Le chausseur Clergerie en liquidation judiciaire définitive
9 avr. 2025
Romans-sur-Isère (France) - La marque de chaussures emblématique Clergerie a été mise en liquidation judiciaire définitive mardi par le tribunal de commerce de Romans-sur-Isère, mettant un coup d'arrêt final au chausseur de luxe, avec une cinquantaine de licenciements.
Le tribunal a refusé l'unique offre de reprise par un actionnaire de deux des trois sociétés de la marque, JHJ, en liquidation judiciaire depuis mars, et Tiger Mode, en redressement, a indiqué à l'AFP une source syndicale. "C'est du gâchis, et un ressenti de non-respect des salariés et de monsieur Clergerie", a réagi auprès de l'AFP Valérie Treffé-Chavant, déléguée CFE-CGC et employée de Clergerie depuis 34 ans.
Une cinquantaine d'employés vont être licenciés, pour la majorité à Romans-sur-Isère où se situait la dernière usine, mais aussi ailleurs en France.
Clergerie met la clé sous la porte
En difficulté depuis des années, l'emblématique chausseur avait été placé en redressement judiciaire en 2023 avant d'être repris par l'entreprise californienne Titan Footwear, au prix de la délocalisation d'une partie de la production et de suppressions d'emplois.
En juin 2023, après la reprise par cette filiale de Titan Industries, 75 personnes avaient été licenciées et l'atelier de production fermé, laissant uniquement les missions d'assemblage et de contrôle qualité à Romans-sur-Isère. L'entreprise, fondée en 1981 par Robert Clergerie, avait de nouveau été placée en redressement judiciaire en décembre 2024.
Ses deux sociétés SSB, pour la production, et JHJ, pour la vente, avaient ensuite été mises en liquidation judiciaire en mars dernier. Seul repreneur jugé sérieux, Joseph Lévy, actionnaire minoritaire de l'entreprise, avait proposé de reprendre deux des sociétés en délocalisant la production.
"Après la dernière acquisition on se faisait peu d'illusions", explique Philippe Chatain, secrétaire général du Syndicat de l'industrie de la chaussure Drôme-Ardèche, une structure mise en sommeil il y a une dizaine d'années.
Clergerie, qui exportait ses souliers jusqu'à Hollywood lors de son âge d'or et a habillé les pieds de Lauren Bacall à Madonna, était l'un des derniers à fabriquer en France des chaussures en cuir dans son usine, tout comme Paraboot, J.M. Weston ou Heschung. "C'est une réelle déception, mais on s'y attendait" résume Valérie Treffé-Chavant, qui gardait tout de même "un léger espoir".
Mais le chausseur a souffert de la conjoncture défavorable qui a frappé de plein fouet le prêt-à-porter ces dernières années. Clergerie a réalisé, en cumulant fabrication et commercialisation, près de 9,5 millions d'euros de chiffre d'affaires entre début juillet 2023 et fin août 2024, selon les données publiées par l'administrateur judiciaire.