L'actionnaire majoritaire de Lalique lance une OPA en vue d'un retrait de la Bourse
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Zurich - L'actionnaire majoritaire du groupe suisse Lalique, Silvio Denz, lance une offre publique d'achat avec pour objectif de retirer l'entreprise de la Bourse suisse, justifiant l'opération par le fait que le flottant est très étroit.
Entré en Bourse en 2018, le groupe Lalique est un acteur de niche dans le secteur du luxe, actif dans les parfums, les objets en cristal, l'hôtellerie haut de gamme ainsi que dans le whisky depuis qu'il a pris une participation en 2019 dans la distillerie écossaise The Glenturret.
Mais le flottant est "très limité", à "un peu plus de 6%", quantifie le groupe suisse vendredi dans un communiqué.
Au vu notamment "des coûts de cotation", M. Denz a donc décidé de faire une offre en numéraire pour retirer le groupe de la cote, proposant aux actionnaires 40 francs suisses (40,70 euros) par titre, soit une prime de 32,45% par rapport au cours de clôture de la veille.
Les autres actionnaires de référence - qui comprennent la chaîne de distribution Müller Handels AG Schweiz, le conglomérat indien Dharampal Satyapal et l'investisseur suisse Hansjörg Wyss - resteront au capital une fois le retrait de la Bourse scellé, détaille le communiqué, un accord ayant été conclu avec M. Denz, qui détient 51,1% des parts.
L'annonce a fait bondir le titre en Bourse, qui gagnait 31,13% à 9H27 GMT, à 39,60 francs suisses.
Le conseil d'administration soutient "unanimement" cette offre qui doit débuter le 17 juin, précise le communiqué. Les actionnaires seront appelés à voter sur le retrait de la Bourse lors de l'assemblée générale prévue le 28 juin.
Avec ce retrait de la Bourse, l'entreprise entend "se concentrer pleinement sur ses activités" et "poursuivre la mise en oeuvre de sa stratégie de diversification", indique-t-elle dans le communiqué.
Offre "attrayante"
Pour Manuel Lang, analyste chez Vontobel, ce souhait de quitter la Bourse suisse n'est "pas complétement une surprise".
Le flottant est étroit, la liquidité du titre "très faible" et "l'entreprise va pouvoir économiser les coûts associés à la cotation", écrit-t-il dans un commentaire boursier. Selon ses calculs, le groupe pourrait économiser environ 1 million de francs par an. Il considère l'offre comme "attrayante", compte tenu de "la prime significative" proposée.
C'est "une perte pour le marché d'actions suisse", a de son côté réagi Patrik Schwendimann, analyste à la Banque cantonale de Zurich. Mais l'étroitesse du flottant n'est pas "une constellation idéale pour une entreprise cotée", ajoute-t-il.
Le flottant avait encore rétréci l'an passé lorsque la branche suisse de Müller Handels, une enseigne allemande de distribution spécialisée, avait porté sa participation à 25%, rappelle-t-il dans un commentaire de marché.
"Nous continuons de voir un potentiel à long terme pour le groupe Lalique dans les segments des parfums, cosmétiques et whisky", explique l'analyste, le groupe étant également propriétaire d'une marque de crème solaire.
"Toutefois, son potentiel a souvent été dilué durant les dernières années par sa marque principale, Lalique, et son activité de cristal difficile", ajoute l'analyste, soulignant qu'elle représente 27% du chiffre d'affaires.
En 2023, les ventes du groupe se sont montées à 179,2 millions d'euros pour un bénéfice net de 2,4 millions d'euros.
A la tête d'une fortune estimée entre 350 et 450 millions de francs par le magazine suisse Bilan, M. Denz, 67 ans, avait racheté en 2008 la cristallerie française Lalique, alors en grande difficulté. Ce collectionneur de grands crûs avait dans la foulée rebaptisé le groupe au nom de la cristallerie associée au célèbre joailler René Lalique, connu pour son travail du verre. La cristallerie fabrique notamment des bijoux, vases et objets de décoration.(AFP)