille Chirathivat dont la fortune est estimée par Forbes à 11,6 milliards de dollars. Ce caractère familial de l’entreprise est souligné dans les différentes déclarations. Tos Chirathivat, directeur général de Central déclare ainsi : « En tant qu'entreprises familiales, Central et Signa s'attacheront à offrir des expériences exceptionnelles et inclusives en magasin et en ligne, tant pour les résidents locaux que pour les visiteurs étrangers ». La présidente de Selfridges Group, Alannah Weston, se dit de son côté "fière de passer le relais à de nouveaux propriétaires qui sont des entreprises familiales avec une vision à long terme".
Crédit photo : Selfridges