LE R3ILab infuse l’IA dans les entreprises du textile
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C’est un choc des cultures organisé. La rencontre de startups axées sur les Data et l’Intelligence Artificielle (IA) avec des entreprises de l’amont du secteur. Le R3ILab, réseau pour l’innovation immatérielle destiné aux professionnels du textile vient de lancer un nouveau programme. Baptisé Texia, développé avec Cap Digital (Pôle de compétitivité et de transformation numérique), il vise à mettre en contact, puis à mettre en œuvre un partenariat entre une entreprise textile et une société experte en Data.
Objectif, accompagner la transition numérique de PME souvent anciennes, voire patrimoniales, peu habituées à traiter et valoriser leurs données en vue d’anticiper les tendances du marché, via un nouvel atout, l’IA. Pour mener à bien ce nouveau modèle, le R3ILab et Cap Digital ont lancé en 2019 un appel à projets surl’’IA et ses apports potentiels pour nourrir la compétitivité des filières mode et textile. Le programme Texia, en cours, permettre de développer des solutions et des outils de service à l’industrie, aisément exploitables par ces entreprises en fonction des objectifs qu’elles cherchent à atteindre (optimiser la production, améliorer la logistique, détecter de nouveaux marchés, etc…).
Plus de vingt projets ont été reçus, 14 ont été présélectionnés pour aboutir à quatre binômes. Une sélection opérée par un jury présidé par Christine Balagué (professeure à l’Institut Mines-Telecom) et constitué de personnalités telles que Nelly Rodi, Françoise Colaitis (déléguée adjointe de Cap Digital), Yohann Petiot (dg de l’Alliance du commerce), François Gonnot (Lab Innovation-Lectra) ou encore Yann Rivoallan (fondateur de The Other Store).
Insuffler l’IA dans les PME textile
Le spécialiste vosgien du linge de maison Garnier -Thibaut s’est ainsi associé à Braincube, qui intègre des outils de maintenance prédictive suivant les étapes de la démarche « usine 4.0 » de Garnier Thibaud. Le tisseur de lin Lemaitre Demeester, fondé en 1835, a jeté quant à lui son dévolu sur Heuritech, plateforme d’IA et de prédiction produits dédiée à la mode afin de mieux anticiper les tendances de consommation.
Créé dans les Hauts de France voici 173 ans, le lainier Segard Masurel a souhaité travailler avec Imbrikation, (valorisation de la gestion des stocks, anticipation des variations des marchés et des cours de laine). Enfin le filateur et teinturier UTT Yarn a choisi comme partenaire TLG Pro afin d’optimiser les processus de production et de recyclage de sa station d’épuration, via la collecte et le pilotage de données adossés à l’IA.
Ces « couples » ont partagé sur leurs partenariats lors d’une rencontre organisée dans les locaux de cap Digital, à Paris. Et les débuts semblent prometteurs. Olivier Segard, patron de Segard Masurel, a souligné combien l’analyse prédictive pourrait l’aider à anticiper les cours de la laine. Il vise aussi à améliorer la traçabilité de son produit par le biais de l’IA « Nous achetons de la laine dans l’hémisphère sud que nous revendons dans l’hémisphère nord. L’objectif est notamment de mettre en lien les éleveurs de moutons avec les marques. Nous représentons un très vieux métier, le négoce, dans un environnement aujourd’hui très volatil. Nous nous devons aussi d’être plus pro-actif et d’anticiper au mieux la variation des prix » a-t-il fait observer.
« Nous sommes une start-up de 135 ans, a pour sa part fait joliment remarquer Olivier Ducatillon (ex-dentelles Desseilles) qui a repris en 2008 Lemaitre Demeester. Une PME unique, en ce qu’elle est la seule à ne produire que des tissus de lins, exclusivement français. Un savoir-faire ancestral, pile dans l’air du temps environnemental (le lin, qualifié « d’orgasme écologique » par Olivier Ducatillon, est une plante très sustainable, peu vorace eu eau, dotée de propriétés thermiques, etc). C’est l’une des raisons pour laquelle le tisseur fait face actuellement à une explosion de la demande. Et souhaite, accompagné par une solution IA, monter des modèles prédictifs pour créer des collections collant au plus près aux tendances.
L’intérêt du projet va être aussi de diffuser les bonnes pratiques mises en place dans ces quatre entreprises. Grâce aux résultats concrets attendus, Texia proposera un retour d’expérience applicable aux PME des secteurs textile, habillement, cuir ou matériaux souples.
photo : Texia