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La lingerie made in France ne séduirait-elle pas les consommatrices?

Par Herve Dewintre

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Certes le made in France remplit depuis quelques semestres les colonnes d’articles élogieux qui prétendent apercevoir dans la mentalité et le cœur des consommateurs la grande résurrection de la production de proximité et du made in Français, mais dans le cas de la lingerie féminine, la déconfiture récente vécue par les « anciennes de Lejaby » (dont la scop montée à Villeurbanne a fait un flop), puis la faillite de Monette, suivie il y a une semaine par l’annonce de la cession par Chantelle du plus important de ses deux sites de production français à Lanester, dans le Morhiban, tent à prouver que cette prédilection nouvelle pour la production nationale s’arrête au tiroir-caisse et ne franchit pas allégrement les portes des boutiques pour se retrouver sur les poitrines des consommatrices.

Et pourtant, le groupe Chantelle, c’est le numéro un du secteur. Un groupe florissant de plus de 6000 salariés, un groupe plus que centenaire (puisqu’il fut fondé en 1876 par Monsieur Gamichon), basé à Cachan, toujours indépendant, (il appartient à la famille Kretz) et ne cessant de s’agrandir depuis sa première filiale allemande fondée dans les années 60 jusqu’à la récente acquisition de la marque enseigne néérlandaise Livera qui complète ainsi un riche portefeuille de marques allant de Chantelle, Darjeeling, Passionata, Chantal Thomass, Femilet et Orcanta.

Les dessous féminins s’envolent donc vers des cieux de productions jugés plus intéressants par leurs propriétaires ? Clairement oui si l’on en juge le pourcentage de salariés français groupe Chantelle : ils ne sont que 2200 sur 6000. Les autres ont hongrois, roumains, thaïlandais, vietnamiens, et surtout marocains ou encore tunisiens puisque c’est au Maghreb que le groupe a délocalisé la majeure partie de sa production.

En cédant son important site de production situé dans le Morbihan, Chantelle fait non seulement le désespoir de ses salariées (qui ont débrayé 1h30 devant l'atelier mercredi pour manifester leur colère aux cris de « les dessous de Chantelle se font la belle ») mais atteste également que le made in France, comme seul argument de vente ne fait pas suffisamment recette : "le niveau de résultat deviendra insuffisant cette année pour poursuivre les investissements nécessaires et pour maintenir la compétitivité de ce site » a déclaré le groupe à l’afp. Un site qui compte 112 salariées, uniquement des femmes. Pourtant, cette usine devait peu peser dans les résultats puisqu’elle ne représentait plus que deux pour cent de la production du groupe. Si ces coûts se relèvent encore trop élever, on peut légitimement se poser la question du pouvoir d'attraction du made in France auprès des consommatrices.

Deux unités de production demeurent en France pour le groupe Chantelle

Lanester était avec Epenay l’un des deux seuls sites de production français. "On a vanté le made in France, on a même acheté son nom à Chantal Thomass pour ça, et on en est là aujourd'hui", se lamentait à l’afp Sylviane, ouvrière depuis 39 ans à l'usine de Lanester, alors qu'elle manifestait.

D’après les salariés, l’usine fonctionnerait pourtant à merveille et son coût (3,8 millions) ne serait qu’une paille pour le groupe qui a réalisé un chiffre d’affaire de 384 millions d’euros, dont la moitié en France. Les syndicats CFDT et CGT de l'entreprise ont donc décidé de demander une expertise car jusqu'à présent, le groupe Chantelle ne démontre pas que son usine hexagonale n’est pas rentable. Les résultats de cette expertise seront communiqués dans les prochains jours. La direction se donne jusqu'à fin septembre début octobre pour trouver un repreneur.

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