L'annonce se confirme : Capri Holdings explore la vente de Versace et Jimmy Choo après l'échec du rachat de Tapestry

Les actions de Capri Holdings (NYSE: CPRI) ont bondi de 7 % en préouverture lundi, après que le média Women's Wear Daily (WWD) ait révélé que la société explore des acheteurs potentiels pour ses marques de luxe Versace et Jimmy Choo. Capri, qui détient également Michael Kors, collabore avec Barclays (LON: BARC) pour faciliter ce processus, qui en est encore à ses débuts.

Un processus de vente encore flou

Bien que les détails restent flous, il n’est pas encore clair si les deux marques seront vendues ensemble, séparément, ou si la vente aura effectivement lieu. Selon WWD, un « data room » est en préparation pour fournir des informations confidentielles aux acheteurs potentiels. Barclays espère recueillir les premières expressions d’intérêt avant Noël. Un processus de type enchères pourrait être mis en place, permettant à différents acheteurs de soumettre des offres au cours de plusieurs tours, suivis d’un engagement direct avec la direction de Capri pour affiner leurs propositions. Tout comme il est possible qu’un seul acheteur se présente pour conclure un accord pour les deux entreprises.

Réévaluation stratégique après l’échec du rachat par Tapestry

Cette exploration de vente intervient dans un contexte difficile pour Capri Holdings. Après l’annulation de l’acquisition de l’entreprise par Tapestry (NYSE: TPR) pour 8,5 milliards de dollars, en raison de préoccupations antitrust, Capri revoit sa stratégie. L’échec de cette transaction, qui valorisait la société à 57 dollars par action, a vu l’action de Capri chuter significativement, clôturant à 21,36 dollars vendredi. Une chute de près de 50 %, qui a poussé le groupe à repenser sa stratégie. La vente de Versace et Jimmy Choo permettrait à Capri de se concentrer sur la relance de sa plus grande marque, Michael Kors.

Un historique de réflexion sur la vente des divisions de luxe

Ce n’est pas la première fois que Capri envisage de vendre ses divisions. Fin 2022, le conseil d’administration a exploré plusieurs alternatives stratégiques, telles que la vente de Versace et Jimmy Choo, leur introduction en bourse, ou même la vente complète de la société. À l’époque, l’intérêt des acheteurs pour les deux marques ensemble était « limité ». Cependant, le président-directeur général de Capri, John Idol, est resté ouvert à d’autres négociations et a mené des discussions avec différents acheteurs potentiels.

Des discussions avec des groupes multi-industries et des acteurs du luxe

Les dossiers réglementaires révèlent que l’entreprise a eu des rencontres avec des dirigeants d’un groupe multi-industries et d’un acteur international de biens de luxe, tous deux intéressés par l’acquisition des marques de luxe. Ces discussions ont été suspendues pendant les négociations avec Tapestry, mais pourraient avoir repris suite à l’abandon de l’acquisition.

Capri Holdings : une stratégie désormais axée sur Michael Kors

Lors d’un appel avec les analystes le mois dernier, John Idol a réaffirmé son engagement à explorer des options stratégiques pour les deux marques de luxe, indique Yahoo!Finance, signalant que les discussions sur la vente de Versace et Jimmy Choo ont peut-être retrouvé de l’élan après l’échec de l’accord avec Tapestry.

Alors que le processus de vente se poursuit, l’industrie du luxe suit de près les prochaines étapes de Capri Holdings, notamment son objectif de rationaliser son portefeuille et d’améliorer les performances de sa marque phare, Michael Kors.

Le contexte : les performances financières de Versace

Au deuxième trimestre de son exercice décalé 2024, achevé fin mars, Capri Holdings a observé une baisse importante de ses ventes, principalement en raison des mauvais résultats de Versace. Le groupe a enregistré un chiffre d'affaires global de 1,08 milliard de dollars, soit une diminution de 16,4 %. La marque Versace a particulièrement souffert, avec un recul de 28,2 % de son chiffre d'affaires, qui s'élève à 201 millions de dollars. Les ventes ont chuté de manière marquée sur les principaux marchés : -33 % en Amérique, -28 % en Europe et -20 % en Asie. En outre, la maison italienne a affiché une perte d'exploitation de 3 millions de dollars, alors qu'elle avait réalisé un bénéfice opérationnel de 35 millions de dollars à la même période l'année précédente. Malgré l'acquisition de 1,1 million de nouveaux clients, la demande reste faible, en particulier pour les ventes en gros, qui ont enregistré une baisse à deux chiffres. Ces mauvais résultats avaient d’ores et déjà alimenté des spéculations sur une vente éventuelle de Versace, notamment suite à l'échec du rachat par Tapestry.

Jimmy Choo : une marque en croissance, mais toujours déficitaire

En revanche, Jimmy Choo a montré des signes de résistance avec une progression de ses ventes de 6,1 %, atteignant 140 millions de dollars. La marque a particulièrement bien performé en Europe, où ses ventes ont bondi de 25 %. Cependant, malgré cette croissance, Jimmy Choo a enregistré une perte d’exploitation de 5 millions de dollars.

Michael Kors : une marque en difficulté malgré son positionnement de luxe accessible

De son côté, Michael Kors, la marque phare du groupe, a également enregistré une baisse de 16 % de ses ventes, s'établissant à 738 millions de dollars. En particulier, la performance a été particulièrement faible en Asie (-43 %), tandis que les ventes dans la zone EMEA (Europe, Moyen-Orient, Afrique) ont chuté de 15 % et aux Amériques de 12 %. Le bénéfice d'exploitation a également souffert, passant de 169 millions de dollars à 87 millions de dollars, soit une diminution de près de 50 %. La baisse des ventes et des marges a ainsi plombé les performances globales du groupe, malgré un positionnement sur le segment du luxe accessible qui reste un atout pour la marque.