Les défis logistiques de l'e-commerce : quelles sont les tendances ?

La révolution du commerce électronique, en constante évolution, redessine le paysage de la vente au détail de la mode, offrant aux consommateurs une commodité sans précédent. Cependant, pour les entreprises évoluant dans cet environnement dynamique, une série de défis logistiques accompagne cette transformation, rendant les subtilités d'une gestion logistique efficace de plus en plus vitales pour assurer leur succès.

En 2023, la logistique est fortement influencée par la géopolitique. L'augmentation des coûts de transport, couplée à l'inflation, a incité les entreprises à adopter de nouvelles pratiques. Dans ce contexte, la trajectoire est guidée par le sens aigu du marketing et de la rationalisation des dépenses des entreprises de mode les plus avant-gardistes. Parmi elles, figurent celles qui reconnaissent dans la logistique et l'optimisation des coûts non seulement une voie vers l'efficacité, mais aussi une opportunité de transition vers la durabilité et les pratiques responsables.

Augmentation des retours de produits et des initiatives de fidélisation

Dans le domaine des achats en ligne, les consommateurs recherchent activement un parcours fluide et adaptable avec des options de livraison flexibles, une expédition rapide et gratuite, et des processus de retour simples. La livraison rapide et réussie des produits joue un rôle essentiel dans la fidélisation des clients. Selon Cubyn, leader français dans la gestion de commandes en ligne, 96 % des consommateurs considèrent la qualité de l'expérience de livraison comme un facteur crucial influençant leurs décisions d'achat futures. Les consommateurs sont également attirés par les innovations qui améliorent leur expérience d'achat, telles que l'achat mobile ou l'achat vocal.

Toutefois, ces méthodes sont éventuellement celles qui favorisent les achats impulsifs, contribuant à alimenter la tendance croissante des retours. En 2022, Statista a rapporté que 20 % des consommateurs français ont retourné des articles vestimentaires commandés en ligne. Une tendance qui représente un défi logistique significatif pour les principaux acteurs du commerce électronique, en plus des complexités liées à la gestion des stocks. En particulier dans le secteur de la mode, où les retours gratuits sont monnaie courante. Ou du moins, l'étaient largement. Depuis 2022, les détaillants de prêt-à-porter tels que Zara, H&M, Boohoo et Next ont effectivement commencé à facturer le retour des articles achetés en ligne, marquant ainsi une rupture avec l'ère des « retours gratuits » excessifs. Zara, par exemple, déduit désormais 1,95 euro du remboursement lié au retour d'un article commandé en ligne. Même Shein, le géant chinois valorisé à près de 90 milliards de dollars, a introduit des frais de retour, bien qu'il offre toujours des retours gratuits pour les premiers achats.

Allant plus loin, ces entreprises adeptes de marketing ont transformé le défi financier et logistique de la hausse des retours en une opportunité exclusive de construire et d'entretenir la fidélité des clients. À l'instar du modèle Amazon Prime, les entreprises de mode créent des programmes de retour VIP, offrant des options de retour privilégiées à leurs clients VIP et récompensant les acheteurs fidèles de grande valeur par une expérience plus personnalisée. L'impact des programmes d'adhésion s'est effectivement avéré évident non seulement en termes de fidélisation des consommateurs, mais également sur l'augmentation de leurs dépenses moyennes. Une étude réalisée en 2020 par McKinsey and Co a révélé que les acheteurs inscrits dans des programmes de fidélisation gratuits dépensent 30 % de plus que les non-adhérents, et que ce chiffre atteint 60 % pour ceux qui paient pour une adhésion. Témoignant de l’éventuel succès de l'essor des programmes de retours VIP, le panier d'achat moyen en ligne des consommateurs français a augmenté de 10,1 % pour atteindre 68 euros au cours du premier trimestre 2023, selon Statista.

Mais ce qui a poussé les entreprises en 2023 à reconsidérer leur approche des retours ce ne sont pas seulement les coûts liés à l'inventaire ou à la logistique, mais plutôt ceux relatifs à l'augmentation des dépenses de transport, représentant un défi supplémentaire pour les plateformes de commerce électronique.

Quand une hausse des coûts de transport se traduit par une plus grande disponibilité des routes

Pour les clients du e-commerce, une livraison rapide et précise n'est plus seulement un avantage concurrentiel, mais une exigence fondamentale. Le défi d'assurer des livraisons dans les délais et une exécution précise des commandes est devenu encore plus prononcé, en particulier pendant les saisons de pointe et les périodes de promotion. Ce défi est aggravé par une augmentation significative des coûts de transport depuis 2022, principalement en raison de l'augmentation des dépenses énergétiques et salariales. Cette tendance à la hausse devrait se poursuivre jusqu'à la fin de 2023, le Comité national routier prévoyant une inflation des coûts de 8,8 % en France, hors carburant.

Les entreprises de mode sont désormais confrontées à deux choix stratégiques cruciaux : optimiser leur logistique et la gestion de leur chaîne d'approvisionnement ou externaliser leur logistique. Cependant, un autre facteur intervient cette année pour contrecarrer cette tendance : la baisse du coût des routes européennes. En effet, la disponibilité des routes européennes s'est considérablement accrue en 2023, entraînant une concurrence accrue entre les opérateurs de fret routier et, par conséquent, une baisse substantielle des taux des spots. Selon Transporeon, l'indice de capacité a augmenté de 22,7 % en mars 2023 par rapport à mars 2022. Une évolution qui, comme le suggère Transport Intelligence, peut être attribuée aux rachats des petits opérateurs de fret routier par de plus grandes entreprises en raison de la charge financière que représente l'augmentation des coûts d'exploitation pour ces premiers.

