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« Le Cuir d’ananas est la nouvelle matière pour un nouveau monde »

Par Herve Dewintre

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Les visiteurs du salon Première Vision le constatent régulièrement : les initiatives aux matières polluantes existent. De très nombreux exposants proposent en effet des fibres tissées ou non utilisant, parfois avec une inventivité qui dépasse l’imagination, la remarquable biodiversité, végétale, animale et même minérale, de la planète. Ces matériaux disponibles sont pourtant rarement utilisés par les marques, pour des raisons diverses (frilosité des chefs de produits, manque de curiosité, etc). Ces réticences, il faut bien le constater, reposent la plupart du temps sur des préjugés.

Rarement ? C’est moins vrai depuis quelques saisons. Le débat sur l’écologie fait rage ; le risque d’être pointé du doigt par les consommateurs sensibles à la cause environnementale et les associations sensibles à la cause animale oblige les marques de mode à quitter leurs zones de confort. Ainsi on a vu récemment un engouement inédit pour le cuir de poisson. C’est au tour du cuir d’ananas de prendre la parole. Il s’invite en effet auprès de jeunes labels qui explorent avec allégresse et panache ses merveilleuses possibilités techniques et stylistiques.

Le cuir d’ananas a un nom un peu savant mais évocateur : le Piñatex. Ce textile végétal, non tissé et texturé, élaboré à partir de feuilles de plants d’ananas, a été mis au point aux Philippines par le Dr Carmen Hijosa après sept années de recherche. Les fibres utilisées sont issues des feuilles, partie non comestible du fruit. Ce sous-produit de l’industrie agricole n’utilise pas de terre, d’eau ou de pesticides supplémentaires, et ne contient aucun produit chimique ou animal. Les teintures utilisées sont certifiées Global Organic Textile Standard et les résines respectent les normes AFIRM. Le Piñatex n’est pas uniquement doux avec la planète : il permet également aux communautés agricoles de bénéficier d’une source de revenus supplémentaire.

« Polyvalent, flexible et respirant»

Amandine Dorin a été séduit par les qualités de cette nouvelle matière. « Il est polyvalant, flexible et respirant, il peut facilement être imprimé, cousu et coupé » témoigne cette mère de deux enfants qui à l’approche de la quarantaine a décidé de quitter son poste de cadre commerciale dans l’import-export agroalimentaire pour changer de vie et lancer sa propre activité. Cette nouvelle activité a pris la forme d’un site internet, éloquemment baptisé justananas. Le site s’articule entièrement autour des produits fabriqués en Piñatex par des jeunes créateurs provenant des quatre coins du globe. « Le Cuir d’ananas est la nouvelle matière pour un nouveau monde » affirme l’entrepreneuse.

On trouve ainsi parmi les nombreuses références présentes sur le site, des sacs avec anse réglable en cuir végétal fabriqué artisanalement en Allemagne, un sac hobo fabriqué artisanalement à Majorque, des manchettes en laiton concues par la jeune marque toulousaine Mint Pantari : elles conjuguent avec bonheur le béton gris anthracité et le Piñatex doré. On y trouve également des baskets à lacets made in Portugal, avec doublure en microfibre et semelle extérieur en gomme caoutchouc, ou encore des pochettes imprimés avec une encre non toxique, sans PVC et sans phtalates. La couture est en coton biologique et le tout est fabriqué artisanalement en Belgique. Un mot sur les prix : ils sont tres doux. A moins de 100 euros, vous pouvez trouver un sac ou une paire de basket correspondant en tous points aux impératifs de la mode « végane ».

L’entrepreneuse ne mâche pas ses mots : « L’industrie du cuir animal fait des ravages : elle est dévastatrice pour les animaux, les hommes et la planète. Plus d’un milliard d’animaux sont tués chaque année, et l’élevage intensif est responsable de près de 20 pour cent des émissions de gaz à effet de serre. Les tanneries sont extrêmement polluantes, et figurent parmi les dix industries les plus toxiques au monde. De plus, les conditions de travail, dans certains pays exportateurs, sont catastrophiques. Aujourd’hui, de nombreux consommateurs et consommatrices souhaitent donc changer leur manière de consommer. Le problème, c’est qu’il existe peu d’offres permettant de contourner l’industrie du cuir ». Son tout jeune site, à sa modeste mesure, pourrait bientôt prouver le contraire d’autant plus qu’en France, la croissance annuelle du marché du vegan est de 80 pour cent.

Crédit photo : website justananas

Carmen Hijosa
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