Le joaillier Fred condamné pour harcèlement discriminatoire d'une employée
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Paris - Le joaillier de luxe Fred, propriété de LVMH, a été condamné à verser 6.000 euros à une ancienne salariée "en raison du harcèlement discriminatoire subi", selon un arrêt de la Cour d'appel de Paris consulté mardi par l'AFP.
L'ancienne salariée qui contestait aussi son licenciement a été déboutée sur ce point, selon l'arrêt datant du mois d'avril et confirmant une information de Médiapart. Embauchée en janvier 2017 par le joaillier Fred en tant que vendeuse, la salariée travaillait dans un grand magasin sous la responsabilité d'une responsable de stand.
En juillet 2018, elle est convoquée pour un entretien préalable de licenciement. Il lui est reproché d'avoir placé de l'argent liquide appartenant à une cliente dans le coffre professionnel de la société Fred. La vendeuse conteste alors ce licenciement auprès des prud'hommes et déclare avoir subi le harcèlement discriminatoire de sa supérieure.
"Sa responsable la traitait de 'Mulan', 'sinoise', 'chinetok', en référence à ses origines" selon des échanges sms ou sur la messagerie Whatsapp versés au débat, détaille l'arrêt de la Cour d'appel. La supérieure critiquait également le physique ou le maquillage de la vendeuse.
En septembre 2017, la vendeuse et ses collègues expliquent la situation au service des ressources humaines de Fred mais aucune enquête n'a été menée à la suite de cette dénonciation, selon la plaignante. "La maison Fred réfute catégoriquement avoir été informée, du temps de leur présence et par qui que ce soit, de propos discriminatoires échangés entre ces deux ex-salariées qui ont toute deux quitté la maison en 2018 pour d'autres motifs", a réagi le joaillier dans une déclaration transmise à l'AFP mardi. "De telles pratiques sont intolérables et la maison les condamne avec la plus grande fermeté", est-il ajouté.
Un recadrage de la responsable a toutefois eu lieu après le rendez-vous de la plaignante avec les ressources humaines. "Si la salariée ne justifie pas que sa responsable ait continué à tenir de tels propos après ce recadrage, et n'en a jamais plus fait état avant son licenciement fin juillet 2018, force est néanmoins de constater qu'elle a subi ces surnoms et remarques pendant quelques mois avant l'intervention de son employeur en septembre 2017. Ces faits sont constitutifs de harcèlement et de discrimination et ont causé pendant ces quelques mois un préjudice à la salariée, que l'employeur doit réparer, même s'ils ont ensuite cessé", estime la Cour d'appel. (AFP)