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La sécheresse décime les champs de coton du Texas

Par AFP

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Emma Dau, Unsplash

Washington - De ses champs de coton ravagés, il ne reste presque plus rien, 20 pour cent à sauver, peut-être. La sécheresse qui frappe une partie des États-Unis a détruit l'essentiel de la production de Sutton Page, agriculteur au Texas.

Cette année, sa récolte « n'est pas au mieux », dit-il avec la retenue d'un homme qui en a vu d'autres. La réalité est celle d'un désastre: dans sa région du nord de l'État, assure-t-il à l'AFP par téléphone, la quasi totalité de ses collègues ne vont même pas récolter leur coton, laissant l'ensemble de leurs champs « nus, nus ».

Le Texas produit près de la moitié du coton américain, les États-Unis étant le troisième fournisseur mondial derrière l'Inde et la Chine. Cette année, la production nationale va atteindre un plus bas niveau depuis 2015, en baisse de 21 pour cent sur un an, et le Texas subir une chute de 58 pour cent, selon les dernières estimations du ministère américain de l'Agriculture.

Dans le nord-ouest de l'État, où « le coton est roi » et l'eau rare, la récolte 2022 « pourrait être l'une des pires de ces 30 dernières années », s'inquiète Darren Hudson, professeur d'économie agricole à l'université Texas Tech. Avec les conséquences en cascade sur le reste de la filière textile, il a évalué en août à deux milliards de dollars les pertes économiques pour la région.

Landon Orman, 30 ans, travaille sur 2 000 hectares près d'Abilene, trois heures à l'ouest de Dallas. Son coton non-irrigué n'a « même pas germé », celui partiellement arrosé a poussé mais devrait avoir un rendement réduit de moitié. Au total, juge-t-il, un plongeon de 85 pour cent par rapport à la production d'une année habituelle.

Comme tant d'autres, il bénéficie d'une assurance sur les cultures, donc « financièrement, ça va. Mais comme agriculteur, ça nous emmerde vraiment de ne pas pouvoir faire pousser nos plantes, c'est ce qui me plaît », raconte-t-il.

Déprimant

À Lubbock, la capitale locale du coton, les précipitations des 12 derniers mois - avant des pluies arrivées trop tard en août - étaient moitié moins importantes que les normales.

« De janvier à mai, nous n'avons eu littéralement aucune pluie », résume Sutton Page, 48 ans. Des pluies minimes durant l'hiver et le printemps ont laissé un sol très sec au moment des semis. « Et à partir de mai, on a vu arriver des jours à plus de 37 °C et des vents à 50 km/h, et ça a tout grillé », se souvient-il. Le Texas a connu son second été le plus chaud jamais enregistré.

Chez lui, pas d'irrigation possible, il a dû labourer les quatre-cinquièmes de ses champs de coton, anéantis, pour éviter qu'ils ne dessèchent. De ses 20 pour cent restants, Sutton Page décrit « des plants bas », des fruits petits, moins de coton. « On regarde si c'est économiquement rentable d'effectuer la récolte, ou s'il nous faut simplement la détruire. »

« C'est un peu déprimant, vous travaillez dur toute l'année, vous préparez votre exploitation, vous épandez les engrais, et vos cultures ne poussent pas », poursuit l'agriculteur, également président de l'association des producteurs de coton de la région des Rolling Plains. Cette année de sécheresse, « c'est une de celles que vous raconterez à vos petits-enfants », note Barry Evans. De ses 800 hectares de coton près de Lubbock, seul le quart irrigué sera récolté, le reste abandonné.

Fréquence

En étant agriculteur dans ces hautes plaines du Texas, « vous savez qu'il y aura des mauvaises années », soutient M. Evans, « ça fait partie de la vie d'ici ». « On n'oublie pas » 2011, sa sécheresse et sa très mauvaise récolte, dit le paysan de 60 ans. Celle de 2022, qui s'achève en fin d'année, pourrait être encore pire. Sont-elles alors de plus en plus fréquentes ?

La région « subit des conditions pires que l'an passé », et celles-ci s'installent dans le temps, note Curtis Riganti, climatologue pour un centre de recherche dédié à la sécheresse. Mais, prudent, il ne préfère pas l'imputer au changement climatique, qui rend à l'échelle planétaire les phénomènes météo extrêmes plus fréquents et plus intenses.

« Sur les dix dernières années, on a observé peut-être cinq, six années de sécheresse, et une ou deux d'entre-elles étaient catastrophiques », estime Kody Bessent, le directeur de l'association des producteurs de coton de la région de Lubbock.

Entre agriculteurs, « ça a été un été si chaud », « on se demande tous : "les sécheresses sont-elles plus fréquentes ?" », relève Barry Evans. C'est « un sujet de conversation majeur. » Ces agriculteurs du Texas, un État où les climatosceptiques abondent, voient eux plutôt des cycles qui se répètent, sans certitude. En attendant des réponses, chacun tente tant bien que mal de maintenir l'humidité dans les sols. (AFP)

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