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Les commerces britanniques face à une crise historique

Par AFP

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Dépassés par internet et accablés par la pandémie, les commerces physiques au Royaume-Uni traversent une crise historique, au prix de faillites en cascade et d'un changement de physionomie des centres-villes. Les grands magasins, avec la disparition de la vénérable chaîne Debenhams, et l'habillement, avec les déboires de Topshop, sont les derniers exemples en date cette semaine de ces bouleversements, qui affectent des dizaines de milliers d'emplois.

Un paysage de moins en moins encombré

Le Royaume-Uni est historiquement un pays où les empires commerciaux sont légion, se livrant une vive concurrence. Les enseignes de vêtements y sont très nombreuses et leur destin est souvent lié aux chaînes de grands magasins dont les imposants bâtiments sont des lieux incontournables des rues commerçantes. Il faut remonter à la fin du XVIIIe siècle pour trouver les origines de Debenhams, qui a entamé sa liquidation cette semaine. Ce modèle de magasins n'est plus dans l'air du temps, comme l'ont montré ces dernières années les retentissantes faillites de BHS et House of Fraser, ce dernier ayant été racheté par le milliardaire Mike Ashley avec un groupe renommé Frasers Group. "Frasers Group et Marks & Spencer pourraient être les dernières chaînes de grands magasins importantes à tenir debout dans les centres-villes", remarque Susannah Streeter, analyste chez Hargreaves Lansdown.

Erreurs de gestion et ventes en ligne

Les déboires de ces commerces débutent bien souvent par des gestions hasardeuses de la part de propriétaire attirés par la course au profit. Le groupe Arcadia, qui brillait il y a encore quelques années grâce à la renommée de son enseigne de prêt-à-porter Topshop, a souffert d'un sous-investissement chronique. Les marques se sont éloignées des clients et ont raté le virage numérique. Le propriétaire d'Arcadia, le controversé homme d'affaires Philip Green, a longtemps préféré prélever des dividendes généreux pour financer son train de vie de milliardaire. Certaines enseignes ont ouvert des magasins à tour de bras, comme Debenhams après une introduction en Bourse en 2006, ce qui s'est retourné contre elles quand la fréquentation a baissé et que les loyers sont devenus trop élevés. Elles ont été prises de vitesse ensuite par les achats sur internet, avec l'essor d'enseignes spécialisées dans la vente de vêtements en ligne comme Boohoo. Ironie de l'histoire, le site internet de Debenhams a connu des problèmes techniques mercredi face à l'afflux de clients en quête de bonnes affaires avec l'écoulement des stocks.

Le coup de grâce de la pandémie

Debenhams, Arcadia, la branche britannique de la marque de lingerie Victoria's Secret, la chaîne de vêtements et articles pour la maison Laura Ashley ou celles d'habillement Peacocks, Jaeger, Oasis et Warehouse, la liste des victimes est longue. Mercredi matin, Bonmarché, spécialisée dans les vêtements pour les femmes, a à son tour déposé le bilan. Ces enseignes, déjà fragilisées, n'ont pas pu se relever de la fermeture forcée des commerces non essentiels pendant le confinement du printemps face à la crise sanitaire. Pour Gordon Fletcher, professeur à l'école de commerce de l'Université de Salford, il faut s'attendre à d'autres faillites après Noël, une période cruciale pour les commerces. Selon des chiffres du Centre for Retail Research, le commerce britannique a perdu 158.000 emplois depuis le début de l'année, sans compter les faillites de cette semaine.

Centres-villes chamboulés

Si les artères commerçantes de Londres, comme Oxford Street, devraient rester des lieux attractifs pour les touristes, il n'en est pas de même dans de nombreuses villes. Là, les rues commerçantes sont peu à peu défigurées avec les rideaux définitivement baissés et les locaux vacants. "Nous ferons tout ce que nous pouvons pour relancer les centres-villes de ce pays", notamment avec un fond dédié d'un milliard de livres, a promis mercredi à la chambre des Communes le Premier ministre Boris Johnson. Certaines municipalités tentent d'y construire des logements ou des espaces de loisirs. M. Fletcher envisage lui par exemple la possibilité d'ouvrir les grands magasins aux marques plus locales. "Le plus grand espoir réside dans l'utilisation des centres-villes pour autre chose que le commerce. Il y a déjà des salles de sports qui ont remplacé des distributeurs, mais cela peut aller beaucoup plus loin", selon lui.(AFP)

Crédit : FashionUnited

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