La consolidation devient malheureusement de plus en plus courante, avec des cas notables tels que la récente acquisition par Rhenus Logistics du croate Trans Integral et du néerlandais Nederlandse Transport Maatschappij, ainsi que le rachat par Geodis des transports français Devoluy. En utilisant l'IA, les entreprises peuvent toutefois tirer parti de l'accessibilité accrue des routes européennes pour améliorer leur rentabilité et exceller dans le paysage de la livraison en constante évolution en optimisant l'efficacité de leurs itinéraires.

Exploiter l'IA pour optimiser la logistique

Grâce à sa capacité d'analyse prédictive, l'IA peut effectivement aider les entreprises de mode à prévoir la demande des clients, à optimiser les stocks et à planifier efficacement les itinéraires. L'éditeur de logiciels Oracle prévoit un changement important dans l'industrie de la mode avec l'intégration de l'IA. Alors que la rationalisation des coûts passe par une sélection intelligente des transporteurs, l'apprentissage automatique de l'IA peut évaluer méticuleusement les performances historiques d'un fournisseur et utiliser ces données afin de prévoir sa fiabilité future.

Dans le climat commercial actuel, où la gestion du temps est primordiale tant pour le commerce électronique que pour les entreprises traditionnelles, l'intelligence artificielle peut prédire la probabilité qu'un fournisseur ne parvienne pas à livrer les commandes à temps. Elle peut également prendre en compte les prévisions météorologiques et anticiper les conséquences potentielles d'une sécheresse, par exemple, sur la production de coton. Il en résulte une meilleure optimisation des itinéraires en identifiant la distance la plus courte entre deux points tout en évitant les perturbations du trafic. Cela permet non seulement de gagner du temps en réduisant la durée des arrêts, mais aussi de maximiser le nombre d'arrêts au cours d'une même journée de travail tout en minimisant les coûts de carburant. En fournissant aux conducteurs des décisions éclairées telles que les lieux de ravitaillement ou de pause déjeuner, l'intégration de la technologie de l'IA dans la chaîne d'approvisionnement rend l'optimisation des itinéraires encore plus efficace et durable.

Des facteurs tels que les prévisions météorologiques peuvent être intégrés pour anticiper les impacts potentiels tout au long de la chaîne de valeur de l'industrie. Par exemple, l'évaluation des effets d'une sécheresse imminente sur la production de coton ou de fortes pluies sur le trafic routier. Ces données améliorent l'optimisation des itinéraires logistiques en identifiant la distance la plus courte entre deux points tout en évitant les perturbations du trafic. L'intégration de la technologie de l'intelligence artificielle dans la chaîne d'approvisionnement permet d'optimiser les itinéraires en fournissant aux conducteurs des décisions éclairées. Cela les aide à découvrir les lieux de ravitaillement en fuel et de pause déjeuner les plus efficaces, permettant de réduire la durée des arrêts et d'optimiser le nombre d'arrêts au cours d'une même journée de travail. Avec pour résultat, une réduction des coûts de carburant et une augmentation de l'efficacité et de la durabilité des transports.

Explorer les partenariats de transport durable dans un souci d'efficacité

Et de fait, quelle meilleure stratégie pour les entreprises de mode en 2023 que d'explorer des partenariats durables tout en recherchant l'efficacité logistique ? Les plateformes collaboratives et les partenariats prospèrent désormais dans l'industrie, avec des efforts conjoints entre les prestataires de services logistiques et les entreprises actives en e-commerce qui génèrent des solutions pour le stockage partagé, le transport optimisé et les systèmes de livraison multimodaux. Ces initiatives permettent non seulement de réduire les coûts, mais aussi de rationaliser les opérations. Puma, H&M et Maersk, par exemple, collaborent pour adopter des pratiques plus durables dans la chaîne d'approvisionnement, englobant des solutions pour la visibilité de la chaîne d'approvisionnement, un transport à impact réduit et la création de corridors verts.

Lors d'une intervention sur la neutralité carbone lors du Sommet mondial de la mode 2023, Henriette Hallberg Thygesen, Chief Delivery Officer de Maersk, a souligné que le conteneur moyen n'est rempli qu'à 70 %. Cette situation, dénoncée par les chauffeurs routiers français, est la conséquence de l'augmentation des promesses faites par les entreprises de livrer dans les 24 heures, quel que soit l'endroit où se trouve le client. H&M agit ainsi en établissant des partenariats avec des entreprises expédiant depuis les mêmes emplacements pour réduire l'utilisation de navires, tandis que Puma a augmenté le taux de remplissage de ses conteneurs de 10 % au cours de l'année écoulée en collaborant avec son équipe de vente et en analysant des tableaux de bord afin de mieux comprendre la demande de produits. En outre, en ajustant la taille moyenne des boîtes à chaussures afin de pouvoir mettre davantage dans un seul conteneur, Puma a pu expédier moins de conteneurs dans l'ensemble. H&M a également franchi une étape importante en expédiant 100 % de ses colis en ligne aux Pays-Bas à l'aide de véhicules électriques grâce à une initiative de collaboration avec Volta Trucks et le fabricant de motos électriques Cake.

Qu'il s'agisse d'augmenter les taux de remplissage des conteneurs, de redimensionner les emballages ou d'adopter l'utilisation de véhicules électriques, ces initiatives témoignent d'un engagement à répondre aux attentes des consommateurs tout en répondant au besoin urgent d'une industrie de la mode plus respectueuse de l'environnement et socialement responsable. Comme le soulignent les experts du secteur, parvenir à un avenir durable dans le secteur de l'habillement exige une collaboration à travers la chaîne d'approvisionnement et un engagement de la part de la haute direction. Cela marque un moment crucial, nécessitant une adaptation pour la survie et la croissance.